Pour les détenus, le résultat du match était sans appel. 5-2 pour l'Olympique Lyonnais, mené par d'anciens joueurs et d'une partie du staff. Mais ce jeudi, l'enjeu était ailleurs à la maison d'arrêt de Corbas, première de France à avoir accepté de faire entrer derrière les barreaux une équipe de professionnels. Et pour l'occasion, l'ancien sélectionneur des Bleus Raymond Domenech était convié à venir coacher les prisonniers, à l'invitation de l'association Ensemble contre la récidive créée par Pierre Botton.

Lutter contre la radicalisation

Une grande journée pour la vingtaine de détenus entraînée depuis six semaines par d'anciens joueurs de l'OL comme Cris et Boumsong. «Là, on court un peu après le ballon, mais on se fait plaisir. C'est compliqué de sortir de sa cellule. Si on ne travaille pas, on y passe 21 heures sur 24. Alors, dès qu'on peut être dehors, on saute sur l'occasion», confie Salim, 39 ans et six mois de détention derrière lui. «Il y a pas mal d'activités ici, mais, en détention, tu rentres vite dans la routine. Des moments comme celui-là viennent casser cette routine, nous permettent de nous défouler, d'évacuer», ajoute Elhadi, 22 ans, en prison depuis deux ans et demi.

«Quand on est sur un terrain, on est ailleurs. Là, ils sont obligés de s'organiser en équipe, de s'écouter», explique Raymond Domenech, qui s'est rapidement pris au jeu de coacher les détenus. «Ces jeunes sont à un moment donné passés à côté de leur vie mais ils ont envie de se reprendre. Ce n'est pas parce qu'ils ont fait une connerie qu'on doit les laisser tomber» , ajoute l'ancien sélectionneur.

Des prisons encore difficile d'accès

Des matchs comme celui-ci, Pierre Botton, ancien homme d'affaires condamné et emprisonné dans les années 1990 pour «abus de biens sociaux», aimerait en organiser beaucoup d'autres. «On a la chance d'avoir au niveau national une directrice de l'administration pénitentiaire qui est très bien et qui va dans ce sens, mais plus bas, il y a encore beaucoup de barrières», indique-t-il, soucieux par ces actions dans les maisons d'arrêt de faire progressivement changer les choses. «Avec tout ce qui s'est passé en janvier, il est important que des gens comme ceux de l'Olympique Lyonnais viennent porter en prison une autre parole que celle des grands délinquants, des radicaux et des terroristes. Et de montrer que des événements comme celui-ci se passent bien. Il n'y a eu aucune violence, agressivité, tout le monde est très respectueux», indique Pierre Botton.

Après une dernière séance de dédicaces, Raymond Domenech et l'équipe de l'OL ont quitté les détenus de Corbas qui, malgré le froid glacial, seraient bien restés quelques heures encore à savourer ces précieux instants de liberté...