Il fut un temps où 50 000 de ces caprins des montagnes peuplaient le Portugal, l’Espagne et la France. Leurs pieds agiles aux sabots fendus permettaient aux bouquetins de grimper à plus de 2000 m d’altitude. Ces herbivores migraient des vallées aux sommets pour trouver de la végétation. Ils passaient l’hiver à basse altitude, mais quand les neiges fondaient au printemps, ils montaient vers les cimes. Les mâles portaient de grandes cornes courbées pouvant atteindre 1 m de longueur et s’en servaient pour asseoir leur statut hiérarchique. Les femelles portaient de petites cornes courtes qu’elles utilisaient comme des râteaux pour racler le sol.

Un animal éteint

On ne sait pas avec exactitude ce qui a causé l’extinction du bouquetin des Pyrénées. Il a disparu rapidement et les observations de cette sous-espèce se sont raréfiées. À la fin du XIXe siècle, les fermiers locaux ne rapportaient en avoir aperçu que quelques fois par an. En 1900, il restait moins de 100 individus et la sous-espèce ne se trouvait plus qu’en Espagne. En 1910, ils n’étaient plus que 40 et occupaient moins d’un quart de leur aire de répartition initiale. Le bouquetin des Pyrénées n’a été classé comme espèce protégée qu’en 1973, mais la sous-espèce a continué à disparaître et les efforts menés pour sa reproduction en captivité ont échoué.

Les causes de son extinction

Ce bouquetin était considéré comme un trophée par les chasseurs. Il a toujours été chassé et représentait une ressource importante pour les habitants de son territoire. La chasse a probablement contribué à son extinction, mais n’est sans doute pas la seule cause. Selon la théorie la plus probable, le bouquetin des Pyrénées aurait été gravement affecté par le développement de l’agriculture. Son territoire a été vendu et rempli de nouveaux animaux domestiques. Il était en compétition avec le bétail pour la nourriture et son habitat a été transformé. Ses contacts rapprochés avec les bêtes de la ferme l’ont également exposé aux maladies. Des espèces invasives d’ongulés comme les daims ont été introduites, accroissant la pression pesant sur le bouquetin et l’environnement dont il dépendait. Il ne restait que 10 individus en 1993 et le dernier représentant s’est éteint en 2000.

Le dernier bouquetin

Le corps du dernier bouquetin des Pyrénées, une femelle baptisée Celia, a été découvert durant la première semaine du XXIe siècle. Elle avait 13 ans et on pense qu’elle a été tuée par la chute d’un arbre. Le dernier mâle était mort neuf ans plus tôt, condamnant Celia au célibat.

Une équipe de scientifiques a cloné cette sous-espèce en 2003, mais le petit n’a survécu que quelques minutes. L’échantillon d’ADN utilisé était celui de Celia, prélevé quand elle était encore vivante. À l’avenir, il pourrait y avoir une nouvelle tentative de clonage.

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