"Bouncer. Volume 8, To hell" de Alejandro Jodorowsky chez Glénat (Grenoble, France)
en partenariat avec 20minutes.fr
- Auteur : Alejandro Jodorowsky
- Illustrateur : François Boucq
- Genre : Bandes dessinées
- Editeur : Glénat, Grenoble, France
- Prix : 14.95 €
- Date de sortie : 21/11/2012
- GENCOD : 9782723487009
Résumé
SON CORPS EST MUTILÉ, MAIS CE N'EST RIEN PAR RAPPORT À SON ÂME...
LE BOUNCER est maintenant le propriétaire de l'Infierno, l'un des saloons de Barrio City. Encore une de ces villes arides du Far West où l'étranger de passage trouvera plus facilement du whisky frelaté que de l'eau, et aura plus de chances de rencontrer la Mort que de tomber sur un filon d'or. Avec ses coïts, un couteau ou avec ses poings, le Bouncer se défend pas mal pour un manchot. Ce n'est pas un homme violent, mais il n'hésite pas à tuer pour défendre ce qui lui paraît juste et beau. Et cette fois le Bouncer ira jusqu'en enfer pour venger ceux qu'il aime injustement victimes de la fureur des temps sauvages de la conquête de l'Ouest.
Les éditions Glénat sont heureuses d'accueillir la suite des aventures du Bouncer, créées par deux auteurs au moins aussi cultes que leur personnage... Une nouvelle aventure sanglante et grandiose dont la fin paraîtra dans un deuxième album en 2013.
PRÉSENTATION DE LA SÉRIE
Le Bouncer, manchot aux yeux bleu acier, videur du saloon l'Infierno, n'attend plus rien de la vie lorsque son passé refait surface en la personne de son neveu. Le jeune Seth réclame aide et vengeance pour le meurtre de ses parents, et veut obstinément abattre son oncle Ralton, qui n'est autre que l'un des frères du Bouncer. Le Bouncer et ses trois frères, issus d'une prostituée itinérante s'étaient déchirés pour la possession d'un diamant ironiquement appelé L'oeil de Caïn. Toujours pour ce diamant, les chemins qui s'étaient divisés se recroisent à nouveau dans le sang et les larmes...
Mais même après que les conflits du passé sont purgés, la rédemption n'est pas permise pour le Bouncer. Dans ce Far West impitoyable où il n'est qu'une âme perdue parmi tant d'autres, ses revolvers n'ont que rarement le temps de refroidir et ses rares amis ont une furieuse tendance à mourir prématurément. Fureur et violence sont sur les pas de ce personnage à la dimension mythique, héros maudit qui redora le blason patiné du western en bande dessinée.
Résumé
SON CORPS EST MUTILÉ, MAIS CE N'EST RIEN PAR RAPPORT À SON ÂME...
LE BOUNCER est maintenant le propriétaire de l'Infierno, l'un des saloons de Barrio City. Encore une de ces villes arides du Far West où l'étranger de passage trouvera plus facilement du whisky frelaté que de l'eau, et aura plus de chances de rencontrer la Mort que de tomber sur un filon d'or. Avec ses coïts, un couteau ou avec ses poings, le Bouncer se défend pas mal pour un manchot. Ce n'est pas un homme violent, mais il n'hésite pas à tuer pour défendre ce qui lui paraît juste et beau. Et cette fois le Bouncer ira jusqu'en enfer pour venger ceux qu'il aime injustement victimes de la fureur des temps sauvages de la conquête de l'Ouest.
Les éditions Glénat sont heureuses d'accueillir la suite des aventures du Bouncer, créées par deux auteurs au moins aussi cultes que leur personnage... Une nouvelle aventure sanglante et grandiose dont la fin paraîtra dans un deuxième album en 2013.
PRÉSENTATION DE LA SÉRIE
Le Bouncer, manchot aux yeux bleu acier, videur du saloon l'Infierno, n'attend plus rien de la vie lorsque son passé refait surface en la personne de son neveu. Le jeune Seth réclame aide et vengeance pour le meurtre de ses parents, et veut obstinément abattre son oncle Ralton, qui n'est autre que l'un des frères du Bouncer. Le Bouncer et ses trois frères, issus d'une prostituée itinérante s'étaient déchirés pour la possession d'un diamant ironiquement appelé L'oeil de Caïn. Toujours pour ce diamant, les chemins qui s'étaient divisés se recroisent à nouveau dans le sang et les larmes...
