Mort de Thomas à Crépol : Interdiction de la manif contre l’interdiction d’une manif d’extrême droite
Quand c’est non•Après avoir essuyé l’interdiction par le préfet de son rassemblement en hommage à Thomas, l’extrême droite lilloise se voit empêchée de protester sur la voie publique contre cette interdictionMikaël Libert
L'essentiel
- L’extrême droite souhaitait organiser un rassemblement à Lille pour rendre hommage à Thomas, tué à Crépol. Le préfet du Nord a interdit cette manifestation.
- Un militant de Génération Z a déposé une demande pour organiser un autre rassemblement, ce vendredi, pour protester contre cette interdiction. Le préfet a également interdit cette manifestation.
- Mercredi, si l’extrême gauche s’était jointe au cortège des sans papiers, l’extrême droite n’avait pas bravé l’interdiction. Selon les autorités, une vingtaine de membres de l’ultra-droite ont cependant cherché l’affrontement.
Quand c’est non, c’est non. Plusieurs figures lilloises de l’ultradroite et de la mouvance identitaire avaient appelé à un rassemblement, mercredi à Lille, pour rendre hommage à Thomas, tué à Crépol, dans la Drôme, dans la nuit du 18 au 19 novembre. Le préfet du Nord avait pris un arrêté d’interdiction de cette manifestation, justifiant notamment sa décision par l’existence de risques d’affrontements entre extrême droite et extrême gauche. Du coup, l’un des organisateurs du premier rassemblement souhaitait en organiser un autre, ce vendredi, « en protestation contre l’interdiction de l’hommage à Thomas ». Celui-ci n’aura pas lieu non plus.
C’est Alaric Py, un militant de Génération Z, qui a déposé en préfecture, mercredi, une demande d’autorisation pour un « rassemblement statique » dont l’objet est une « manifestation de protestation contre l’interdiction de l’hommage à Thomas ». Il souhaitait faire ça, ce vendredi soir, entre 19 et 20 heures, sur la place de l’Opéra. Sur les réseaux sociaux, on avait en effet pu voir des sympathisants identitaires et d’extrême droite s’offusquer de la décision du représentant de l’Etat à leur encontre, fulminant qu’un cortège du collectif des sans-papiers 59 (CSP 59) ait été autorisé.
Mêmes arguments et d’autres encore
Dans sa logique, le préfet a interdit par arrêté cette nouvelle manifestation. Pour le représentant de l’Etat, les motifs de ce second refus sont les mêmes que pour le premier, à ceci près qu’il a ajouté d’autres arguments. Le premier d’entre eux étant la déclaration tardive de la manifestation. Le préfet évoque aussi le contexte autour du meurtre du jeune homme : manifestations de l’ultradroite qui dégénèrent, « incitations à la violence, voire à la haine », et des campagnes d’affichage « les nuits dernières à Lille et Cambrai », où l’on pouvait lire des slogans comme « Thomas tué par des barbares » ou « Stop au massacre de français ».
Mercredi, si l’extrême gauche s’était jointe au cortège des sans papiers, l’extrême droite, elle, n’avait pas bravé l’interdiction. Du moins pas ouvertement. Selon les autorités, « une vingtaine d’individus affiliés à la mouvance d’ultradroite ont cherché à aller au contact de personnes présentes dans le cortège ». 20 Minutes avait pu en effet constater un début de bagarre, rapidement circonscrit par les nombreux policiers présents sur place.
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