des faux dinars imprimés par millions
Procès Treize hommes sont jugés aux assises du Rhône pour avoir fabriqué des billets algériensCaroline Girardon
C'est l'une des plus importantes histoires de faux-monnayage en France. A partir de ce vendredi et durant trois semaines, treize hommes vont comparaître devant la cour d'assises du Rhône pour avoir fabriqué des millions de faux dinars algériens dans une imprimerie clandestine de la rue du Lac (3e).
« Tontons flingueurs »
Tout est parti du braquage d'un poids lourd, en novembre 2006 aux alentours de Marseille. Le véhicule transportait 44 rouleaux, soit 20 tonnes de papier fiduciaire vierge destinées à l'Algérie. Deux ans plus tard, les enquêteurs démantèlent un premier réseau à Naples en Italie, puis un second à Lyon en octobre 2009. Sur place, ils découvrent des sacs entiers de billets de 1 000 dinars, des planches de papier et des rouleaux provenant du braquage. « C'est une affaire sans précédent, déclare Rémi Chaine, avocat de la Banque centrale d'Algérie. D'habitude, les billets contrefaits sont fabriqués de façon très artisanale ou il s'agit de montants relativement faibles. Là, c'est très différent car les rouleaux volés permettaient d'imprimer l'équivalent de 2,5 milliards d'euros. » Lors de leurs interpellations, les faussaires lyonnais s'apprêtaient à vendre 48 000 billets. 250 000 coupures auraient déjà été écoulées. « Ça montre qu'il s'agit là d'une équipe de professionnels. On a une grande inquiétude sachant qu'il reste encore 40 rouleaux dans la nature », ajoute Rémi Chaine. Une opinion que ne partagent pas les avocats de la défense.
« Mon client est quelqu'un de bien », affirme Jean-François Barre, défenseur de Gabriel Dokmedjian, le doyen des accusés, âgé de 71 ans. Il n'est pas profondément ancré dans la délinquance. On lui a proposé de rendre certains services contre quelques euros. Il a cédé à l'appât du gain mais j'aimerais qu'il soit reconnu à son juste rôle. » « On est un peu dans Les Tontons flingueurs, plaisante Xavier Moroz, avocat d'un autre accusé, Bruno Chocat, qui comparaît aux côtés de son fils. Nous avons de forts caractères, des personnalités mais mon client n'a jamais été animé par la volonté de se faire beaucoup d'argent. » Chacun encourt 30 ans de réclusion.