Mais même après que les conflits du passé sont purgés, la rédemption n'est pas permise pour le Bouncer. Dans ce Far West impitoyable où il n'est qu'une âme perdue parmi tant d'autres, ses revolvers n'ont que rarement le temps de refroidir et ses rares amis ont une furieuse tendance à mourir prématurément. Fureur et violence sont sur les pas de ce personnage à la dimension mythique, héros maudit qui redora le blason patiné du western en bande dessinée.
Résumé
SON CORPS EST MUTILÉ, MAIS CE N'EST RIEN PAR RAPPORT À SON ÂME...
LE BOUNCER est maintenant le propriétaire de l'Infierno, l'un des saloons de Barrio City. Encore une de ces villes arides du Far West où l'étranger de passage trouvera plus facilement du whisky frelaté que de l'eau, et aura plus de chances de rencontrer la Mort que de tomber sur un filon d'or. Avec ses coïts, un couteau ou avec ses poings, le Bouncer se défend pas mal pour un manchot. Ce n'est pas un homme violent, mais il n'hésite pas à tuer pour défendre ce qui lui paraît juste et beau. Et cette fois le Bouncer ira jusqu'en enfer pour venger ceux qu'il aime injustement victimes de la fureur des temps sauvages de la conquête de l'Ouest.
Les éditions Glénat sont heureuses d'accueillir la suite des aventures du Bouncer, créées par deux auteurs au moins aussi cultes que leur personnage... Une nouvelle aventure sanglante et grandiose dont la fin paraîtra dans un deuxième album en 2013.
PRÉSENTATION DE LA SÉRIE
Le Bouncer, manchot aux yeux bleu acier, videur du saloon l'Infierno, n'attend plus rien de la vie lorsque son passé refait surface en la personne de son neveu. Le jeune Seth réclame aide et vengeance pour le meurtre de ses parents, et veut obstinément abattre son oncle Ralton, qui n'est autre que l'un des frères du Bouncer. Le Bouncer et ses trois frères, issus d'une prostituée itinérante s'étaient déchirés pour la possession d'un diamant ironiquement appelé L'oeil de Caïn. Toujours pour ce diamant, les chemins qui s'étaient divisés se recroisent à nouveau dans le sang et les larmes...
Mais même après que les conflits du passé sont purgés, la rédemption n'est pas permise pour le Bouncer. Dans ce Far West impitoyable où il n'est qu'une âme perdue parmi tant d'autres, ses revolvers n'ont que rarement le temps de refroidir et ses rares amis ont une furieuse tendance à mourir prématurément. Fureur et violence sont sur les pas de ce personnage à la dimension mythique, héros maudit qui redora le blason patiné du western en bande dessinée.
Résumé
SON CORPS EST MUTILÉ, MAIS CE N'EST RIEN PAR RAPPORT À SON ÂME...
LE BOUNCER est maintenant le propriétaire de l'Infierno, l'un des saloons de Barrio City. Encore une de ces villes arides du Far West où l'étranger de passage trouvera plus facilement du whisky frelaté que de l'eau, et aura plus de chances de rencontrer la Mort que de tomber sur un filon d'or. Avec ses coïts, un couteau ou avec ses poings, le Bouncer se défend pas mal pour un manchot. Ce n'est pas un homme violent, mais il n'hésite pas à tuer pour défendre ce qui lui paraît juste et beau. Et cette fois le Bouncer ira jusqu'en enfer pour venger ceux qu'il aime injustement victimes de la fureur des temps sauvages de la conquête de l'Ouest.
Les éditions Glénat sont heureuses d'accueillir la suite des aventures du Bouncer, créées par deux auteurs au moins aussi cultes que leur personnage... Une nouvelle aventure sanglante et grandiose dont la fin paraîtra dans un deuxième album en 2013.
