Lyon craque pour les poupées dérangées...et dérangeantes
CULTURE•L'exposition Poupées extravagantes est à voir dès jeudi et jusqu'à fin septembre au musée de la miniature et des décors de cinéma...
Caroline Girardon
Il y a chez lui, un peu de Tim Burton, un brin de Frankenstein et une once de Chucky. Son univers depuis trente ans, c'est celui...des poupées. Mais pas n'importe pas lesquelles. Pas les poupées aux cheveux bien lisses, sages et souriantes. Celles-là, il les customise.
Julien Martinez aime les poupées excentriques, dérangées et dérangeantes. Ce sculpteur en a créé des centaines dont une partie fait l'objet d'une exposition présentée à partir de jeudi au musée de la miniature et des décors de cinéma de Lyon (jusqu'à fin septembre).
Casser les codes
«Il y a des petits coins sombres et humides chez moi. J'adore casser les codes», plaisante l'artiste au moment de dévoiler ses créations. «Je ne suis pas un provocateur, je n'entends pas prétendre délivrer de message mais j'avais envie d'aller plus loin dans l'image de la poupée».
Sans cesse inspiré par les livres fantastiques ou de science-fiction, par le cinéma, le baroque et les illustrations, l'artiste pioche des détails, collecte des informations sans relâche. Un bout de tissu, un engin à la mécanique ingénieuse, un regard affolé, un esprit torturé vont nourrir son imagination.
Une petite sirène gagnée par la folie
Le résultat est intrigant. On y découvre une petite sirène aux yeux cernés de rouge, gagnée par la folie, «le lapin blanc», poupée au teint de porcelaine et aux longues anglaises, montrant à travers ses vêtements...ses viscères.
Il y a également «Amna Toy» qui aurait pu jouer dans la Guerre des étoiles, Marcello et l'Ecuyère, duo dodu qu'on imagine bien sur une piste de cirque ou le «chapelier toqué» qui semble tout droit s'échapper d'Alice au pays des merveilles.
Julien Martinez sculpte ses poupées, les peint, les habille, coud leurs vêtements... Un travail qui peut durer jusqu'à trois mis pour un seul modèle.
Des modèles attachants et dérangeants
«Julien Martinez renverse l’ordre établi et va à l’encontre des notions de candeur et d’insouciance liées à l’enfance. Ces poupées ne sont pas celles de notre enfance, celles
qui accueillaient nos peines, nos joies, indique le musée. Elles possèdent un code esthétique propre à l’artiste et ne se dévoilent pas au premier regard».
«Je me suis attachée à certaines pièces, raconte en souriant Valérie Chaix, en charge de l'exposition. J'étais même très attendrie de les sortir du carton. Je leur ai mis des jouets comme si c'était de vrais enfants. On se prend très vite au jeu». Mais n'allez pas dire à Julien Martinez que ces poupées semblent hantées ou habitées.
«Elles n'ont pas d'âme, répond-il en riant. Elles demeurent des sculptures. Je ne joue pas à la poupée. Je suis surtout et avant tout un collectionneur...»