On a testé pour vous la piscine du Rhône
BAIGNADE•Pour son premier jour d'ouverture, le centre nautique du Rhône a attiré les foules, sans qu'il y ait de débordements comme l'été dernier. La rédaction s'est sacrifiée pour aller piquer une tête à votre place...Caroline Girardon
12h50: Maillot de bain dans le sac, cahier et stylo à la main, me voilà devant l’entrée de la piscine du Rhône. Dans la file d’attente, une petite trentaine de personnes, et quasiment autant de minutes pour rentrer à l’intérieur de l’établissement. 400 personnes sont déjà sur place. A la caisse, pas de miracle. J’ai beau retourner les affiches, essuyer mes verres de lunettes, faire mine de ne pas avoir entendu et redemander dix fois au personnel s’il n’y a pas d’erreur: le prix d’entrée est bel et bien de 8 euros. (hors réduction et carte d’abonnement).
13h20: Découverte d’un autre monde, celui des vestiaires. Finies les veilles cabines dont les portes fermaient à peine, terminées les douches débordant de savon, bye bye les sols gorgés d’eau marron aussi glissants qu’une patinoire, adios les veilles odeurs de pied… Ici tout est neuf, beau et… propre. Le personnel, raclette à la main, s’affaire pour effacer au mieux les traces des baigneurs. Un conseil toutefois: si vous n’avez aucun sens de l’orientation, comme moi, n’hésitez pas à planquer un GPS dans votre sac. Cela pourra vous aider pour gagner les bassins extérieurs ou retrouver la sortie.
Une tranquillité retrouvée
14h: Paul, serviette sur l’épaule, s’apprête à regagner l’extérieur. Ce nageur, à l’accent british, est venu par curiosité. «L’ensemble est magnifique. Avant c’était particulièrement sale, observe-t-il. Je n’aimais pas cet endroit et venais très rarement». L’homme, qui vit à Lyon depuis 15 ans, avoue avoir testé toutes les piscines de la ville… sans jamais avoir trouvé son bonheur. Il a fini par casser sa tirelire afin de se payer un abonnement dans une piscine privée d’un grand hôtel. «Il n’y a pas assez de piscines à Lyon, poursuit-il. Mais aujourd’hui, je suis satisfait car j’ai pu nager sans encombre.»
14h05: L’heure de se jeter à l’eau et de tester le nouveau bassin de 50 mètres. Cette année, pas de besoin d’être aussi agile qu’une anguille pour tenter de faire une longueur sans percuter une horde d’ados enchaînant les sauts dans l’eau afin d’épater leur amie. La délivrance. Pas de débordements. Place aux nageurs qui enchaînent les mouvements de crawl dans la plus grande tranquillité. «Comparé aux années précédentes, c’est le jour et la nuit, explique Yvan, maître nageur à Paris. On se sent mieux dans l’eau. Les infrastructures sont vraiment bien mais…» Oui? «Ce n’est pas assez cher, ironise le jeune homme. Les tarifs sont prohibitifs. Ils pénalisent tous ceux qui ne foutent pas le bordel.»
Un prix qui ne passe pas
14h30: Sortie de l’eau après une bonne dizaine de longueurs. Bien essoufflée mais pas assez pour que le beau maître-nageur daigne me proposer un bouche-à-bouche. Assise au pied d’un des mâts de la piscine, Jacqueline, tapie dans l’ombre, dévore son roman. «Tout est propre, les vestiaires sont très bien, raconte cette habituée des lieux. Tout marche de façon impeccable. L’an dernier, c’était bien pire. Il y avait des bagarres dans les files d’attente». Et le prix? «Bien trop cher», répond-elle spontanément.
14h45: A quelques mètres de Jacqueline, Jean-Luc et Christine, deux riverains habitués de la piscine du Rhône prennent un bain de soleil. «Oui, c’est bien mais c’est une honte d’avoir supprimé les abonnements plein soleil», lâche Christine, qui déplore également la disparition des tarifs réservés aux seniors. Partant peu en vacances, elle avait trouvé dans la piscine du Rhône un bon compromis. «L’été dernier, je payais 27 euros pour 25 entrées et pour rester toute l’après-midi. Maintenant, c’est 8 euros. Faites le calcul… 25 entrées, ça va me revenir à 200 euros! Ou alors je me prive et ne viens plus que deux fois par semaine». «On dit que le prix a triplé, mais c’est faux. C’est 8 fois plus cher pour nous, enchaîne Jean-Luc. A Strasbourg, la piscine du Wacken est tout aussi voire plus intéressante puisqu’elle possède des pelouses et des arbres. Elle est pourtant deux fois moins cher (4 euros). Ce n’est pas en augmentant les tarifs qu’on fera fuir les fauteurs de trouble mais en imposant le bonnet de bain.»
15h L’heure de plier sa serviette, d’aller jeter un œil sur le bassin nord qui se remplit à grande vitesse, de constater que 1.000 nageurs sont venus depuis le matin, de regagner à regret le bureau… Et de se dire que la tranquillité a un prix: 8 euros.