PRÉSENTATION DE LA SÉRIE
Le Bouncer, manchot aux yeux bleu acier, videur du saloon l'Infierno, n'attend plus rien de la vie lorsque son passé refait surface en la personne de son neveu. Le jeune Seth réclame aide et vengeance pour le meurtre de ses parents, et veut obstinément abattre son oncle Ralton, qui n'est autre que l'un des frères du Bouncer. Le Bouncer et ses trois frères, issus d'une prostituée itinérante s'étaient déchirés pour la possession d'un diamant ironiquement appelé L'oeil de Caïn. Toujours pour ce diamant, les chemins qui s'étaient divisés se recroisent à nouveau dans le sang et les larmes...
Mais même après que les conflits du passé sont purgés, la rédemption n'est pas permise pour le Bouncer. Dans ce Far West impitoyable où il n'est qu'une âme perdue parmi tant d'autres, ses revolvers n'ont que rarement le temps de refroidir et ses rares amis ont une furieuse tendance à mourir prématurément. Fureur et violence sont sur les pas de ce personnage à la dimension mythique, héros maudit qui redora le blason patiné du western en bande dessinée.
Résumé
SON CORPS EST MUTILÉ, MAIS CE N'EST RIEN PAR RAPPORT À SON ÂME...
LE BOUNCER est maintenant le propriétaire de l'Infierno, l'un des saloons de Barrio City. Encore une de ces villes arides du Far West où l'étranger de passage trouvera plus facilement du whisky frelaté que de l'eau, et aura plus de chances de rencontrer la Mort que de tomber sur un filon d'or. Avec ses coïts, un couteau ou avec ses poings, le Bouncer se défend pas mal pour un manchot. Ce n'est pas un homme violent, mais il n'hésite pas à tuer pour défendre ce qui lui paraît juste et beau. Et cette fois le Bouncer ira jusqu'en enfer pour venger ceux qu'il aime injustement victimes de la fureur des temps sauvages de la conquête de l'Ouest.
Les éditions Glénat sont heureuses d'accueillir la suite des aventures du Bouncer, créées par deux auteurs au moins aussi cultes que leur personnage... Une nouvelle aventure sanglante et grandiose dont la fin paraîtra dans un deuxième album en 2013.
PRÉSENTATION DE LA SÉRIE
Le Bouncer, manchot aux yeux bleu acier, videur du saloon l'Infierno, n'attend plus rien de la vie lorsque son passé refait surface en la personne de son neveu. Le jeune Seth réclame aide et vengeance pour le meurtre de ses parents, et veut obstinément abattre son oncle Ralton, qui n'est autre que l'un des frères du Bouncer. Le Bouncer et ses trois frères, issus d'une prostituée itinérante s'étaient déchirés pour la possession d'un diamant ironiquement appelé L'oeil de Caïn. Toujours pour ce diamant, les chemins qui s'étaient divisés se recroisent à nouveau dans le sang et les larmes...
Mais même après que les conflits du passé sont purgés, la rédemption n'est pas permise pour le Bouncer. Dans ce Far West impitoyable où il n'est qu'une âme perdue parmi tant d'autres, ses revolvers n'ont que rarement le temps de refroidir et ses rares amis ont une furieuse tendance à mourir prématurément. Fureur et violence sont sur les pas de ce personnage à la dimension mythique, héros maudit qui redora le blason patiné du western en bande dessinée.
Résumé
SON CORPS EST MUTILÉ, MAIS CE N'EST RIEN PAR RAPPORT À SON ÂME...
LE BOUNCER est maintenant le propriétaire de l'Infierno, l'un des saloons de Barrio City. Encore une de ces villes arides du Far West où l'étranger de passage trouvera plus facilement du whisky frelaté que de l'eau, et aura plus de chances de rencontrer la Mort que de tomber sur un filon d'or. Avec ses coïts, un couteau ou avec ses poings, le Bouncer se défend pas mal pour un manchot. Ce n'est pas un homme violent, mais il n'hésite pas à tuer pour défendre ce qui lui paraît juste et beau. Et cette fois le Bouncer ira jusqu'en enfer pour venger ceux qu'il aime injustement victimes de la fureur des temps sauvages de la conquête de l'Ouest.
Les éditions Glénat sont heureuses d'accueillir la suite des aventures du Bouncer, créées par deux auteurs au moins aussi cultes que leur personnage... Une nouvelle aventure sanglante et grandiose dont la fin paraîtra dans un deuxième album en 2013.
