Parmi les pharmacopées animales, celle des chimpanzés est celle qui a été étudiée en premier, il y a donc plus d’informations à son sujet. Cela explique également qu’il y ait une plus grande volonté de mener des recherches pour éventuellement appliquer à l’humain certains des remèdes des chimpanzés plutôt que ceux d’autres espèces dont on connaît moins bien l’armoire à pharmacie. Il existe certainement des comportements phytothérapeutiques de la part des sangliers, mais ce n’est pas étudié à ce jour. Une centaine de chercheurs seulement travaillent sur les zoopharmacognosie, ils ne peuvent donc pas se disperser et tout étudier. Il y a ainsi des zones d’ignorance complète sur leurs éventuelles capacités à se soigner de certains organismes animaux.

Le bain de fourmis

Récemment, un photographe américain est parvenu pour la première fois à photographier une corneille qui prenait un bain de fourmis. Ce comportement a beaucoup été observé, notamment par les naturalistes : certains oiseaux, dont les corvidés, se vautrent dans une fourmilière en la détruisant à moitié et se font envahir exprès par des fourmis qui vont envoyer en réaction de défense de l’acide formique. On soupçonne ces oiseaux d’agir ainsi pour se débarrasser de leurs parasites. Cet exemple illustre bien le processus en trois étapes qui s’opère : dans un premier temps, les gens prétendent que ce comportement n’existe pas, que c’est une légende ; dans un second temps, des scientifiques reconnus observent ce comportement ; à présent, on se demande s’il ne s’agit pas d’une stratégie thérapeutique, même si ça reste à démontrer.

Des oiseaux inventifs

Les oiseaux ont de nombreux comportements de type thérapeutique. La buse à épaulettes utilise des branches de conifères pour orner son nid car elles contiennent des terpènes, des molécules qui le désinfectent, protégeant ainsi les petits des infections. L’étourneau nord-américain décore quant à lui son nid avec des carottes sauvages qui contiennent un stéroïde permettant d’éliminer de nombreux parasites. Enfin, la mésange bleue, dans la vallée du Fango en Corse, utilise des plantes aromatiques, dont la lavande et le calament, pour désinfecter le nid lorsqu’elle a des petits, et ainsi détruire certains microorganismes qui pourraient mettre à mal leur santé. Les oiseaux ont un cerveau très performant et ont une cognition très sophistiquée, il n’est donc pas étonnant de découvrir chez eux des comportements autothérapeutiques.

Cet article vous a plu ? Retrouvez le magazine "Le Monde des Animaux" en kiosque et sur monmag.fr (versions papier et numérique, et abonnements).

Le Monde des Animaux & de la Nature est un magazine dédié à la faune et à la flore sauvages du monde entier. À travers des histoires captivantes et de sublimes photographies, le magazine offre un véritable safari visuel au cœur de la nature.