OL: Ils ont vu Alexandre Lacazette «se transformer en boss»
FOOTBALL•Le buteur lyonnais affole tellement les compteurs cette saison que « 20 Minutes » a souhaité comparer son jeu avec celui de deux de ses plus brillants prédécesseurs, Karim Benzema et Sonny Anderson…Jérémy Laugier
Les éloges ne lui font visiblement pas tourner la tête. Même lors du revers (3-2) en Coupe de France à Nantes mardi, Alexandre Lacazette y est allé de son but et d’une passe décisive. Retour avec plusieurs acteurs majeurs de l’OL sur six derniers mois qui ont transformé la carrière de l’ancien espoir du club.
Une explosion à 23 ans (62 buts en 174 matchs depuis la saison 2009-2010)
En passant de 4 buts (en 2012-2013) à 22 la saison passée, il avait déjà fait partie des belles surprises de la formation lyonnaise. Mais depuis cet été, Alexandre Lacazette a totalement changé. « Il est en train de réaliser un truc phénoménal, a ainsi glissé il y a peu à son sujet Bernard Lacombe dans Le Progrès. Il a progressé au niveau du foncier. Il est devenu puissant et on s’aperçoit qu’il est bon aussi dans le jeu aérien. Sa prise de balle est un régal. Et puis, il fait toujours les bons choix. »
À 23 ans, il lui a fallu assumer de se retrouver en première ligne suite aux départs de Bafetimbi Gomis et Jimmy Briand l’été dernier. « Il se savait attendu mais on se rend désormais compte qu’il ne doute jamais. Tout est cash dans son jeu, on sent la sérénité en lui », constate Grégory Coupet, ancien gardien de l’OL de 1997 à 2008.
Son statut de meilleur réalisateur de la Ligue 1 (20 buts en 21 journées) s’accompagne d’une prise de responsabilités auprès du très jeune groupe lyonnais. « On l’a tous vu se transformer. C’est le boss de cette équipe où il donne l’impression qu’il joue depuis dix ans », confie son ancien entraîneur en moins de 16 ans à l’OL, Armand Garrido, qui sentait pourtant Clément Grenier « un peu plus leader » dans cette génération 91. « Lors du dernier match à Gerland contre Toulouse, c’est lui qui est revenu mettre tout le monde en place quand ça jouait à la baballe derrière », confirme l’ancien gardien lyonnais Nicolas Puydebois (de 2002 à 2005).
Autant de qualités et de démentes statistiques (24 buts et 7 passes décisives en 28 matchs officiels cette saison) qui poussent à des comparaisons avec deux de ses plus glorieux prédécesseurs à la pointe de l’attaque de l’OL, Karim Benzema et Sonny Anderson. « Tous les trois savent toujours où se trouve le but », suggère Coupet.
Karim Benzema (66 buts en 148 matchs de 2004 à 2009 à l’OL)
De quatre ans son aîné, l’attaquant titulaire des Bleus est pour le moment la référence ultime de la réussite du centre de formation de l’OL. Champion de France à quatre reprises, dont la dernière fois en 2008 où il a survolé la saison avec 20 buts à 20 ans, Karim Benzema était considéré comme « un talent inné » au club. « Les deux parcours sont différents. Pour Karim, la fusée était très vite lancée, il a toujours été précoce, évoque Armand Garrido. Pour Alex, cela a été progressif et je ne l’attendais pas à ce niveau. En fait, Karim était dès le plus jeune âge un diamant alors qu’Alex est un diamant qui s’est façonné avec le temps. »
Concernant les styles de jeu, l’éducateur lyonnais, qui a utilisé Lacazette comme avant-centre, ailier droit mais aussi meneur de jeu (souvent dans un rôle de joker de luxe), voit une différence principale : « Karim se révèle plus dans un jeu en mouvement alors qu’Alex a quelque chose en plus dans la couverture de balle et dans les enchaînements. Et il est peut-être plus malin que Karim. »
Si Bernard Lacombe l’incite encore à « travailler son pied gauche », il le trouve déjà « presque plus complet » que l’avant-centre du Real Madrid. Grégory Coupet souligne ce qui semble être le point commun majeur entre les deux buteurs : « Ils se comportent de manière très collective sur le terrain ». Les 7 passes décisives cette saison d’Alexandre Lacazette, qui a comme pour les buts déjà battu son meilleur total en carrière avant le mois de février, en attestent.
Sonny Anderson (94 buts en 161 matchs de 1999 à 2003 à l’OL)
Cette comparaison peut sembler autrement plus difficile. Car si Karim Benzema a rejoint le Real Madrid avant ses 22 ans, l’emblématique buteur brésilien de l’OL est arrivé en provenance du Barça à 29 ans, avec une tout autre expérience. « Alex n’a peut-être pas encore son influence mais il y a des similitudes dans leur faculté à bien se déplacer et à être important dans la construction du jeu de l’équipe », a osé la semaine passée Hubert Fournier, ex-partenaire de Sonny Anderson en 1999-2000 à Lyon.
« Sur le côté renard des surfaces, je comparerai davantage Lacazette à Sonny qu’à Karim », analyse Nicolas Puydebois, qui a évolué avec Anderson et Benzema à l’OL. « Sonny était encore plus instinctif et finisseur que lui, tranche Grégory Coupet. Dans les face à face, il mettait toujours le gardien sur les fesses. »
Alexandre Lacazette met plutôt toute la Ligue 1 à ses pieds au cours d’une saison où il pourrait battre en L1 le total historique d’André Guy à l’OL, à savoir 25 buts en 1968-1969. « Se poser la question sur ce type de comparaisons suffit à prouver à quel niveau il s’est hissé à Lyon », remarque Grégory Coupet.
Armand Garrido se souvient d’une anecdote sur ce « garçon très calme en apparence mais boute-en-train avec ses partenaires » : « En moins de 16 ans, les joueurs de 2e année aimaient bien accueillir les 1re année dans le vestiaire en leur posant des questions. Alex a troublé un petit jeune en lui demandant ce qu’il croyait pouvoir apporter à l’équipe, comme dans un véritable entretien d’embauche ! » Cela fait bien longtemps que le groupe professionnel lyonnais ne s’imaginerait plus bizuter ainsi son fer de lance de 23 ans…