« Vous profitez de l'argent de la pauvreté »
•Procès Une SCI de Roubaix jugée pour des logements insalubresGilles Durand
Ils sont accusés d'être des marchands de sommeil. Ils risquent deux ans de prison. Deux hommes comparaissaient vendredi devant le tribunal de Lille pour avoir loué des logements qui mettaient « en danger la vie d'autrui » à plusieurs familles considérées comme vulnérables. En novembre 2008, l'immeuble qu'ils louaient, rue du Nord à Roubaix, était déclaré insalubre par la préfecture, avec demande de travaux obligatoires, jamais effectués. Les deux prévenus n'ont sont pas à leur coup d'essai. Ils ont déjà écopé d'un an de prison avec sursis pour une affaire similaire, qui doit être rejugée en appel.
SCI en cascade, travaux en rade
A la barre, deux personnages aux profils bien différents. D'un côté, un Roubaisien de 43 ans, plongé dans les affaires immobilières avec ses vingt-cinq SCI. De l'autre, un Parisien de 60 ans, praticien des hôpitaux de Paris. Ensemble, ils ont monté huit SCI avant de se fâcher. Celle de la rue du Nord date de 2003. A l'époque, ils investissent 100 000 € dans un immeuble bourgeois du centre-ville pour y faire dix logements et un bureau. Depuis, la situation s'est dégradée. Les rapports des services d'hygiène de la mairie de Roubaix notent « la présence de cafards, de rats et des amoncellements de détritus ». « Notre trésorerie ne permet pas de remettre logements et électricité en état », se défendent les prévenus qui tentent de vendre en 2008, en vain. « Vous profitez de l'argent de la pauvreté, dénonce le président. Qui accepterait de payer trois cent cinquante euros pour un dix-mètres-carrés ? » Les témoignages des locataires sont accablants. Mais Patricia Chevallier, avocate du Roubaisien, les conteste : « Ils étaient squatteurs, soit sous le coup d'une procédure d'expulsion, soit en possession de faux baux. Ils ne peuvent donc pas être protégés par la loi. » Xavier Denis, l'avocat du Parisien plaide plutôt la naïveté de son client. Le procureur n'est pas du même avis. Il réclame deux ans de prison dont un avec sursis et 50 000 € d'amendes chacun. Décision dans quinze jours.