PRÉSENTATION DE LA SÉRIE
Le Bouncer, manchot aux yeux bleu acier, videur du saloon l'Infierno, n'attend plus rien de la vie lorsque son passé refait surface en la personne de son neveu. Le jeune Seth réclame aide et vengeance pour le meurtre de ses parents, et veut obstinément abattre son oncle Ralton, qui n'est autre que l'un des frères du Bouncer. Le Bouncer et ses trois frères, issus d'une prostituée itinérante s'étaient déchirés pour la possession d'un diamant ironiquement appelé L'oeil de Caïn. Toujours pour ce diamant, les chemins qui s'étaient divisés se recroisent à nouveau dans le sang et les larmes...
Mais même après que les conflits du passé sont purgés, la rédemption n'est pas permise pour le Bouncer. Dans ce Far West impitoyable où il n'est qu'une âme perdue parmi tant d'autres, ses revolvers n'ont que rarement le temps de refroidir et ses rares amis ont une furieuse tendance à mourir prématurément. Fureur et violence sont sur les pas de ce personnage à la dimension mythique, héros maudit qui redora le blason patiné du western en bande dessinée.
Résumé
SON CORPS EST MUTILÉ, MAIS CE N'EST RIEN PAR RAPPORT À SON ÂME...
LE BOUNCER est maintenant le propriétaire de l'Infierno, l'un des saloons de Barrio City. Encore une de ces villes arides du Far West où l'étranger de passage trouvera plus facilement du whisky frelaté que de l'eau, et aura plus de chances de rencontrer la Mort que de tomber sur un filon d'or. Avec ses coïts, un couteau ou avec ses poings, le Bouncer se défend pas mal pour un manchot. Ce n'est pas un homme violent, mais il n'hésite pas à tuer pour défendre ce qui lui paraît juste et beau. Et cette fois le Bouncer ira jusqu'en enfer pour venger ceux qu'il aime injustement victimes de la fureur des temps sauvages de la conquête de l'Ouest.
Les éditions Glénat sont heureuses d'accueillir la suite des aventures du Bouncer, créées par deux auteurs au moins aussi cultes que leur personnage... Une nouvelle aventure sanglante et grandiose dont la fin paraîtra dans un deuxième album en 2013.
PRÉSENTATION DE LA SÉRIE
Le Bouncer, manchot aux yeux bleu acier, videur du saloon l'Infierno, n'attend plus rien de la vie lorsque son passé refait surface en la personne de son neveu. Le jeune Seth réclame aide et vengeance pour le meurtre de ses parents, et veut obstinément abattre son oncle Ralton, qui n'est autre que l'un des frères du Bouncer. Le Bouncer et ses trois frères, issus d'une prostituée itinérante s'étaient déchirés pour la possession d'un diamant ironiquement appelé L'oeil de Caïn. Toujours pour ce diamant, les chemins qui s'étaient divisés se recroisent à nouveau dans le sang et les larmes...
Mais même après que les conflits du passé sont purgés, la rédemption n'est pas permise pour le Bouncer. Dans ce Far West impitoyable où il n'est qu'une âme perdue parmi tant d'autres, ses revolvers n'ont que rarement le temps de refroidir et ses rares amis ont une furieuse tendance à mourir prématurément. Fureur et violence sont sur les pas de ce personnage à la dimension mythique, héros maudit qui redora le blason patiné du western en bande dessinée.
Résumé
SON CORPS EST MUTILÉ, MAIS CE N'EST RIEN PAR RAPPORT À SON ÂME...
LE BOUNCER est maintenant le propriétaire de l'Infierno, l'un des saloons de Barrio City. Encore une de ces villes arides du Far West où l'étranger de passage trouvera plus facilement du whisky frelaté que de l'eau, et aura plus de chances de rencontrer la Mort que de tomber sur un filon d'or. Avec ses coïts, un couteau ou avec ses poings, le Bouncer se défend pas mal pour un manchot. Ce n'est pas un homme violent, mais il n'hésite pas à tuer pour défendre ce qui lui paraît juste et beau. Et cette fois le Bouncer ira jusqu'en enfer pour venger ceux qu'il aime injustement victimes de la fureur des temps sauvages de la conquête de l'Ouest.
