ANIMAUXBien-être animal : vers un Noël sans foie gras ?

Bien-être animal : Vers un Noël sans foie gras ?

ANIMAUXL’approche de la période de Noël est chaque année en France synonyme d’opposition entre les défenseurs de la protection animale et les producteurs de foie gras.
Estelle Derrien pour Le Monde des Animaux

Estelle Derrien pour Le Monde des Animaux

Outre notamment le sort des canetons femelles, la question du gavage est en effet source de polémiques. Certaines entreprises développent une production sans gavage, mais elles ne peuvent pas utiliser la dénomination de “foie gras” puisque ce dernier est défini par le droit français comme “le foie d’un canard ou d’une oie spécialement engraissé par gavage”. Les appellations des produits afférents sont d’ailleurs encadrées par le décret du 9 août 1993 relatif aux préparations à base de foie gras. La production française de foie gras, laquelle représente plus de la moitié de la production mondiale, engendre donc une phase de gavage pendant laquelle canards et oies reçoivent de manière forcée pendant plusieurs jours d’importantes quantités de nourriture enrichie, à l’aide d’un long tube enfoncé au niveau de l’œsophage. L’éleveur obtiendra ainsi un foie jusqu’à dix fois plus gros qu’un foie sain. Des études démontrent que les conséquences sur la santé des oiseaux sont indéniables : stress, diarrhées, nécrose du foie, problèmes pulmonaires, œsophage douloureux, blessures et autres pathologies. Le taux de mortalité est dès lors accru par rapport aux volailles non gavées. De nombreux pays comme l’Allemagne, la Pologne, l’Inde ou encore la Turquie ont donc interdit le gavage à d’autres fins que thérapeutique.


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Et en France ?

Malgré ces constats, l’élevage français maintient la pratique du gavage en soutenant notamment qu’elle serait aussi naturelle que le stockage de graisse chez les palmipèdes migrateurs, argument amplement contesté par les organisations de protection animale comme la Fondation droit animal, éthique et sciences (LFDA) qui a édité un livret intitulé Le foie gras, une gourmandise au prix de la souffrance. Mais, comme le rappelle la LFDA, « si la controverse persiste, c’est parce que reconnaître que le gavage est un acte de maltraitance le rendrait illégal » tant au regard du droit européen que du droit français.

La directive du 20 juillet 1998 concernant la protection des animaux dans les élevages dispose en effet que les États membres doivent prendre toutes les dispositions en vue de garantir leur bien-être et de leur éviter de subir douleurs ou dommages inutiles. Ainsi, aucun animal ne doit être alimenté ou abreuvé de telle sorte qu’il en résulte des souffrances inutiles, ce qui semble donc peu compatible avec la pratique du gavage. Le Code rural et de la pêche maritime français impose quant à lui de maintenir tout animal, en tant qu’être sensible, dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce. L’arrêté du 25 octobre 1982 précise que l’élevage ne doit entraîner aucune souffrance évitable ni aucun effet néfaste sur la santé de l’animal qui doit recevoir une alimentation saine, fournie en quantité suffisante, à des intervalles appropriés pour le maintenir en bonne santé et pour satisfaire ses besoins nutritionnels. L’irrespect de ces dispositions est sanctionné par le Code pénal qui réprime notamment le fait d’exercer volontairement des mauvais traitements envers un animal domestique, nécessité qui ne saurait sérieusement être constituée par le seul plaisir gustatif de l’homme.

Si les polémiques subsistent donc, il n’en demeure pas moins que six Français sur dix se disent favorables à l’interdiction du gavage, comme le montre une étude commandée par l’association L214 et rendue publique fin 2018. Par ailleurs, la recommandation adoptée par le comité permanent de la convention européenne pour la protection des animaux dans les élevages le 22 juin 1999 dispose que les pays autorisant la production de foie gras doivent encourager la recherche de méthodes alternatives n’impliquant pas la prise forcée d’aliments. Il est donc amplement temps de privilégier les méthodes d’élevage sans gavage ou, bien mieux, de développer la production des produits végétaux aux qualités gustatives de plus en plus reconnues et surtout garantis sans la moindre souffrance animale.


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Cet article est réalisé par Le Monde des Animaux et hébergé par 20 Minutes.