Lyon: Erró à l'honneur au musée d'art contemporain
CULTURE•Jusqu'au 22 février, le Mac de Lyon consacre une rétrospective à l'artiste islandais de 82 ans, connu pour ses gigantesques collages peints faits d'images découpées, collées et détournées...
Elisa Frisullo
De l’expressionnisme au surréalisme en passant par le pop art. Après soixante ans de carrière et un passage remarqué dans chacun de ces mouvements artistiques, Erró fait toujours partie de ces artistes inclassables. Jusqu’au 22 février 2015, le musée d’art contemporain de Lyon consacre une rétrospective à cet artiste d’origine Islandaise de 82 ans, pilier de la figuration narrative, connu notamment pour avoir créé le collage peint et reconnaissable à ses toiles colorées et ses gigantesques formats.
Des milliers de toiles collages
Sur 3000 m2, le public peut ainsi découvrir l’univers de ce précurseur, à travers plus de 500 œuvres exposées sur trois étages de manière chronologique, de ses débuts en 1955 à aujourd’hui. « En 1959, Erró invente le collage peint et dès 1964, alors qu’il s’immerge dans le flot des images de masse à New York, il systématise cette méthode dans ses œuvres», raconte Danielle Kvaran, la commissaire de l’exposition qui travaille avec l’artiste depuis une quinzaine d’années.
Pendant des décennies et aujourd’hui encore, Erró, passionné d’images, prend un malin plaisir à rechercher des illustrations, des textes, des coupures des presse ou des objets, à découper, à les assembler et à les détourner pour donner vie à des milliers de collages tableaux étonnants. Des œuvres imprégnées de ses voyages, à travers lesquelles il apporte un regard humoristique, satirique, critique ou décalé sur la société, les grands événements historiques et de l’histoire de l’art.
Spirou, Hitler, Picasso
Au fil de l’exposition, les personnages de mangas, dessins animés, et BD croisent le chemin de dictateurs, artistes ou personnages bibliques. On retrouve ainsi Superman, le Christ, Mao Tsé toung, Picasso, Hitler ou encore Spirou, mis en scène dans des tableaux successivement violents, tragiques, amusants, érotiques, déconcertants… Beaucoup de thèmes inspirent l'artiste, sans tabou. Les guerres, le sexe, le terrorisme ou encore la conquête de l'espace et la condition des femmes. « Aujourd’hui, nous vivons une culture de l’écran, de l’image. Des flux qui viennent de partout. On se rend compte qu’avec de petits ciseaux et de la colle, cet artiste a anticipé tout ça il y a quarante ans. C’est ça, la leçon de Erró », indique Thierry Raspail, le directeur du Musée d’art contemporain de Lyon.