Lille : Les suites de l’effondrement suspendues aux expertises judiciaires
ET MAINTENANT ?•Deux jours après l’effondrement de deux bâtiments ayant causé la mort d’un homme, le temps est suspendu pour cette rue du centre-ville de Lille dans l’attente des rapports d’expertsMikaël Libert
L'essentiel
- L’enquête judiciaire suit son cours après l’effondrement de deux immeubles qui a fait un mort, samedi, à Lille.
- Aucune hypothèse n’est encore avancée sur les causes du drame, les autorités s’en remettant au rapport de l’expert judiciaire.
- Le ministre du logement a assuré que le centre scientifique et technique du bâtiment allait approfondir les causes de cet accident et s’assurer que cela ne pourra pas se reproduire.
Depuis que le corps du médecin psychiatre a été extirpé des décombres, dimanche matin, le temps semble suspendu dans le périmètre de sécurité entourant le site de l’effondrement de deux immeubles, rue Pierre-Mauroy, à Lille. Placé sous scellés par la justice dans le cadre de l’enquête ouverte pour mise en danger de la vie d’autrui et homicide involontaire, le tas de gravats est inaccessible à toutes autres personnes que l’expert judiciaire et les enquêteurs de la PJ. Sauf que les questions s’accumulent et que les réponses se font attendre, l’ensemble des parties s’en remettant aux rapports d’expertises.
Ce lundi matin, personne n’attendait de révélation particulière de la part du ministre délégué au Logement, Olivier Klein, en visite sur les lieux de l’effondrement. Sur les causes du drame ou sur les hypothèses envisagées, on n’en saura par davantage aujourd’hui. « La justice est saisie, il y a des expertises, je ne doute pas que dans les jours ou semaines qui viennent, on aura des explications », coupe court le ministre. « Il y a beaucoup d’experts qui s’expriment, mais laissons les vrais experts, les experts judiciaires, donner leur avis quand l’enquête sera terminée », s’agace Martine Aubry, maire (PS) de Lille.
1.150 dossiers d’insalubrité ouverts en 2021
Toutefois, l’élue aimerait bien que la justice lui donne rapidement son feu vert, au moins pour débarrasser la rue des gravats et permettre sa réouverture à la circulation ou, au minimum, restreindre le périmètre de sécurité pour autoriser l’accès aux commerces et habitations qui ne sont pas à proximité immédiate du lieu du sinistre. « Pour ceux qui sont dans cette zone, il faut attendre l’expertise pour savoir si on peut réouvrir, même si rien n’indique que d’autres bâtiments sont fragilisés », explique la maire, qui réfléchit aussi à une façon de les dédommager.
Sur le soupçon de vétusté qui plane au-dessus des deux bâtiments effondrés, le ministre a réaffirmé qu’ils n’avaient « fait l’objet d’aucun signalement dans ce sens ». Plus généralement, Martine Aubry rappelle que la mairie n’a pas tous pouvoirs à ce sujet : « Rien que l’année dernière, nous avons ouvert 1.150 dossiers d’insalubrité dans la ville dont entre 110 et 130 posaient des problèmes de sécurité », assure-t-elle. Mais encore faut-il que les services de la ville soient avisés. « Les locataires peuvent nous saisir et s’il y a un problème, nous agissons rapidement grâce aux 20 inspecteurs de salubrité que nous avons », poursuit l’élue. C’est cette réactivité qui a permis la prise d’un arrêté de péril pour le 44, rue Pierre-Mauroy dans la nuit de vendredi à samedi.
« Personne ne pensait que ça allait s’effondrer aussi vite »
Mais que se serait-il passé ensuite, si le bâtiment ne s’était pas effondré ? « Personne ne pensait que ça allait s’effondrer aussi vite, alors nous avions prévu de mettre en place, dans la matinée, un périmètre de sécurité devant l’immeuble, reconnaît Martine Aubry. Des arrêtés de péril, on en a beaucoup, mais on ne boucle pas un quartier à chaque fois, sauf si les experts nous disent qu’il y a un vrai risque imminent ».
Ensuite, la ville aurait entamé des démarches auprès des propriétaires. « En revanche, si le péril est imminent et que l’on peine à contacter les propriétaires, la ville peut se substituer à eux et réaliser les travaux dans l’urgence », ajoute Audrey Linkenheld, adjointe à la maire de Lille en charge de la transition écologique et développement soutenable.
Sur les réseaux sociaux ou dans les médias, on entend beaucoup d’experts et d’architectes alerter sur les risques liés à l’instabilité de bâtiments, notamment dans le Vieux-Lille. Si le ministre délégué au Logement a insisté sur le caractère imprévisible de la catastrophe de samedi, il promet néanmoins que les autorités n’en resteront pas là : « On souhaite avoir un travail de fond en plus des expertises judiciaires. Une mission d’étude sera menée par le CSTB – centre scientifique et technique du bâtiment –, pour approfondir les causes de cet accident et s’assurer que cela ne pourra pas se reproduire ici ou ailleurs. »
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