Lyon: Neuf skins jugés pour la violente agression d'un couple en 2011
PROCES•Ils sont soupçonnés d'avoir lynché deux jeunes le 15 janvier 2011, peu avant minuit, au seul motif qu'ils auraient été d'extrême gauche...20 Minutes avec AFP
La violence des coups fut telle que la batte de baseball utilisée par les agresseurs présumés s'est brisée. Neuf skinheads de 21 à 26 ans comparaissent mardi et mercredi devant le tribunal correctionnel de Lyon pour l'agression sauvage d'un jeune couple en 2011, au seul motif qu'il aurait été d'extrême gauche. Le 15 janvier 2011, peu avant minuit, ils avaient été lynchés en rentrant d'un concert donné dans une petite salle de Villeurbanne, fréquentée notamment par des sympathisants libertaires.
Des coups ultra violents
Ce soir-là, pour rejoindre plus rapidement le métro, le couple décide de passer par une station-service et le parking d'un grand magasin. C'est alors qu'ils tombent sur une bande attroupée autour de deux voitures, dont deux des membres, armés d'une barre et d'une batte, se précipitent subitement sur eux.
La jeune femme, première touchée d'un très violent coup à la tête, s'effondre. Voulant la protéger, son petit ami se jette sur elle, avant d'être à son tour violemment agressé par les membres du groupe, qui se déchaînent sur les deux victimes au sol. Sous la violence des coups portés, la batte se casse en deux. «C'est de la part des fafs (fachos, ndlr) », raconte avoir entendu, encore conscient, l'une des victimes, avant que ses agresseurs présumés ne prennent la fuite, laissant le couple dans une flaque de sang.
De lourdes séquelles
Transportée aux urgences dans un état grave, victime d'une entorse cervicale et d'une fracture du crâne, la jeune femme se voit prescrire une incapacité temporaire de travail (ITT) de 60 jours. Elle souffre ensuite d'un effondrement dépressif majeur, de phobie sociale et d'une perte de poids.
Son compagnon a des crises d'épilepsie quelques jours après les faits et marche difficilement. Il a lui aussi été traumatisé psychologiquement par cette agression d'une rare violence.
On les surnommait les « skins »
Pour l'expliquer, plusieurs des jeunes agresseurs présumés, confondus par la vidéosurveillance du parking, ont expliqué qu'un des leurs, Anthony Tracanelli, avait voulu riposter à des jets de pierres d'«antifascistes» sur sa voiture, plus tôt ce soir-là. Le but était de «corriger», d'«humilier», voire de «donner une petite claque», diront certains lors de leurs auditions.
Ils avaient fondu au hasard sur les premières personnes croisées près du concert, prises pour des «antifascistes». En garde à vue, tous ont reconnu s'être trouvés sur les lieux en revendiquant leur appartenance à des groupes identitaires ou nationalistes. Certains étaient déjà connus de la police comme interdits de stade à Gerland. Dans le bar qu'ils avaient l'habitude de fréquenter à Lyon, on les surnommait «les skins».
Quatre des prévenus, selon l'accusation, sont soupçonnés d'être plus impliqués que les autres dans le lynchage. Après un an de détention provisoire, ils comparaissent devant le tribunal pour «violence aggravée par trois circonstances, suivie d'ITT supérieure à 8 jours», un délit passible de 10 ans d'emprisonnement.
Les cinq autres sont jugés pour ne pas avoir empêché «un crime ou un délit contre l'intégrité d'une personne», «non-assistance à personne en danger» et «participation à un groupement en vue de la préparation de violences».