Les éditions Glénat sont heureuses d'accueillir la suite des aventures du Bouncer, créées par deux auteurs au moins aussi cultes que leur personnage... Une nouvelle aventure sanglante et grandiose dont la fin paraîtra dans un deuxième album en 2013.
PRÉSENTATION DE LA SÉRIE
Le Bouncer, manchot aux yeux bleu acier, videur du saloon l'Infierno, n'attend plus rien de la vie lorsque son passé refait surface en la personne de son neveu. Le jeune Seth réclame aide et vengeance pour le meurtre de ses parents, et veut obstinément abattre son oncle Ralton, qui n'est autre que l'un des frères du Bouncer. Le Bouncer et ses trois frères, issus d'une prostituée itinérante s'étaient déchirés pour la possession d'un diamant ironiquement appelé L'oeil de Caïn. Toujours pour ce diamant, les chemins qui s'étaient divisés se recroisent à nouveau dans le sang et les larmes...
Mais même après que les conflits du passé sont purgés, la rédemption n'est pas permise pour le Bouncer. Dans ce Far West impitoyable où il n'est qu'une âme perdue parmi tant d'autres, ses revolvers n'ont que rarement le temps de refroidir et ses rares amis ont une furieuse tendance à mourir prématurément. Fureur et violence sont sur les pas de ce personnage à la dimension mythique, héros maudit qui redora le blason patiné du western en bande dessinée.
Résumé
SON CORPS EST MUTILÉ, MAIS CE N'EST RIEN PAR RAPPORT À SON ÂME...
LE BOUNCER est maintenant le propriétaire de l'Infierno, l'un des saloons de Barrio City. Encore une de ces villes arides du Far West où l'étranger de passage trouvera plus facilement du whisky frelaté que de l'eau, et aura plus de chances de rencontrer la Mort que de tomber sur un filon d'or. Avec ses coïts, un couteau ou avec ses poings, le Bouncer se défend pas mal pour un manchot. Ce n'est pas un homme violent, mais il n'hésite pas à tuer pour défendre ce qui lui paraît juste et beau. Et cette fois le Bouncer ira jusqu'en enfer pour venger ceux qu'il aime injustement victimes de la fureur des temps sauvages de la conquête de l'Ouest.
Les éditions Glénat sont heureuses d'accueillir la suite des aventures du Bouncer, créées par deux auteurs au moins aussi cultes que leur personnage... Une nouvelle aventure sanglante et grandiose dont la fin paraîtra dans un deuxième album en 2013.
PRÉSENTATION DE LA SÉRIE
Le Bouncer, manchot aux yeux bleu acier, videur du saloon l'Infierno, n'attend plus rien de la vie lorsque son passé refait surface en la personne de son neveu. Le jeune Seth réclame aide et vengeance pour le meurtre de ses parents, et veut obstinément abattre son oncle Ralton, qui n'est autre que l'un des frères du Bouncer. Le Bouncer et ses trois frères, issus d'une prostituée itinérante s'étaient déchirés pour la possession d'un diamant ironiquement appelé L'oeil de Caïn. Toujours pour ce diamant, les chemins qui s'étaient divisés se recroisent à nouveau dans le sang et les larmes...
Mais même après que les conflits du passé sont purgés, la rédemption n'est pas permise pour le Bouncer. Dans ce Far West impitoyable où il n'est qu'une âme perdue parmi tant d'autres, ses revolvers n'ont que rarement le temps de refroidir et ses rares amis ont une furieuse tendance à mourir prématurément. Fureur et violence sont sur les pas de ce personnage à la dimension mythique, héros maudit qui redora le blason patiné du western en bande dessinée.
Résumé
SON CORPS EST MUTILÉ, MAIS CE N'EST RIEN PAR RAPPORT À SON ÂME...
