Lille : La métropole attaque Alstom en justice sur le dossier du métro
Transports•Onze ans après avoir remporté le marché du doublement des rames du métro lillois, Alstom est incapable de livrer un travail qui devait pourtant être terminé en 2016Mikaël Libert
L'essentiel
- Alstom remporte, en 2012, le marché du doublement de capacité du métro de Lille mais échoue à livrer le système promis pour janvier 2016.
- La métropole de Lille a constaté le nouvel échec des essais du pilote automatique du métro en septembre 2022, et déplore que le système ne soit pas opérationnel avant 2026.
- Face à un retard estimé à dix ans, la métropole saisira la justice dans les jours qui viennent pour qu’Alstom remplisse ses obligations, assure la continuité du service et indemnise les préjudices subis.
Fini de jouer. Ce lundi la Métropole européenne de Lille (MEL) a annoncé qu’elle mettait un terme à la médiation engagée avec Alstom dans le but de régler le retard de livraison des nouvelles rames du métro lillois. « Compte tenu de l’incapacité persistante d’Alstom à remplir ses obligations », la collectivité a confié le dossier aux mains de la justice, a-t-on appris auprès de la MEL.
C’est en 2012 que le constructeur de matériel ferroviaires Alstom a remporté le marché du doublement de la capacité des rames du métro de la métropole de Lille. Le projet était de remplacer les anciennes rames de 26m par de nouvelles rames, longues de 52m. Pour 266 millions d’euros de l’époque, Alstom s’était engagé à terminer le boulot pour janvier 2016 en livrant 27 rames et un système opérationnel. La subtilité, c’est que le métro lillois est automatique et que le concepteur du système original n’était pas Alstom.
Le métro ne sera pas prêt pour les JO 2024
L’industriel retenu par la MEL en 2012 pour ce chantier s’est ainsi retrouvé face à une tâche plus ardue qu’il ne l’avait envisagé. C’est le développement du système de pilote automatique des rames qui pose problème à Alstom. « La MEL constate le nouvel échec des essais pour valider le nouveau pilote automatique du métro de Lille accusant désormais un retard prévisible d’au moins dix ans », déplore l’institution.
Une expertise a été lancée en 2018 à l’initiative de la MEL. Une médiation a suivi en 2019, puis un avenant en 2020 et encore une médiation en 2022. Alstom a d’abord promis la livraison du chantier pour avril 2023. Echec. Alstom a ensuite juré que ce serait bouclé pour les JO de 2024. Ça ne sera pas le cas, les derniers essais du pilote automatique, en septembre dernier, n’ayant pas permis de qualifier le système. « Sur le plan opérationnel, les défaillances d’Alstom rendent impossible la mise en service avant au mieux début 2026 », assure la MEL.
La métropole déplore un préjudice dont le montant s’accroît « de manière démesurée ». Pire, la collectivité craint une rupture de la continuité du service de transport en commun « en raison de l’obsolescence des rames VAL de 26 mètres qui débutera dès août 2025 ». C’est d’autant plus intolérable pour la MEL qu’Alstom « a refusé toute forme d’indemnisation » alors même que l’entreprise reconnaît sa responsabilité dans le retard du programme.
Dans les jours qui viennent, la métropole « saisira la justice de plusieurs actions » contre Alstom, pour que l’entreprise « remplisse intégralement ses obligations », qu’elle assure « la continuité du service de métro » et qu’elle sorte le chéquier pour indemniser les préjudices subis.
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