Pour remonter aux origines de cet amalgame entre chat et féminité, il nous faut revenir quelque 4000 ans en arrière, en plein cœur de l’Égypte ancienne et de ses divinités multiples. Parmi les plus connus se trouve la discrète Bastet, représentée avec un corps de femme et une tête de chat. Or il se trouve que cette déesse n’est autre que la déesse de la fertilité, de la maternité – elle est parfois représentée pourvue de multiples mamelles – et du foyer. Elle est donc la protectrice des femmes ! Mais Bastet n’est pas la seule déesse mêlant chat et femme : dans la mythologie nordique, la belle Freyja, déesse de l’amour, de la beauté et de la fertilité, est représentée dans un char tiré par deux chats, nommés Amour et Tendresse.

Destins croisés

Bien loin du culte voué aux chats chez les Égyptiens, les Romains n’apprécient pas beaucoup la compagnie de ces félins importés d’outre-Méditerranée, tout d’abord parce qu’à l’époque, à Rome, les oiseaux sont très à la mode en tant qu’animaux de compagnie. Le chat étant depuis ses origines particulièrement friand des volatiles, cela n’est pas à son avantage. De plus, la prolifération des chats est attribuée à une sexualité débridée de la part des félins ; ils sont alors très mal vus. Au point que les Romains usent du mot “chatte”, en latin felis, ou “petite chatte”, felicula, pour désigner les prostituées, qu’ils considèrent comme des femmes de petite vertu.

La mauvaise réputation des chats, conjointement à celle des femmes, se retrouve au Moyen Âge, avec le triste sort réservé aux sorcières, accusées d’être responsables de tous les maux, comme de propager la peste noire, auxquelles sont très souvent rattachés les chats, et particulièrement les chats noirs. Ces deux curieux boucs émissaires posent la question de savoir si haine du chat et misogynie n’auraient pas parfois été confondues…

Femmes et chats, muses des peintres

Les nombreuses peintures mêlant femmes et félins, plus ou moins sensuelles, permettent de saisir l’aspect de séduction et de fascination qu’exerce l’animal sur les créateurs. Parmi ces œuvres, l’une des plus anciennes remonte à 1525, avec Portrait de jeune femme tenant un chat, du peintre italien Bacchiacca. Bien plus tard, nous pouvons citer Matisse, amoureux des chats, et sa Jeune Fille au chat noir, Renoir et sa Femme au chat. Picasso, lui, n’hésite pas à représenter une femme nue jouant avec un chat noir dans son Nu couché avec un chat.

Tout un poème

Si les félins sont un sujet récurrent en littérature, l’ambiguïté féline-féminine a su amuser quelques grands auteurs. Citons par exemple le poème “Le chat” de Charles Baudelaire, qui n’est autre, dissimulé sous la description d’un beau félin, qu’un poème érotique. D’une admiration voluptueuse pour l’animal, quasi ensorcelé, le poète semble confus, à mi-chemin entre une humanisation du chat ou une animalisation de la femme, la dominant comme il dompterait un animal. En lisant entre les lignes de ce poème, on comprend que Baudelaire y décrit les étapes d’une nuit sensuelle.

Femme-chat star du cinéma

Lorsque l’on pense à une héroïne aussi séduisante que féline, Catwoman nous vient rapidement à l’esprit. Ce personnage présente en effet de nombreux attraits pour le cinéma : ambivalente, suscitant tantôt le désir, tantôt la peur, aussi docile qu’arrogante, charmeuse qu’imprévisible, aux ongles longs qui évoquent des griffes… Catwoman mêle à la perfection ce qui fascine aussi bien chez le chat que chez la femme – en jouant évidemment de ses feulements lascifs et de sa souplesse mise en avant par sa tenue en latex.

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