LE BOUNCER est maintenant le propriétaire de l'Infierno, l'un des saloons de Barrio City. Encore une de ces villes arides du Far West où l'étranger de passage trouvera plus facilement du whisky frelaté que de l'eau, et aura plus de chances de rencontrer la Mort que de tomber sur un filon d'or. Avec ses coïts, un couteau ou avec ses poings, le Bouncer se défend pas mal pour un manchot. Ce n'est pas un homme violent, mais il n'hésite pas à tuer pour défendre ce qui lui paraît juste et beau. Et cette fois le Bouncer ira jusqu'en enfer pour venger ceux qu'il aime injustement victimes de la fureur des temps sauvages de la conquête de l'Ouest.
Les éditions Glénat sont heureuses d'accueillir la suite des aventures du Bouncer, créées par deux auteurs au moins aussi cultes que leur personnage... Une nouvelle aventure sanglante et grandiose dont la fin paraîtra dans un deuxième album en 2013.
PRÉSENTATION DE LA SÉRIE
Le Bouncer, manchot aux yeux bleu acier, videur du saloon l'Infierno, n'attend plus rien de la vie lorsque son passé refait surface en la personne de son neveu. Le jeune Seth réclame aide et vengeance pour le meurtre de ses parents, et veut obstinément abattre son oncle Ralton, qui n'est autre que l'un des frères du Bouncer. Le Bouncer et ses trois frères, issus d'une prostituée itinérante s'étaient déchirés pour la possession d'un diamant ironiquement appelé L'oeil de Caïn. Toujours pour ce diamant, les chemins qui s'étaient divisés se recroisent à nouveau dans le sang et les larmes...
Mais même après que les conflits du passé sont purgés, la rédemption n'est pas permise pour le Bouncer. Dans ce Far West impitoyable où il n'est qu'une âme perdue parmi tant d'autres, ses revolvers n'ont que rarement le temps de refroidir et ses rares amis ont une furieuse tendance à mourir prématurément. Fureur et violence sont sur les pas de ce personnage à la dimension mythique, héros maudit qui redora le blason patiné du western en bande dessinée.
Résumé
SON CORPS EST MUTILÉ, MAIS CE N'EST RIEN PAR RAPPORT À SON ÂME...
LE BOUNCER est maintenant le propriétaire de l'Infierno, l'un des saloons de Barrio City. Encore une de ces villes arides du Far West où l'étranger de passage trouvera plus facilement du whisky frelaté que de l'eau, et aura plus de chances de rencontrer la Mort que de tomber sur un filon d'or. Avec ses coïts, un couteau ou avec ses poings, le Bouncer se défend pas mal pour un manchot. Ce n'est pas un homme violent, mais il n'hésite pas à tuer pour défendre ce qui lui paraît juste et beau. Et cette fois le Bouncer ira jusqu'en enfer pour venger ceux qu'il aime injustement victimes de la fureur des temps sauvages de la conquête de l'Ouest.
Les éditions Glénat sont heureuses d'accueillir la suite des aventures du Bouncer, créées par deux auteurs au moins aussi cultes que leur personnage... Une nouvelle aventure sanglante et grandiose dont la fin paraîtra dans un deuxième album en 2013.
PRÉSENTATION DE LA SÉRIE
Le Bouncer, manchot aux yeux bleu acier, videur du saloon l'Infierno, n'attend plus rien de la vie lorsque son passé refait surface en la personne de son neveu. Le jeune Seth réclame aide et vengeance pour le meurtre de ses parents, et veut obstinément abattre son oncle Ralton, qui n'est autre que l'un des frères du Bouncer. Le Bouncer et ses trois frères, issus d'une prostituée itinérante s'étaient déchirés pour la possession d'un diamant ironiquement appelé L'oeil de Caïn. Toujours pour ce diamant, les chemins qui s'étaient divisés se recroisent à nouveau dans le sang et les larmes...
Mais même après que les conflits du passé sont purgés, la rédemption n'est pas permise pour le Bouncer. Dans ce Far West impitoyable où il n'est qu'une âme perdue parmi tant d'autres, ses revolvers n'ont que rarement le temps de refroidir et ses rares amis ont une furieuse tendance à mourir prématurément. Fureur et violence sont sur les pas de ce personnage à la dimension mythique, héros maudit qui redora le blason patiné du western en bande dessinée.
Résumé
SON CORPS EST MUTILÉ, MAIS CE N'EST RIEN PAR RAPPORT À SON ÂME...
