Lille : Angela, le prénom refuge face au harcèlement dans les transports en commun
HARCELEMENT•Depuis fin novembre, le dispositif « Angela », contre le harcèlement sexiste et sexuel, est testé dans les transports en commun lillois
Mikaël Libert
L'essentiel
- Inspiré d’une initiative britannique contre le harcèlement sexuel, lancée en 2016, le dispositif « Angela » commence à se développer en France.
- Il est actuellement expérimenté dans les transports en commun de la Métropole européenne de Lille (MEL).
- Il s’agit de mettre à disposition des victimes de harcèlement des lieux refuges et une aide adaptée à la simple évocation du mot code « Angela ».
En France, il n’y a aucune chance pour qu’une femme ne soit jamais victime de harcèlement à connotation sexuel au cours de sa vie. Aucune. C’est un fait, c’est déplorable, et ça ne va pas en s’améliorant, malgré les nombreuses actions mises en place par les institutions ou les associations. S’il semble difficile, voire impossible, de changer la mentalité des auteurs de tels faits, la société se doit toutefois de protéger leurs victimes. Là encore, les dispositifs ne manquent pas, rencontrant plus ou moins de succès. A Lille, c’est le copier-coller d’une initiative britannique, baptisée « Ask for Angela », qui est actuellement expérimenté dans les transports en commun.
Selon le gouvernement, « 8 jeunes femmes sur 10 ont peur de sortir seules le soir » et la majorité des femmes interrogées « ont déjà été harcelées ou suivies dans la rue et les transports en commun ». Une affirmation confortée, en mars 2021, par un sondage Ipsos pour L’Oréal Paris et l’ONG Hollaback, lequel montre que « 80 % des femmes en France ont déjà été victimes de harcèlement sexuel dans les lieux publics ». Dans la proportion inverse, ce même sondage démontre que seules 20 % des femmes victimes de harcèlement ont pu trouver de l’aide. C’est en partant d’un constat comparable qu’en 2016, la mairie de Londres et sa police métropolitaine ont mis en place le dispositif « Ask for Angela » dans les bars et les discothèques et les entreprises agréées.
Un « besoin réel de créer des zones refuges »
A Lille, le mouvement « bars sans relou » ou l’antenne locale de l’association « Stop au harcèlement de rue » ont fait long feu. On a aussi vu, en 2021, certains détaillants de la Française des jeux (FDJ) se transformer en lieux refuges pour les personnes harcelées. Les transports en commun ne sont pas en reste. En 2019, Ilévia, avait mis en place l’arrêt à la demande des bus et instauré des « marches exploratoires » pour déterminer ce qui était à l’origine du sentiment d’insécurité des voyageuses. L’expérimentation d’Angela découle directement de cela. « Le besoin réel de créer des zones refuges en cas d’agression sexiste ou sexuelle a été mis en lumière par ces marches », assure Héloïse Gerber, chargée de la mobilité inclusive chez ilévia.
Dans les agences Ilévia de la gare Lille-Flandres et République, les personnes victimes de harcèlement pourront se réfugier en prononçant le mot code « Angela », et recevoir « une aide adaptée » de la part d’agents spécialement formés. Si, bien entendu, les victimes peuvent solliciter une assistance depuis n’importe quelle borne d’appel du réseau sans prononcer le Sésame, Héloïse Gerber estime que « le plan Angela facilite l’appel à l’aide en temps réel avec son message clé, simple à transmettre et à comprendre ».