Retour sur l'histoire mouvementée de l’ours des Pyrénées en France
ANIMAUX•Autrefois abondant en France, l’ours brun ne se trouve plus que dans les Pyrénées. D’autres ours originaires de Slovénie ont été introduits dans les années 1990 et 2000, mais l’ours est encore loin d’être sauvé en France.Camille Oger pour Le Monde des Animaux
L’ours des Pyrénées est tout un symbole. Alors que la France a cherché durant des siècles à éradiquer les ours bruns qui la peuplaient au Moyen Âge, les considérant à la fois comme des nuisibles pilleurs de récoltes et de dangereux prédateurs, les ours se sont retranchés toujours plus loin dans les zones montagneuses. Au XVIIIe siècle, les seuls ours présents sur le sol français se trouvent principalement dans les Alpes, les Pyrénées, le Jura et les Vosges. À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, la population d’ours français a disparu partout sauf dans les Pyrénées. On s’est alors mis à parler de “l’ours des Pyrénées”, un terme prêtant à confusion : il ne s’agit pas là d’une espèce ou d’une sous-espèce distincte, mais simplement d’une poche de population d’ours bruns d’Europe isolée récemment par l’action des hommes.
En 1960, la minuscule population d’ours, suivie de plus près, se fragmente en deux noyaux distincts, l’un dans les Pyrénées occidentales, l’autre dans les Pyrénées centrales. Ils ne sont plus que quelques dizaines en tout. Malgré ce déclin effrayant, vouant l’animal à l’extinction sur le sol français, l’interdiction de la chasse à l’ours n’est effective qu’en 1972. Les bergers continuent cependant à tuer des ours, revendiquant le droit de protéger leurs troupeaux, et les chasseurs ne s’en privent pas non plus, revendiquant le droit de tuer des animaux pour le plaisir. La question des ours en France devient alors de plus en plus politique.
Intervenir pour protéger l’ours des Pyrénées ?
En 1984, il ne reste plus que 15 à 20 ours dans les Pyrénées occidentales et cinq ou six dans les Pyrénées centrales. Le dernier ours des Pyrénées centrales disparaît au début des années 1990, et il ne reste alors plus que sept à huit individus répartis entre les vallées d’Aspe et d’Ossau. En 1995, l’extinction paraît plus proche que jamais : il ne reste que cinq ours dans les Pyrénées, dont une seule femelle, condamnant la population de manière évidente. Le gouvernement français décide alors de renforcer la faible population d’ours pyrénéens. Mais la politique s’en mêle. Alors qu’il serait logique d’envoyer des ours en renfort dans le noyau occidental encore existant, une levée de boucliers empêche cette intervention et l’État décide de réintroduire l’ours dans la partie centrale de Pyrénées où il a disparu. Quatre communes se sont montrées favorables au projet de réinsertion, acceptant d’accueillir des ours prélevés en Slovénie.
Entre mai 1996 et mai 1997, trois ours ont été capturés en Slovénie et relâchés dans les Pyrénées sur la commune de Melles, en Haute-Garonne. S’ils s’adaptent bien à leur nouvel environnement et se reproduisent, cela n’est pas suffisant pour établir une population viable, et la nécessité de procéder à de nouvelles introductions d’ours se fait évidente, surtout après la mort de Cannelle, la dernière ourse de souche pyrénéenne, abattue par un chasseur en novembre 2004. Quatre femelles supplémentaires et un mâle slovènes sont relâchés en 2006 dans les Pyrénées centrales.
Et aujourd’hui ?
En 2021, on comptait au moins 70 ours dans l’ensemble des Pyrénées (France, Espagne, et Andorre). Si aujourd’hui une grande partie des Français sont favorables à de nouveaux lâchers d’ours pour réintroduire le plantigrade dans notre pays, mais les habitants des régions concernées ne sont pas tous du même avis. Cette question reste extrêmement sensible et déclenche les passions dans les deux camps.
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