Lille : Pourquoi les cyclistes se transforment en piétons dans le centre-ville ?
mobilité•Depuis le début du mois d’octobre, il est interdit de circuler autrement qu’en marchant dans les zones piétonnes du centre-ville de Lille. Cyclistes, skateurs, trottinettistes doivent désormais pousser ou porter leurs enginsMikaël Libert
L'essentiel
- La majorité municipale de Lille a pris une décision controversée, obligeant les cyclistes, skateurs et autres utilisateurs d’engins de déplacement personnels motorisés à pousser leurs bolides en zone piétonne.
- Ce dispositif, baptisé « cyclistes, pied à terre », vise à assurer un meilleur partage de l’espace public et à garantir une meilleure sécurité.
- Les opposants de « Lille verte » critiquent l’étendue de la zone concernée et les horaires d’application, souhaitant plutôt une limitation de la circulation dans certains endroits précis et aux heures de forte affluence.
Rétropédalage. Début octobre, la majorité municipale de Lille a pris une décision qui a fait bondir ses opposants écolos, des assos de cyclistes et d’influents vélotaffeurs. Il est désormais obligatoire pour les cyclistes, skateurs et autres utilisateurs d’engins de déplacement personnels motorisés (EDPM) de pousser, porter ou tirer leurs bolides lorsqu’ils circulent en zone piétonne. Le dispositif a même un nom, « cyclistes, pied à terre », et prévoit de taxer au portefeuille les malheureux qui braveraient l’interdiction.
Des zones piétonnes réservées aux piétons, logique ou scandale ? Le dispositif est mis en place « afin d’assurer un meilleur partage de l’espace public entre les différentes formes de mobilité dans les zones piétonnes », déclare la mairie, qui argumente en affirmant qu’il s’agit d’y « assurer une meilleure sécurité ». Il faut dire que le centre-ville de Lille, et notamment ses rues piétonnes, était devenu une sorte de far-west avec le développement des livraisons UberEats ou Deliveroo. Seuls dans le secteur pendant les confinements, les coursiers y avaient pris des habitudes difficiles à perdre, circulant sur leurs engins électriques, voire en scooter, à des vitesses bien supérieures à celle du pas.
Rouler est autorisé, mais au pas
Et c’est justement ce qui pose problème à la mairie. Comme l’ont mis en avant les opposants municipaux de « Lille verte », le Code de la route impose déjà aux cycles et EDPM de « rouler au pas » dans les zones piétonnes, alors qu’il leur est interdit de rouler sur les trottoirs. Sauf que, dans les faits, ce n’est franchement pas le cas. Plusieurs opérations de police ont été menées dans ces zones avant que la ville tranche radicalement. Force est de constater qu’il y avait eu du mieux les jours qui ont suivi, avant que le naturel ne revienne au galop. D’ailleurs, les écologistes ont eux-mêmes reconnu que « le conflit d’usage entre piétons, cyclistes et trottinettes existe et nécessite d’être résorbé ».
Alors, quand la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB) dénonce « la multiplication [des] mesures défavorables à la pratique du vélo », « Lille verte » pointe plutôt du doigt l’étendue de la zone concernée et les horaires d’application. En effet, l’ensemble du secteur piétonnier est interdit aux cyclistes tous les jours, de 11 heures à 22 heures. Le samedi, si l’heure de fin d’interdiction est ramenée à 19 heures, le secteur, lui, est étendu à toute la zone de piétonnisation temporaire.
Les opposants auraient préféré un ciblage de « quelques endroits précis » et des « moments de forte affluence » au lieu de « limiter aussi drastiquement la circulation des mobilités » sans offrir « aucune alternative ni aménagement dédié ». Des arguments que la mairie rejette, mettant en avant « plus de 150 km de voiries […] aménagés, près de 6.000 arceaux vélos et une centaine de box vélos […] installés dans la ville ».
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