RUGBYTop 14: «Traitez-nous de consanguins, on s'en fout», assure l'ailier d'Oyonnax Silvère Tian

Top 14: «Traitez-nous de consanguins, on s'en fout», assure l'ailier d'Oyonnax Silvère Tian

RUGBYL'ailier ivoirien de l'USO va disputer, à 34 ans, son premier barrage de Top 14 samedi (16h30) à Toulouse. Il rêve du Bouclier de Brennus et se moque des attaques subies par le petit poucet de l'élite...
Propos recueillis par Jérémy Laugier

Propos recueillis par Jérémy Laugier

Il est donc possible d’évoluer en Fédérale 3 (à Flers dans l’Orne) à plus de 20 ans et de participer à un match de barrage de Top 14 une dizaine d’années plus tard. A l’instar de sa surprenante équipe d’Oyonnax, 13e budget de l’élite mais 6e cette saison, Silvère Tian va savourer ce match de gala samedi (16h30) à Toulouse. L’ailier ivoirien de 34 ans, auteur de 8 essais en seulement 16 matchs cette saison, livre à 20 Minutes son regard sur ces incroyables « Oyomen ».

Comment abordez-vous ce barrage ?

C’est un match couperet et la pression monte. On a tous hâte d’y être. Si on s’est qualifié, ce n’est pas pour faire de la figuration à Toulouse. Je sais qu’on ne va pas se cacher.

Votre costume de petit poucet déjà comblé d’être là peut-il jouer des tours au Stade Toulousain ?

Non, les Toulousains ont beaucoup d’expérience et ils ne vont pas se laisser berner par ça. Ils savent ce qu’on a montré durant toute la saison et je ne m’attends pas à les voir se reposer contre nous en vue des demi-finales.



Vos succès cette saison au Racing Métro (17-21), au Stade Français (13-15) et à Clermont (10-11) augmentent-ils votre confiance avant ce rendez-vous ?

Oui et non. Sans rien enlever à notre exploit à Clermont, leur équipe était remaniée ce jour-là. La manière d’aborder un match éliminatoire sera forcément différente pour tout le monde. On a envie de se faire plaisir et de continuer de grandir. A nous de montrer que les « Oyomen » sont toujours là pour essayer d’être la fierté de la région.

Avez-vous l’impression que votre aventure rafraîchit le Top 14 ou qu’elle le dérange ?

Certains clubs nous respectent et d’autres se moquent du fait qu’on soit un petit village gaulois de 20.000 habitants. Beaucoup estiment qu’on n’a pas un jeu flamboyant mais on gagne. Tout le monde ne peut pas nous aimer. Quand vous allez vous battre contre quelqu’un, il faut toujours faire gaffe aux mots choisis. Traitez-nous de consanguins, on s’en fout. Ça me fait rire et ça me fait de la peine en même temps…

En ne disposant que du 13e budget du championnat, vous surprenez-vous à bouleverser de la sorte la hiérarchie des budgets du Top 14 ?

On n’a pas l’argent pour acheter des stars mais on a l’argent pour acheter des joueurs qui correspondent à l’image du club. Des mecs prêts à s’arracher une dent pour la ville. On veut tous se défoncer pour nos supporters.



Personnellement, vous imaginiez-vous pouvoir découvrir les premiers rôles du Top 14 à 34 ans ?

Non, je voulais juste qu’on se maintienne un peu plus tôt que la saison passée où ça s’était joué à la dernière journée. L’idée était de faire de Mathon une citadelle imprenable (11 victoires en 13 matchs) et de tenter quelques coups à l’extérieur. Ce sera ma première fois à ce niveau et je vais savourer. Dans ma carrière, les seules phases finales que j’ai pu disputer étaient en Fédérale 1 et 2 !

Estimez-vous qu’il s’agira du match de votre vie samedi ?

Je joue toujours chaque match comme si c’était le dernier. Je ferai tout pour ne pas avoir de regrets.

Vous arrive-t-il désormais, à seulement deux victoires du Stade de France, de rêver du titre ?

Le rêve est permis pour tout le monde. Personne ne peut vous enlever ça. La nuit, je touche parfois le Bouclier de Brennus. Mais avant que ça ne se réalise en vrai, il va falloir faire quelques bons matchs.