Dans «L'Homme qui voyait à travers les visages», Eric-Emmanuel Schmitt tape la causette avec Dieu
ROMAN•Prenez deux minutes pour savoir si L'Homme qui voyait à travers les visages d'Eric-Emmanuel Schmitt est le livre qu'il vous faut...Laurent Bainier
L'essentiel
Tous les jours, la rédaction de 20 Minutes ou ses lecteurs vous proposent une idée de roman à dévorer ou à offrir. Aujourd'hui, L'Homme qui voyait à travers les visages d'Eric-Emmanuel Schmitt chez Albin Michel (420 pages, 22€)
Une citation :
« « Dieu constitue le feu, les religions en dérivent comme des refroidissements. Différentes, elles renferment le même cœur » »
Pourquoi ce livre ?
- Parce qu’Eric-Emmanuel Schmitt a convoqué, pour son 41e livre (décompte d’auteur), un casting de stars sur le retour : Pascal, Colette et surtout Dieu, qui se fait rare ces derniers temps dans les librairies.
- Parce que l’auteur nous avait prouvé, avec son dernier ouvrage, La Nuit de feu (250.000 exemplaires vendus), qu’on peut vivre une extase mystique dans un trek «3 chaussures» de chez Terdav. Du coup, on était pressé de savoir quelle aventure il réservait au héros de ce nouveau roman, stagiaire non rémunéré dans un journal belge.
- Parce qu’Eric-Emmanuel Schmitt aurait très bien pu écrire un triste essai sur la place de la foi dans les tourments contemporains et que, généreux, il nous offre un roman loufoque avec son lot de personnages cintrés et ses rebondissements jusqu’à la dernière page.
L’essentiel en 2 minutes
L’intrigue. Augustin voit des gens qui sont morts. Il y a dix-huit ans, ça lui aurait valu une thérapie avec Bruce Willis, mais, o tempora, o mores, de nos jours, ce genre d’illuminés se retrouve plutôt avec une ceinture d’explosifs à la ceinture. Voilà, vous avez le début ET la fin de l’histoire et bon courage pour imaginer ce qui se passe au milieu.
Les personnages. Au milieu d’une galerie de « bipèdes sans plumes », on trouve un aspirant journaliste épais comme le sandwich SNCB qu’il cherche désespérément dans toutes les poubelles de la ville et Eric-Emmanuel Schmitt, lui même, seigneur en sa demeure, qui nous reçoit au milieu de ses chiens.
Les lieux. Charleroi-la-sinistrée, sa place Charles-II sous les bombes, son monument aux pigeons morts, ses friches industrielles squattées par des stagiaires sans le sou.
L’époque. De nos jours, soit très peu de temps avant l’Apocalypse.
L’auteur. On les entend déjà, les pisse-froid : « Il se croit le premier moutardier du pape, le brigadier Schmitt ? » Oui, il se voit bien en collègue de Dieu. Oui, il pense que Pascal est son grand frère. Oui, il estime logique que Mozart s’éternise à Charleroi pour le conseiller (alors qu’il pourrait faire un tour chez Matt Pokora, il sent pas le gaz). Mais cette démesure assumée, cette certitude d’être l’élu, on ne lira ça chez personne d’autre, ni cette année, ni avant bien longtemps. Plus EES déploie son œuvre, plus elle devient hors norme et ça nous le rend attachant.
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