Prix Renaudot: Yasmina Reza sacrée pour «Babylone»
LITTERATURE•Cinq auteurs étaient en course pour ce prix remis en même temps que le Goncourt...L.Be. avec AFP
Dans la foulée du jury , qui , celui du Renaudot, réuni également au Drouant, a attribué son prix à Yasmina Reza pour Babylone, concluant ainsi la saison des grands prix littéraires d'automne. L'écrivaine s'est imposée face aux quatre autres finalistes: Adélaïde de Clermont-Tonnerre qui vient de décrocher le Grand Prix du roman de l'Académie française, Régis Jauffret, Simon Liberati et Leïla Slimani. Cette dernière ayant décroché le Goncourt, il ne pouvait y avoir de doublon.
Dans son roman, Yasmina Reza met en scène une soirée de sexagénaires qui dégénère. Sans elle, ce petit meurtre entre amis dans un immeuble banal d’une banlieue dortoir ne vaudrait guère mieux qu’un épisode de Commissaire Moulin. Sous sa plume, le coup de sang du voisin du dessus devient une pièce savoureuse, prétexte à la réflexion sur l’ennui et la médiocrité de nos vies.
Léïla Slimani a eu le Goncourt
La jeune romancière franco-marocaine Leïla Slimani était la favorite du côté du Goncourt. Les pronostics se sont confirmés puisqu'elle a été récompensée. Le jury du Goncourt ayant la priorité sur celui du Renaudot et les doublons étant impossible, elle ne pouvait pas cumuler les deux distinctions. Son roman Chanson douce (Gallimard), histoire atroce et extrêmement bien construite, dissèque de manière quasi scientifique le passage à l’acte meurtrier de Louise, une nounou aux mille recommandations qui s’installe petit à petit dans l’intimité de Myriam et Paul, laissant éclore au fil de l’intrigue sa part la plus obscure.
C'est d'ores et déjà un succès de librairie. Deuxième roman seulement de l'écrivaine, née au Maroc il y 35 ans, il se dévore comme un thriller mais peut aussi se lire comme un livre implacable sur les rapports de domination et la misère sociale.
Régis Jauffret et ses Cannibales
De son côté, Régis Jauffret, 61 ans, était l'aîné de la bande. Il compte une oeuvre imposante. Il a déjà été lauréat du Fémina. Cannibales (Seuil) est un livre «à s'en lécher les babines», a estimé Bernard Pivot dans une de ses chroniques littéraires du JDD.
Porté par une écriture très XVIIIe siècle, peut-être sa grande force et sa plus grande faiblesse, Cannibales, recueil de correspondance entre deux femmes machiavéliques discutant sur le meilleur moyen d'en finir avec un homme, est délicieusement amoral. L'écrivain restera sur sa faim puisque concourant au Goncourt et au Renaudot, il n'a décroché ni l'un ni l'autre.
Charles Manson avec Liberati
Outre Adélaïde de Clermont-Tonnerre qui vient de décrocher le Grand Prix du roman de l'Académie française, nous avons également lu l'ouvrage de Simon Liberati. Dans California Girls, il fait revivre la folie meurtrière de la Famille Manson. En décrivant par le menu, le quintuple assassinat de Cielo Drive commis par les disciples de Charles Manson en 1969, Liberati n’épargne rien au lecteur de ces crimes si bestiaux que l’un des égorgeurs en développa un tennis elbow.