Cancer : En quoi le laboratoire Ecrins Therapeutics incarne un espoir dans la recherche
SANTE•La start-up grenobloise a réussi à lever 535.000 euros qui devraient lui permettre de développer et tester sur l'homme, un nouveau médicament contre le cancer...Caroline Girardon
Le pari était difficile. Néanmoins la société grenobloise Ecrins Therapeutics a réussi à lever 535.000 euros grâce au financement participatif. Une somme qui devrait lui permettre de développer un nouveau médicament contre le cancer mais surtout de financer dans un premier temps, les étapes nécessaires au lancement du premier essai thérapeutique chez l'homme. Cette levée de fonds est autant importante, car elle aura un effet de levier, complétée des aides de la part de la BPI et autres organismes publics.
«Ces premiers essais devraient commencer dans un an, sur des patients volontaires atteints de cancer», indique Andreï Popov, PDG du laboratoire grenoblois. «Le médicament proposé est très intéressant», estime Philippe Cassier, responsable de l'unité d'essais thérapeutiques précoces au centre Léon-Bérard de Lyon. Car il n'a pas de concurrent direct et constitue ainsi une belle avancée dans le domaine de la recherche.
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«Nous testons actuellement des médicaments qui ciblent et détruisent les vaisseaux sanguins alimentant les tumeurs (elles ne peuvent plus grossir si elles ne sont plus alimentées) et d'autres qui agissent uniquement sur les tumeurs en les empêchant de se multiplier. Ce médicament-là est le premier à avoir une double activité», explique l'oncologue.
Un médicament d'autant plus intéressant qu'il s'administre par voie orale et qu'il pourrait s'adresser à des patients, souffrant de cancers du foie, du poumon, du pancréas ou encore du rein, difficilement opérables.
Aucun effet secondaire observé sur les animaux
«Est-ce qu'il pourra supplanter à long terme d'autres traitements existants comme la chimiothérapie? Ou est-ce qu'il s'ajoutera à tout l'arsenal thérapeutique déjà existant? Il est encore trop tôt pour le dire», répond Philippe Cassier, confiant par rapport aux essais réalisés sur les animaux. «C'est encourageant car on a vu aucun effet secondaire sur les souris.»
Pour mettre toutes ces chances de côté, le laboratoire grenoblois travaille également depuis quelques mois sur des chiens atteints de cancers. «Cet animal mange comme l'homme, il respire le même air. Il est exposé aux mêmes facteurs de risque que l’homme. Il développe des cancers spontanés à la même fréquence que l'homme. L'hypothèse est que si le produit fonctionne sur le chien, il pourrait agir aussi efficacement sur l'homme», poursuit Andreï Popov, soucieux de préciser que «les chiens ne sont pas utilisés comme des cobayes jetables» dans cette étude. Car ils pourront bénéficier d’un nouveau traitement pour le marché vétérinaire.
Ecrins Therapeutics a remporté deux appels d’offres (Eurostars et FUI) qui permettront de financer deux essais cliniques chez les chiens atteints de cancers spontanés en France, en Suisse et en Grande-Bretagne.
6% des médicaments testés sont validés
Mais si l'espoir de ce nouveau traitement est réel, le chemin est encore long. «Il faut rester prudent, avertit le chercheur. De très bons résultats enregistrés sur des souris ne garantissent pas pour autant une réussite lors des essais cliniques sur l'homme.»
«Il faut savoir que 6% en moyenne des médicaments testés sur l'homme, sont validés et mis ensuite sur le marché», complète Philippe Cassier, l'oncologue de Léon-Bérard où sont actuellement menées une trentaine d'études différentes pour lutter contre les cancers. Enfin pour financer la première étude chez l’homme, Ecrins Therapeutics va réaliser une seconde levée de fonds fin 2015.