L’histoire entre Yoann Gourcuff et l’OL se conclurait presque dans l’indifférence. Si souvent moqué voire sifflé pour ses forfaits en pagaille depuis 2010, le meneur de jeu n’a même pas fait réagir Gerland samedi.

Absent du dernier match à domicile de la saison face à Bordeaux (1-1), il a également zappé le tour d’honneur. Les virages n’ont même pas daigné lui adresser la moindre banderole. Voici en cinq points pourquoi ils auraient tort de vouloir oublier au plus vite cette aventure désenchantée avec le Breton.

Parce qu’avec lui, l’OL s’est offert une présentation digne du Real Madrid

Jamais avant ce 25 août 2010 un club français n’avait organisé une présentation de joueur dans son stade. Guère remis du fiasco de Knysna, l’introverti Yoann Gourcuff se retrouve acclamé par près de 15.000 personnes à Gerland.

Déjà dépassé par son statut de star, dans la foulée d’un transfert de 22 millions d’euros depuis Bordeaux, il permet bien malgré lui à l’OL de rentrer dans la galaxie du Real Madrid et du Barça. Ceux-ci sont en effet coutumiers des présentations en grande pompe (Ronaldo, Bale, James, Neymar, Suarez…) dans leur stade.

Parce que la rareté relève ses exploits

En cinq saisons à Lyon, Yoann Gourcuff n’a disputé que 90 matchs de championnat, dont 23 dans leur intégralité. A l’image de cette dernière année (17 matchs en L1), les spectateurs se souviendront l’avoir peu vu mais l’avoir toujours trouvé très bon.

Et là où Alexandre Lacazette est extrêmement constant (27 buts), l’ex-Bordelais brille de mille feux les dimanches en prime time sur Canal +, avec deux buts puis deux passes contre Montpellier (à chaque fois 5-1) et surtout une autre réalisation d’anthologie face à l’OM (1-0).

Il n’a été titulaire qu’à trois reprises contre un Top 5 en 2014-2015 et cela lui a suffi pour marquer les esprits et avoir un vrai rôle dans la course à la Ligue des champions. Son côté « clutch » est criant lors de ses deux buts dans les derbys 2011 et 2013 ou encore grâce à son centre clé pour Jimmy Briand dans l’autre choc face aux Verts (1-2) la saison passée.

Parce que sa fragilité a permis à Grenier puis Fekir d’éclore

Clément Grenier aurait dû rester dans son ombre, et même être transféré à Nice durant l’été 2012. Mais en se blessant sérieusement au genou, le 18 août contre Troyes, Yoann Gourcuff a empêché l’OL de commettre une énorme erreur. Placé sur la voie royale grâce à son si altruiste partenaire, Grenier signe 7 buts et 5 passes en L1 cette saison-là, permettant même à Lyon de finir sur le podium.

Merci qui ? Bis repetita cette saison. « Je suis compétiteur mais aussi patient », nous confiait l’été dernier Nabil Fekir, qui rêvait alors de s’imposer au poste de meneur de jeu. Il n’aura pas vraiment besoin d’être patient : Gourcuff se blesse à nouveau et hiberne d’octobre à janvier. Et un talent de plus projeté jusqu’en équipe de France grâce à l’ancien milieu des Bleus.

Parce qu’il a fait de Miguel Lopes un joueur héroïque

Les délais de convalescence de Yoann Gourcuff sont toujours plutôt généreux. A blessure musculaire comparable lors du même match face à Nice (1-2) en mars, Maxime Gonalons est revenu quatre semaines plus tard pour le derby. Une performance valorisée par le timing de reprise du Breton, qui a conclu sa saison sur son départ précipité aux vestiaires il y a deux mois.

Cette sortie supersonique, qui a poussé l’OL à jouer à dix pendant trois minutes, a permis de réhabiliter encore un peu plus une autre tête de turc de Gerland. La saison précédente, le latéral portugais Miguel Lopes avait en effet serré les dents pendant huit minutes pour finir un match à Guingamp… malgré une fracture du tibia !

Parce qu’il a révélé le caractère d’Hubert Fournier

Sa sortie rocambolesque contre Nice a décidément été son plus beau coup. Elle a tellement obsédé les médias qu’elle a évité à tous ses jeunes partenaires de se faire fracasser après à cette défaite (1-2) ayant au final coûté le titre à l’OL.

Mieux encore, après Claude Puel et Rémi Garde, Yoann Gourcuff est parvenu à exaspérer le jusque-là très policé Hubert Fournier. « Il est sans doute blessé s’il est sorti. J’espère qu’il est blessé… », avait alors froidement lâché l’ancien coach rémois, qui a montré du caractère comme rarement cette saison grâce à son meilleur intermittent du spectacle.