LE BOUNCER est maintenant le propriétaire de l'Infierno, l'un des saloons de Barrio City. Encore une de ces villes arides du Far West où l'étranger de passage trouvera plus facilement du whisky frelaté que de l'eau, et aura plus de chances de rencontrer la Mort que de tomber sur un filon d'or. Avec ses coïts, un couteau ou avec ses poings, le Bouncer se défend pas mal pour un manchot. Ce n'est pas un homme violent, mais il n'hésite pas à tuer pour défendre ce qui lui paraît juste et beau. Et cette fois le Bouncer ira jusqu'en enfer pour venger ceux qu'il aime injustement victimes de la fureur des temps sauvages de la conquête de l'Ouest.
Les éditions Glénat sont heureuses d'accueillir la suite des aventures du Bouncer, créées par deux auteurs au moins aussi cultes que leur personnage... Une nouvelle aventure sanglante et grandiose dont la fin paraîtra dans un deuxième album en 2013.
PRÉSENTATION DE LA SÉRIE
Le Bouncer, manchot aux yeux bleu acier, videur du saloon l'Infierno, n'attend plus rien de la vie lorsque son passé refait surface en la personne de son neveu. Le jeune Seth réclame aide et vengeance pour le meurtre de ses parents, et veut obstinément abattre son oncle Ralton, qui n'est autre que l'un des frères du Bouncer. Le Bouncer et ses trois frères, issus d'une prostituée itinérante s'étaient déchirés pour la possession d'un diamant ironiquement appelé L'oeil de Caïn. Toujours pour ce diamant, les chemins qui s'étaient divisés se recroisent à nouveau dans le sang et les larmes...
Mais même après que les conflits du passé sont purgés, la rédemption n'est pas permise pour le Bouncer. Dans ce Far West impitoyable où il n'est qu'une âme perdue parmi tant d'autres, ses revolvers n'ont que rarement le temps de refroidir et ses rares amis ont une furieuse tendance à mourir prématurément. Fureur et violence sont sur les pas de ce personnage à la dimension mythique, héros maudit qui redora le blason patiné du western en bande dessinée.
Courier des auteurs le 24/11/2012
INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
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Courier des auteurs le 24/11/2012
INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
Courier des auteurs le 24/11/2012
INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
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Courier des auteurs le 24/11/2012
INT
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
Courier des auteurs le 24/11/2012
INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
Courier des auteurs le 24/11/2012
INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
Courier des auteurs le 24/11/2012
INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
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INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
Courier des auteurs le 24/11/2012
INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
Courier des auteurs le 24/11/2012
INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
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Courier des auteurs le 24/11/2012
INTERVIEW DE FRAN
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
Courier des auteurs le 24/11/2012
INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
Courier des auteurs le 24/11/2012
INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
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Courier des auteurs le 24/11/2012
INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
Courier des auteurs le 24/11/2012
INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
Courier des auteurs le 24/11/2012
INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
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INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
Courier des auteurs le 24/11/2012
INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
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Courier des auteurs le 24
INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
Courier des auteurs le 24/11/2012
INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
Courier des auteurs le 24/11/2012
INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
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Courier des au
INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
Courier des auteurs le 24/11/2012
INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
Courier des auteurs le 24/11/2012
INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
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Courier des auteurs le
INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
Courier des auteurs le 24/11/2012
INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.
Courier des auteurs le 24/11/2012
INTERVIEW DE FRANÇOIS BOUCQ
Cette série est née d'une bien drôle de manière. Pouvez-vous nous la raconter ?
Jean Giraud est quelque part à l'origine de cette série lorsqu'il m'a proposé de dessiner une histoire de Blueberry se déroulant à la fin de sa vie [en 1900]. Cette proposition faisait suite à une discussion que nous avions eue lors d'un vernissage à Bruxelles. Je lui disais combien j'avais été fasciné par les paysages que j'avais découverts lors d'un voyage aux États-Unis et au Mexique. Mais suite à des problèmes avec les héritiers de Jean-Michel Charlier [son fils Philippe a refusé l'idée de voir vieillir le personnage], le projet n'a jamais pu se mettre en place. Dans le même temps, Alejandro et moi étions dans l'expectative de la poursuite de Face de lune, étant donné que les éditions Casterman étaient en train de changer de direction. Face à cette situation, Alejandro découvrant mon envie de dessiner un western m'a, en moins d'une journée, tout simplement proposé d'en écrire un !
