Renaudot/Goncourt: L'imprévisible choix du jury
LITTERATURE•Comme en 2007, le Prix Renaudot a été attribué à une auteure qui ne figurait pas dans les listes de sélection...Karine Papillaud
Mutins, ils sont, mutins ils restent: depuis la polémique de 2007, où le Prix Renaudot était remis à Daniel Pennac pour Chagrin d’école (Gallimard), alors qu’il ne figurait pas dans les sélections du Prix, le jury présidé par Le Clézio est connu pour son espiègle imprévisibilité. Cette année, ils ont récompensé Scholastique Mukasonga pour Notre-Dame du Nil (Gallimard), un huis clos dans un lycée rwandais juste avant le génocide.
Frondeurs mais lecteurs
Sauf qu’elle n’était, elle non plus, pas dans les listes. «Nous l’avions retenue dans la sélection de printemps du Renaudot», s’explique Franz-Olivier Giesbert. «Nous étions très divisés, je n’avais jamais connu un tel blocage lors de délibérations. Et puis ce nom est tombé et il y eut un formidable mouvement de "Mais oui, c’est bien sûr!" parmi nous: nous savions que nous tenions là un vrai bon livre capable de nous mettre d’accord». Dix tours de votes ont quand même été nécessaires. De quoi consoler, peut-être, les Alexakis, Zeller, Berest et Djian en lice. L’idée vient de JMG Le Clézio, qui s’est éclipsé avant l’annonce des résultats par Georges-Olivier Chateaureynaud.
Le Renaudot essai va sans esclandre à Franck Maubert pour Le Dernier Modèle (Mille&une nuits) et le Renaudot Poche à Pascale Gautier pour Les Vieilles (Folio). Côté Goncourt, c’est bien Jérôme Ferrari pour son Sermon sur la chute de Rome (Actes Sud) qui a remporté le prix par 5 voix au deuxième tour de vote contre 4 pour Peste et choléra (Seuil) de Patrick Deville. C‘est le deuxième Goncourt d’Actes Sud après Laurent Gaudé en 2004 pour Le Soleil des Scorta. Non sans mal, le lauréat a gagné la salle de restaurant où l’attendaient des jurés pressurisés par une masse de journalistes et de cadreurs. Un moment pénible mais un prix mérité.