Lyon: Les victimes traumatisées témoignent au premier jour du procès des skins
JUSTICE•Le couple agressé en 2011 a relaté, ce mardi devant le tribunal correctionnel de Lyon, le cauchemar de son attaque...20 Minutes avec AFP
«Vous avez été sauvagement agressés aux abords d'un parking, la vidéosurveillance vous voit arriver à 23h42 et à 23h43 vous êtes au sol, dans une mare de sang, en une minute votre vie a basculé», a résumé Dominique Devigne, la présidente de la 6e chambre du tribunal correctionnel de Lyon, qui juge jusqu'à mercredi huit hommes de 21 à 26 ans, proche de groupes identitaires ou nationalistes.
Une neuvième personne, mineure au moment des faits et dont la participation à l'agression a été moins directe, a été jugée en juillet et condamnée à six mois avec sursis et 170 heures de travaux d'intérêt général.
Pluie de coups
A la barre, la jeune femme qui a souhaité que son identité ne soit pas divulguée, s'effondre à l'évocation de cette «minute». «Ça a été très vite, je revois des phares de voiture, la batte, je n'ai pas compris ce qui arrivait, j'ai vu une charge qui fonçait sur nous», dit en pleurant cette brune aux cheveux très courts.
Alors qu'elle rentrait avec son fiancé d'un concert à Villeurbanne, elle fut frappée la première, d'un coup de batte de baseball à la tempe. Si violent que la batte se brisa. Pour la protéger, son compagnon s'était jeté sur elle et avait reçu en retour une pluie de coups.
« Sous morphine pendant longtemps »
Victime d'un traumatisme crânien et d'une hémorragie intra-cérébrale, la jeune femme se verra prescrire au moins 60 jours d'ITT et souffrira par la suite d'un état post-traumatique sévère. Tombé en état de «sidération», le jeune homme a une plaie au visage et développera plusieurs jours plus tard des crises d'épilepsie et des difficultés à marcher.
«Sous morphine pendant très longtemps», la jeune femme précise avoir quitté la France depuis cette terrible nuit. L'absence d'infirmité permanente chez les victimes a permis aux prévenus d'échapper aux assises. N'exprimant aucun remords, ceux-ci ont expliqué avoir voulu en découdre ce soir-là après avoir eu une altercation avec des militants d'extrême gauche, se disant victimes d'agressions répétées de militants «antifascistes».
« Sales gauches »
«J'ai reçu un gros projectile sur la voiture », a dit à la barre Anthony Tracanelli, 24 ans, dit «Trakan», chemise et pantalons noirs, cheveux très courts, défendu par Me Pierre-Marie Bonneau, avocat d'Yvan Benedetti et Alexandre Gabriac, anciens dirigeants de l'Œuvre française et des Jeunesses nationalistes, deux groupuscules d'extrême droite radicale dissous à l'été 2013. «On part plutôt sur un petit "poc" sur le rétroviseur de la voiture, qui n'est pas cassé!», corrige la présidente.
Avec deux autres prévenus, il encourt 20 ans de prison pour «violences aggravées par trois circonstances, suivie d'ITT supérieure à 8 jours» et en situation de récidive.
«Parce qu'ils les avaient identifiés comme "sales gauches" , comme on dit chez les nationalistes, ils les ont attaqués à coups de batte de baseball», a rappelé, en marge de l'audience, Me Bertrand Sayn, l'avocat des victimes.
L'un des avocats veut plaider la relaxe
L'un des avocats des prévenus compte plaider la relaxe de son client, Jonathan Chatain, dit «Malko», 24 ans, fervent supporteur de l'Olympique lyonnais interdit de stade à l'époque des faits.
«Il a assisté mais pas participé. Malheureusement pour lui, il a une réputation, il est très connu sur Lyon pour des manifestations violentes, il est connu pour son idéologie extrémiste, mais cela n'en fait pas un coupable dans ces faits précis», a dit Me Dominique Many.