Lille : Associations ou préfecture, les points de vue divergent sur l’évacuation d’un bidonville rom
DEMANTELEMENT•Les autorités ont procédé mercredi matin à l’évacuation de familles roms habitant dans un bidonville. Encore une fois, les bilans dressés par la préfecture et les associations sont radicalement opposésMikaël Libert
L'essentiel
- Le camp de Roms dit des « pyramides », à Lille, a été vidé de ses occupants.
- Une évacuation qui intervient après une décision de justice, datant de début décembre.
- Les autorités assurent qu’une soixantaine de personnes ont été relogées. Les associations dénombrent 30 personnes « laissées à la rue ».
C’est une opération devenue presque banale, tant il y en a eu par le passé. Ce mercredi matin, peu avant 7 heures, de nombreux effectifs de police ont débarqué aux abords d’un bidonville occupé par des Roms, avenue Léon-Jouhaux, à Lille. Agissant sur la foi de deux décisions du tribunal de Lille, rendues en septembre et en décembre 2022, les autorités ont procédé à l’évacuation des familles qui se trouvaient encore sur place, soit une soixantaine de personnes dont la moitié de mineurs.
« Compte tenu des conditions de vie indignes et dangereuses (risques sanitaires, risques d’incendie…) pour les personnes et notamment les jeunes enfants vivant sur ces terrains, il était nécessaire de procéder à leur évacuation », explique la préfecture du Nord. Assurant, par ailleurs, que « 64 personnes, dont 33 mineurs, se sont vues proposer une solution d’hébergement durable adaptée à leur situation ».
« Plus de 30 personnes à la rue »
Pour Dominique Plancke, du collectif Solidarité Roms, la réalité est plus nuancée : « En l’état actuel des propositions, plus de 30 personnes, dont près de la moitié de mineurs, vont se retrouver à la rue », avait-il déploré, mardi, dans un communiqué. Un constat qui s’est vérifié ce mercredi matin après l’évacuation : « Plus de 30 personnes sans solution, dont plus d’une dizaine d’enfants », a-t-il déploré sur Twitter.
Sur la préparation du démantèlement de ce camp, dit des « pyramides », les points de vue s’opposent aussi. « Chaque personne vivant sur ce campement a fait l’objet d’un diagnostic social, affirme la préfecture. Et l’État s’est attaché à proposer une solution d’hébergement durable à une majorité des personnes », insiste la préfecture. « La police nationale est passée à trois reprises sur le terrain depuis cette décision du tribunal (le 8 décembre) en expliquant aux habitants que leur lieu de vie allait être détruit », rétorque Dominique Plancke, ajoutant que « c’est seulement mardi après-midi que la préfecture a fait connaître aux familles les propositions d’hébergement ».
Sur les 141 personnes qui habitaient dans ce camp selon les associations, seules 64 ont donc été relogées. D’autres étaient parties avant l’intervention des forces de l’ordre et « certaines n’ont pas fait l’objet d’une prise en charge parce qu’elles sont très défavorablement connues des services de police », reconnaît la préfecture. A nos confrères de la Voix du Nord, Dominique Plancke expliquera par ailleurs que cinq personnes ont été « emmenées au commissariat central ».
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