L'Original Festival ne pouvait pas célébrer son 10e anniversaire sans eux. Icônes du hip-hop lyonnais depuis leur premier titre de champion du monde de battle il y a 10 ans, les danseurs du Pockemon Crew présenteront leur sixième création vendredi et samedi (17 ou 28 €) au Radiant-Bellevue de Caluire. Se côtoyant très souvent sur le parvis de l'opéra, «parfois jusqu'à 1h du matin», ces amateurs de breakdance de toute l'agglomération s'étaient au départ rassemblés pour une compétition régionale, en 1999 à Grenoble.

Lilou, chorégraphe de Madonna

«On ne voulait pas se prendre au sérieux avec un nom de quartier ou de gangsters comme faisaient toutes les autres équipes, se souvient l'aîné de la bande, Riyad Fghani. On a donc misé sur un nouveau manga décrié. Tout le monde nous a sous-estimés et on a remporté notre premier battle.» Le premier d'une longue série, qui les conduira au sommet international du breakdance en 2003. «On dansait pour le kif à ce moment-là. Mais pour gagner notre vie, il fallait passer de la rue à la scène. Jamais on n'aurait cru danser un jour dans un opéra de Tokyo ou un théâtre de New York», confie Lilou, qui s'est depuis construit une carrière solo. Après avoir été le héros d'un film (Street Dance 2) et d'un jeu vidéo (B-Boy), le Vaudais de 29 ans vient d'achever une tournée comme danseur et chorégraphe… de Madonna. Il fera partie ce week-end des quatre membres historiques du Pockemon Crew, qui allie désormais battles et spectacles chorégraphiés avec deux nouvelles générations de danseurs. «J'admire leur longévité, d'autant que la plupart des compagnies de hip-hop recrutent des danseurs étrangers. Là, l'identité est restée 100 % lyonnaise», souligne le directeur de l'Original, Jean-Marc Mougeot. Le directeur artistique Riyad Fghani a néanmoins un regret : «Il reste toujours 50 jeunes danseurs très bon niveau qui se déchirent tout l'hiver sur le parvis de l'opéra car il n'existe aucune autre structure hip-hop sur le terrain.»