Immobilier à Lille : Les acheteurs veulent de l’espace, du vert et des prix raisonnables
IMMOBILIER•Après une période mouvementée correspondant à l’épidémie de Covid 19, le marché de l’immobilier semble se stabiliser à Lille. Pour autant, les prix demeurent élevés, d’autant que les biens convoités se font rares
Mikaël Libert
L'essentiel
- «20 Minutes » fait le point sur le marché de l’immobilier à Lille et dans la métropole après l’épidémie de coronavirus.
- Si les prix se sont emballés pour certaines catégories de biens, les spécialistes s’accordent à constater un retour de la stabilité.
- Côté acheteurs, la tendance s’oriente désormais sur des biens plus grands avec un extérieur.
On ne peut pas le nier, dans de nombreux domaines, il y a eu un avant et il y aura un après Covid-19. Le marché de l’immobilier n’échappe pas à la règle, notamment du côté des acheteurs, lesquels tendent à délaisser un mode de vie citadin pour aspirer à autre chose. A Lille, cette autre chose se traduit par un désamour du centre-ville au bénéfice des communes limitrophes, voire plus éloignées encore, qui offrent davantage de possibilités en termes d’espaces et, surtout, d’extérieurs.
Le fameux « effet Covid » s’estompe-t-il ?
A ce sujet, les avis semblent partagés. « Je n’ai pas ressenti cet effet sur les prix. Ils continuent d’augmenter de manière progressive pour atteindre entre 5.000 et 7.000 euros le m2 », assure Fanny Penant, de l’Immobilière de Lille.
Son de cloche radicalement différent chez Nathalie Forest Sotheby’s, agence spécialisée dans les biens d’exception : « On a fait l’année dernière un chiffre d’affaires bien plus élevé que d’habitude, surtout grâce aux travailleurs expatriés qui souhaitaient revenir en France et qui ont fait exploser les prix », reconnaît la directrice de l’agence.
Même constat en dehors de Lille, à Saint-André, secteur de prédilection de Mathieu Bacqueville, agent indépendant pour The Door Man : « C’est vrai que les prix se stabilisent aujourd’hui, mais plutôt à un niveau élevé et non pas à celui d’avant la crise sanitaire. Dans cette commune, on est désormais autour de 3.000 euros le m2 », explique-t-il.
On cherche la campagne à la ville
Les trois spécialistes interrogés par 20 Minutes s’accordent largement sur le changement d’orientation des acheteurs. « Les recherches concernent moins le centre-ville, constate Fanny Penant. Nos clients veulent un jardin ou une cour, ainsi que des logements plus grands. » Idem dans l’immobilier d’exception où, selon Nathalie Forest, « les futurs acheteurs souhaitent forcément un extérieur, même petit. »
Du coup, cela élimine quasiment d’office Lille centre face à la difficulté de dénicher de tels biens, même avec un budget conséquent. « Cela arrive, mais c’est rare. J’ai par exemple vendu récemment, à Lille, une maison de 200 m2 avec une cour et un garage pour 1,15 million d’euros », affirme la directrice de l’agence Nathalie Forest Sotheby’s.
« Nous sommes encore dans une période dynamique avec davantage d’acheteurs que de biens sur le marché, estime Fanny Penant. Mais malgré la rareté des biens, les clients achètent rarement au-dessus du prix du marché et ne font pas de concession sur ce qu’ils désirent. »
Repli vers la petite couronne
Des clients difficiles, donc, mais qui n’en sont que davantage mobiles. Ainsi, ce sont les communes limitrophes de Lille qui en tirent un certain bénéfice. « Il y a beaucoup de biens qui correspondent aux critères des acheteurs à Saint-André. Cela explique notamment pourquoi les prix y ont augmenté ces dernières années », assure le mandataire immobilier Mathieu Bacqueville.
Les agents citent de concert des communes comme Lambersart, La Madeleine ou encore Marcq-en-Barœul comme terrain de chasse des futurs acquéreurs. « Ils peuvent même accepter d’aller encore plus loin, vers Wasquehal. De manière générale, on constate une hausse de la demande dans presque toutes les villes desservies par les lignes de tramway », poursuit Nathalie Forest.
D’autres communes, pourtant très proches de Lille et affichant des prix très intéressants, sont néanmoins boudées par les clients. Pour l’agent de l’Immobilière de Lille, « Fives ou Hellemmes souffrent d’une mauvaise image en termes de sécurité qui refroidit les personnes en recherche d’un bien alors que l’on y trouve encore des maisons avec des extérieurs à des tarifs très abordables ».
« Depuis des années, on attend que ces quartiers ou ces communes montent, renchérit Nathalie Forest. En réalité, on sent que ça gratte un peu ces derniers temps, notamment de la part d’une clientèle plutôt bobo chic. » Bobos chics, mais fortunés et pas forcément de la région. Dans le quartier populaire de Wazemmes, l’agence de standing a fait le coup, en vendant à des Parisiens un loft de 300 m2 « avec de très belles prestations » pour la modique somme de 1,5 million d’euros.