CULTURERhône: Mauvaise farce au théâtre de Saint-Priest

Rhône: Mauvaise farce au théâtre de Saint-Priest

CULTUREA Saint-Priest, la mairie a annulé quasiment toute la programmation du centre Théo Argence...
Caroline Girardon

Caroline Girardon

C’est ce qui s’appelle un coup de théâtre. Un revirement de situation totalement inattendu que rien ne laissait présager. Bon nombre de compagnies qui étaient programmées pour jouer dans les prochains mois au centre culturel Théo Argence de Saint-Priest, ont vu subitement leurs spectacles décommandés. A commencer par le centre James Carles de Toulouse qui devait se produire en septembre dans le cadre de la biennale de la danse. Et qui, ne fera finalement pas partie de l’aventure. Ou encore Elle Brûle, pièce des Hommes approximatifs, mettant en scène une Emma Bovary des temps modernes.

Des spectacles jugés élitistes

La nouvelle municipalité de droite, en place depuis le mois de mars, a ainsi décidé de balayer le travail effectué depuis des mois par l’équipe du théâtre, ne conservant au final que six spectacles régionaux. « La mairie souhaite désormais un théâtre plus populaire, explique l’un des comédiens de la Fabrique, pourtant épargnée par la vague de déprogrammation. On n’a guère eu de précisions si ce n’est que les spectacles proposés étaient considérés comme élitistes. » Un argument qui a surpris les équipes de la biennale, dont la vocation est de populariser la danse. « James Carnes est tout sauf élitiste », indique-t-on. Les compagnies qui pour la plupart, avaient passé un accord oral avec le théâtre, ont été averties par téléphone, sans jamais être reçues par l’adjoint à la culture.

« Cela n’a rien à voir avec une décision artistique, ce sont des choix politiques ».

« Proposer du théâtre populaire, c’est pourtant ce que l’on fait en intégrant dans nos spectacles les gens de la ville », se défend un comédien. Samuel Gallet qui montait un projet participatif entre les San-Priods et une compagnie chilienne est tout aussi furieux. « On m’a expliqué que ce projet ne concernait pas les habitants. C’est absurde et scandaleux, lâche le metteur en scène. Ils ne sont jamais venus voir ce que l’on faisait. » « Ce n’est rien de plus que de la censure, poursuit un autre metteur en scène, dont le spectacle a également été mis sur la touche. Depuis quand un maire, selon son bord politique, aurait-il un droit de regard sur les spectacles? Ces choix ne sont pas objectifs. Tout ça n’a rien à voir avec des décisions artistiques, ce sont des choix idéologiques et politiques ». « C’est un processus de démolition », conclut Samuel Gallet. La mairie de Saint-Priest que nous avons sollicitée à plusieurs reprises, n’a pas répondu à nos demandes d’interview.