L'orthographe, ça se réapprend !
•innovation Une société lyonnaise a créé un logiciel pour améliorer ce qui peut être un frein dans l'entrepriseJérémy Laugier
«De nombreux bac + 5 arrivent chez nous et font douze fautes par mot. Nous en avons pris conscience en constatant qu'on ne pouvait pas leur laisser envoyer des mails tant ils écrivaient en phonétique…» Le constat de Fabienne Ernoult, déléguée générale à la responsabilité sociale et environnementale (RSE) chez April, a poussé cette société d'assurance, qui compte 1 700 salariés à Lyon, à traiter le problème.
Un sujet longtemps tabou
Mais plus que de traditionnelles formations n'intéressant qu'une vingtaine d'employés chaque année, April a misé en mars dernier sur le projet Voltaire, comme le cabinet d'experts-comptables Odicéo deux ans plus tôt. Lancé par l'entreprise lyonnaise Woonoz en 2008, cet outil de perfectionnement en orthographe «ludique» disponible sur ordinateur et sur smartphone peut déboucher sur un certificat. La participation à cet examen de 2 h 30 (60 € l'inscription) a été doublée chaque année dans toute la France, de 1 000 personnes en 2010 à 10 000 en 2013. «L'orthographe était, récemment encore, considérée comme une maladie honteuse dans l'entreprise. Il y avait un tabou à lever entre patron et collaborateurs, alors qu'effectuer des formations en anglais était normal aux yeux de tous», explique Pascal Hostachy, responsable de cet outil s'adaptant aux lacunes de tous, qu'il espère voir atteindre les 200 000 certificats par an comme le TOEIC (tests réputés de niveau en anglais). Pour y parvenir, il s'est entouré… du champion du monde d'orthographe Bruno Dewaele. «C'est assez fédérateur et ça permet de dédramatiser ce phénomène de société», constate Fabienne Ernoult, alors que 100 salariés d'April ont déjà été convaincus de soigner leur écriture.