Meurtre d’Angélique en 2018 : Le suivi de la délinquance sexuelle au cœur du procès qui s’ouvre mardi
PROCES•La cour d’assises du Nord, à Douai, doit juger le viol et le meurtre d’Angélique Six, âgée de 13 ans, en avril 2018, à WambrechiesGilles Durand
L'essentiel
- A 48 ans, David R. comparait à partir de mardi et jusqu’à vendredi, devant la cour d’Assises du Nord, à Douai.
- Il est accusé d’avoir violé et tué Angélique Six, âgée de 13 ans, le 25 avril 2018, à Wambrechies, dans le Nord.
- Le drame avait provoqué une forte vague d’émotion, d’autant que l’accusé avait déjà été condamné, en 1996, à neuf ans de prison, notamment pour viol.
Le débat sur le suivi des délinquants sexuels risque d’être au cœur du procès. A 48 ans, David R. comparait à partir de mardi et jusqu’à vendredi, devant la cour d’Assises du Nord, à Douai. Il est accusé d’avoir violé et tué Angélique Six, âgée de 13 ans, le 25 avril 2018, à Wambrechies, dans le Nord.
Le drame avait provoqué une forte vague d’émotion, d’autant que l’accusé avait déjà été condamné, en 1996, à neuf ans de prison pour viol, attentat à la pudeur aggravé et vol avec violence. Il avait été libéré en 2000, sans obligation de soin.
Domicilié dans le même immeuble que la victime
Ce sont les antécédents judiciaires de ce chauffeur de bus qui ont mis les enquêteurs sur la piste. Le lendemain de l’annonce de la disparition de l’adolescente, les recherches sur le fichier des auteurs d’infractions sexuelles (Fijais) permettaient de recenser plusieurs individus demeurant à Wambrechies, dont David R.
L’homme avait habité dans le même immeuble que la victime, avant de déménager. « Son nouveau domicile se situait sur le cheminement emprunté par le chien pisteur lors des premières recherches », précise la justice. Une perquisition chez David R. offrait aux enquêteurs de nouveaux éléments, notamment des vêtements similaires à ceux décrits par un jeune témoin qui avait vu un inconnu suivre Angélique l’après-midi de sa disparition. Cette dernière, dont la fragilité psychologique était reconnue, jouait dans un square, près de chez elle.
L’exploitation de la téléphonie de David R. venait confirmer son itinéraire, le jour dit. Lors de son interpellation, trois jours après les faits, à la sortie de son travail, il passait sans difficulté aux aveux. Il reconnaissait avoir enlevé, violé puis étranglé la fillette avec son pantalon, expliquant l’avoir tuée par peur de retourner en prison s’il la laissait partir.
« Il a conscience de sa culpabilité »
L’homme a, ensuite, conduit les enquêteurs, sur les lieux où avait été caché le corps, sous la végétation, sur le chemin du Loup, à Quesnoy-sur-Deûle, une commune voisine. David R. avait vainement tenté d’enterrer le corps après avoir acheté une pelle.
« Il regrette d’avoir été submergé par cette pulsion », précise, à l’AFP, l’avocat de David R., Me Eric Demey, qui souligne qu'« il n’y a rien eu d’autre » pendant les 24 ans séparant les deux passages à l’acte. « Il a conscience de sa culpabilité, souhaite être jugé, être condamné, purger sa peine », poursuit l’avocat.
« C’est le procès d’une petite fille qui n’est plus là »
« Si à l’époque de sa condamnation le suivi socio-judiciaire n’existait pas, (…) le juge d’application des peines aurait néanmoins pu lui imposer des soins thérapeutiques. Or l’homme est sorti de prison sans aucune obligation de traitement, alors même qu’il présentait une personnalité anxieuse, antisociale avec des troubles psychosexuels », dénonce, dans un communiqué, L’Enfant Bleu, une des trois associations de défense des droits de l’enfant (avec Enfance et Partage et La Voix de l’Enfant) qui se sont portées partie civile.
Pour l’avocate de la famille d’Angélique, Me Audrey Jankielewicz, la question du suivi socio-judiciaire « sera nécessairement abordée ». « Mais la famille attend une vérité complète, absolue, sur ce qui s’est passé, sur tous les sujets, indique-t-elle à l’AFP. Pour elle, c’est le procès d’une petite fille qui n’est plus là. »