Est-ce plaisant de se glisser dans un genre ?
Alors que l'on nous disait que le western était un genre démodé, nous avons été très contents de voir que la série marchait. On peut écrire n'importe quelle histoire, du moment qu'elle est bien racontée. Ce qui est agréable quand on s'inscrit dans un genre, c'est que celui-ci fixe un cadre. Et ce cadre permet d'exprimer un certain nombre de choses sans avoir à expliquer pourquoi on en arrive là. Si on exacerbe autant la violence, c'est aussi parce que le cadre du western nous le permet. Nous n'avons pas la nécessité de passer du temps pour expliquer où se déploient les coordonnées de l'histoire. On les connaît, on peut tout de suite aller à l'action.
Parlez-vous de cette problématique du western avec Alejandro lors de la mise en place du Bouncer ?
Alejandro m'a écrit un scénario totalement différent de ceux de Charlier, qui était très influencé par le cinéma hollywoodien de John Ford ou Howard Hawks. Alejandro, lui, est allé dans la direction d'un western shakespearien, un western où il allait raconter l'histoire très conflictuelle d'individus d'une même famille... Au niveau du dessin, comme je changeais d'univers, j'ai décidé de tout modifier : ma technique (il y a longtemps que je n'avais pas dessiné au pinceau), mais aussi ma manière de concevoir l'espace dans les pages. J'ai aussi augmenté la taille de mes planches pour donner le maximum de champ à l'image...
La fin est-elle connue ?
Non ! Jusqu'à présent on a construit l'histoire au fur et à mesure. On a une trame, une direction, mais tout peut encore évoluer selon nos décisions. Avec Alejandro on a tendance à penser que c'est sur le moment que l'histoire peut se révéler. On crée les conditions, mais en même temps on laisse la possibilité à l'imprévu de s'insérer et de fertiliser l'histoire. Cela se vérifie également quand je travaille seul...
INTERVIEW D'ALEJANDRO JODOROWSKY
Comment avez-vous eu l'idée du personnage du Bouncer ?
Je n'ai pas créé mes personnages ni mes histoires à partir «d'idées» à proprement parler. Tout cela m'arrive intuitivement, comme des rêves. Cependant, en Orient ou dans les films de combats, il y a des héros qui ont l'avantage (ou la sagesse ?) d'être mutilés d'une manière ou d'une autre. Par exemple au Japon le masseur aveugle Zatoichi, ou dans le cinéma de karaté chinois le sabreur manchot. Peut-être que le Bouncer vient de là. Il est vrai aussi que j'aime lancer des défis à mes dessinateurs ! À Boucq, j'avais déjà demandé de créer Face de Lune, un personnage sans visage. Faire ensuite un cow-boy tueur manchot était au moins aussi difficile ! Je pense que la force d'une oeuvre naît des difficultés que l'ont vainc pour la créer.
Pourquoi avez-vous choisi le genre du western ?
C'est comme une fiancée : on choisit celle que l'on aime ! Dès ma tendre enfance, j'ai aimé les films de cow-boys, mais sans penser une seconde qu'ils montraient vraiment l'histoire nord-américaine ! Je voyais ce décor comme un pays des contes de fées, où les vaches étaient des démons tragiques, les chevaux des anges et les cow-boys des magiciens. Mon film El Topo était aussi un western ! Parfois, quand Moebius avait une difficulté dans ses scripts de Blueberry il me demandait de l'aide. Même aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence entre un samouraï et un cow-boy.
Comment se déroule la collaboration avec François Boucq ?
C'est tellement parfait que parfois je me demande si je suis dans un rêve ! Comme je sais que François est un véritable artiste-créateur, je lui propose mon histoire. Il y change, ajoute ou enlève quelque chose, et je lui dis toujours oui ! Je fais ce qu'il veut en lui donnant des solutions qui me permettent d'exprimer ce que je veux exprimer. Nous avons dompté nos egos, il n'y a donc pas de lutte mais une grande collaboration.