ANIMAUXLes cimetières : d’étonnants lieux de vie pour les animaux

Les cimetières : d’étonnants lieux de vie pour les animaux

ANIMAUXLes cimetières sont par nature des lieux calmes. En raison des modes de gestion contraignants pour la flore (tonte, désherbage), ils n’offrent pas les conditions idéales pour accueillir la biodiversité. Pourtant, une vie riche s’y déploie.
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Une étude montre qu’une vie riche se déploie dans les cimetières.
Une étude montre qu’une vie riche se déploie dans les cimetières. - Emilie Périé
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Un mouvement d’arrêt de l’usage des pesticides par les collectivités a été engagé par quelques pionniers à partir des années 1990, qui a abouti à l’adoption de la loi Labbé, interdisant depuis le 1er janvier 2017 l’usage des produits phytosanitaires d’origine chimique sur les espaces verts, voiries, forêts et promenades publiques, et incluant les cimetières à partir du 1er juillet 2022.

L’indicateur “Objectif zéro pesticide en Île-de-France”, publié en 2019, montre que 67 % des communes franciliennes (sur 690 communes ayant répondu au questionnaire) déclarent être déjà à zéro pesticide total sur l’ensemble de leurs espaces publics, cimetières compris. Dans le cadre de sa “stratégie régionale pour la biodiversité 2020-2030”, la région Île-de-France se fixe l’objectif de 100 % des communes franciliennes à zéro pesticide total à horizon 2025.

C’est dans ce contexte que depuis 2020 l’Agence régionale de la biodiversité en Île-de-France étudie la faune et la flore présente dans 45 cimetières franciliens afin d’évaluer les facteurs pouvant influer sur la biodiversité des cimetières : les modes de gestion, les typologies d’aménagement ou l’environnement immédiat.

L’analyse des données, qui va se poursuivre jusqu’à cette année, a déjà montré que les cimetières sont des écosystèmes urbains ayant une capacité d’accueil intéressante pour la biodiversité et que le paysage (urbanisation et pollution lumineuse) dans lequel ils s’implantent ainsi que sa végétalisation (densité et hauteur de la végétation) semblent être les facteurs les plus déterminants sur la biodiversité présente. De plus, les microhabitats tels que les prairies et les intertombes semblent abriter des communautés d’espèces différentes, adaptées aux conditions environnementales de chaque milieu.

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De la vie dans les cimetières

Les inventaires réalisés en 2020 ont d’ores et déjà permis d’identifier 421 espèces de plantes vasculaires, 175 morphogroupes d’insectes pollinisateurs, 15 espèces de chiroptères, 4 morphogroupes de mammifères terrestres (hérissons, chats domestiques, micromammifères type mulots ou musaraignes), ainsi que des empreintes de belettes ou d’hermines détectées dans un cimetière. Fait étonnant : on retrouve dans les cimetières de l’étude un quart des espèces de la flore d’Île-de-France et huit espèces menacées au niveau régional.

Les premiers résultats de l’étude ont permis de mettre en avant des observations étonnantes : ce n’est pas forcément dans les cimetières où il y a eu le plus d’espèces végétales inventoriées qu’il y a le plus d’espèces animales. Le contexte urbain plus ou moins dense joue beaucoup. Ainsi, plus un cimetière est en milieu urbain, plus il y a de hérissons détectés. Plusieurs explications sont avancées : apport de ressources plus important, moins de prédateurs, davantage de gîtes d’hibernation et une température plus élevée dans les villes qui favoriserait l’hibernation des hérissons.

En comparaison avec les autres milieux, qu’ils soient agricoles ou urbains, les cimetières semblent avoir une flore de prairie plus riche et plus originale en espèces. Les pollinisateurs sont plus diversifiés et plus abondants dans les cimetières que dans les autres milieux urbains, alors qu’ils le sont moins que dans les autres milieux agricoles.

L’étude a également permis de montrer que la pollution lumineuse impacte différemment les espèces de chauves-souris : alors que la noctule commune y est sensible, la pipistrelle commune utilise cette pollution à son avantage pour chasser.

Enfin, il ne faut pas oublier que les cimetières sont habités et visités par de nombreux autres animaux non pris en compte dans l’étude, mais qui appartiennent également à la biodiversité : les oiseaux, les lézards des murailles, les chats domestiques, les lépidoptères, les hyménoptères, les araignées, les escargots ou encore les libellules…

Les cimetières sont habités et visités par de nombreux papillons.
Les cimetières sont habités et visités par de nombreux papillons. - Gilles Lecuir

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Le Monde des Animaux & de la nature est un magazine trimestriel.
Le Monde des Animaux & de la nature est un magazine trimestriel. - Le Monde des Animaux n°44

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Cet article est réalisé par Le Monde des Animaux et hébergé par 20 Minutes.