ROMANSolange Bied-Charreton sonde le malaise des «Nés sous Mitterrand»

Solange Bied-Charreton sonde «Les Visages pâles» des enfants des eighties

ROMANPrenez deux minutes pour savoir si Les Visages pâles de Solange Bied-Charreton est le livre qu'il vous faut...
Laurent Bainier

Laurent Bainier

L'essentiel

Tous les jours de la semaine, la rédaction de 20 Minutes ou ses lecteurs vous proposent une idée de roman à dévorer ou à offrir. Aujourd’hui, Les Visages pâles de Solange Bied-Charreton chez Grasset (342 pages, 20€)

Une citation:

«  «Tant il était crucial qu’ils avalent le vieux monde, ces Estienne mourraient de leur propre dévoration.»  »

Pourquoi choisir ce livre?

  • Parce que Houellebecq ne sort rien en septembre mais qu’on peut compter sur Solange Bied-Charreton pour nous rappeler que la vie n’est que du surimi.
  • Parce que les problèmes de riches, c’est exotique pour la plupart d’entre nous.
  • Parce que l’Histoire est écrite par les vainqueurs et que celle de la famille Estienne, qui vit la loi Taubira côté Manif pour tous sera sans doute un témoignage littéraire rare.
  • Parce qu’avec humour, cynisme parfois, du remarqué Enjoy nous parle mieux que quiconque de la détestation que ressentent certains trentenaires pour le monde que leur ont laissé leurs parents, ces «vieux soixante-huitard[s] de merde».

L’essentiel en deux minutes:

L’intrigue. Quand Raoul Estienne, le Wendel de la brosse à dents, casse sa pipe, son fils décide de vendre la propriété familiale. A priori pas de quoi tenir 387 pages. Mais, d’une part, la Banèra a une piscine, ce qui est pratique dans le Gers, et, de l’autre, elle est le dernier élément tangible qui raccroche les petits-enfants du défunt à un pays qu’ils ne comprennent plus.

Les personnages. Jean-Michel, érotomane chauve, son ex-femme, en retour de foi, et leurs trois enfants : Hortense, start-upeuse à succès qui a réussi à ubériser les sans-papiers, Lucille, peintre défroquée et Alexandre, casseur d’ambiance de la Manif pour tous. Ajoutez à cela Michel Sardou, le philosophe, et vous aurez une bonne brochette de visages pâles. Avec, pour seul contrepoint, l’indien sur les sachets d’American Spirit parce que les bourgeois nihilistes aussi fument des roulées.

Les lieux. Paris, beaucoup, et la propriété familiale gasconne, un peu. Mais ne l’appelez plus jamais Banèra, la France elle l’a laissé tomber. Ne l’appelez plus jamais Banèra, c’est sa dernière volonté.

L’époque. 2013, au moment du vote de la loi Taubira puis, en ouvrant l’album à souvenirs ressurgissent les deux septennats de Mitterrand, entre chute du Mur et diffusion de Princesse Sarah.

L’auteur. On aime ses portraits fouillés, les lieux qui prennent vie en quelques lignes, le tout avec beaucoup d’humour. Mais bon, pour ce qu’on en dit... «Le problème avec Internet, c’est que n’importe qui a le droit de donner son avis», et journaliste à Valeurs Actuelles. On vous aura prévenus.

Fiche réalisée par la rédaction de 20 Minutes. Pour rejoindre notre club de lecture, surveillez notre rubrique . Plus d’infos prochainement...