Nord : Et si certains géants finissaient leur vie dans un musée ?
PATRIMOINE•Depuis plusieurs années, un Nordiste milite pour l’édification d’un conservatoire des géants.Nicolas Montard
L'essentiel
- La tradition des géants est très présente dans le Nord et le Pas-de-Calais.
- Certains de ces géants sont en très mauvais état de conservation.
- Un Nordiste milite pour la création d’un centre de conservation et musée des géants, peut-être à Douai.
Ce sont les stars des carnavals ou des braderies du Nord et du Pas-de-Calais, et ils sont nombreux. Sept cent cinquante-et-un très précisément, dont une centaine provient du Douaisis, l’un des cœurs de cette tradition avec les Flandres. « Or, une vingtaine de ces géants douaisiens sont en très piteux état, déplore Jérôme Finet, habitant de Cantin. Ils ont été abandonnés, les mairies ne savent plus où les stocker et les associations ne les ont pas repris. »
Ces géants s’abîment : les vêtements moisissent, les souris grignotent les têtes en papier mâché. L’idée de Jérôme Finet, président de l’association De Gayant à Gayantin, serait que ces géants trouvent un abri dans un futur conservatoire des géants… à construire.
Douai, c’est le berceau des géants
Il avait failli obtenir gain de cause dans sa commune en 2016, mais l’affaire avait capoté au dernier moment. Jérôme Finet n’a pas lâché le morceau. Depuis, il se bat pour sensibiliser les élus locaux, en particulier l’agglomération de Douai. « J’ai rencontré François Guiffard, vice-président au tourisme, au printemps, il m’a paru sensible à la démarche. »
Pourquoi viser le Douaisis ? « Un tel conservatoire pourrait bien être bâti ailleurs, mais ici, ça a du sens. C’est le berceau des géants ». Le plus ancien répertorié, Monsieur Gayant qui culmine à 8,50 mètres, est né en 1530 à Douai. D’ailleurs, Douai se surnomme « la cité des géants ». Jérôme Finet voit dans cet hypothétique centre un véritable atout pour le territoire.
Les géants, dont certains sont classés au patrimoine immatériel de l’humanité (les fêtes de Cassel et Douai pour la région), n’ont pas de lieu ressource dans la région, à la différence d’Ath en Belgique, qui a sa maison pour les accueillir. « Ce conservatoire serait l’occasion de faire d’une pierre deux coups : les protéger et en faire un atout touristique. On sent bien l’intérêt du public, à chaque édition des journées du patrimoine », assure celui qui a découvert les géants avec son grand-père.
Éventuellement pour après-demain
Côté agglomération de Douai, les élus ne sont pas contre et reconnaissent l’utilité du projet. « Mais est-ce que tout le monde serait d’accord pour y exposer ses géants ?, interroge François Guiffard, le vice-président chargé de la question. Selon la tradition, ceux de Douai ne doivent être visibles que quelques jours dans l’année. Pourraient-ils aller dans ce centre ? Si ce sont les plus connus, il serait dommage de s’en priver ».
Le professeur d’histoire-géographie se dit en tout cas sensible au dossier et consulte les différents acteurs du territoire. Une chose est déjà certaine : non budgétisé, le centre de conservation des géants ne se fera pas sur ce mandat. Les géants, même en péril, devront encore patienter.