SANTELe Nord s'inquiète des arrêts de travail liés à la santé mentale

Nord : Les arrêts de travail de plus en plus liés à la santé mentale dans les collectivités territoriales

SANTELe Centre de gestion de la fonction publique territoriale du Nord, qui s’occupe des petites collectivités, s’inquiète de l’essor des arrêts maladie liés à des problèmes de santé mentale
Gilles Durand

Gilles Durand

L'essentiel

  • Le Centre de gestion de la fonction publique territoriale du Nord s’occupe des ressources humaines au sein des 950 petites et moyennes collectivités locales.
  • Près de la moitié des arrêts de travail constatés concerne un problème de santé mental : burn-out, surmenage, troubles du sommeil…
  • Une étude a été menée pour trouver des solutions et enrayer le phénomène.

«Après deux ans d’arrêt, la boule de souffrance est toujours là. » Le témoignage de cette femme en dit long sur le mal qui la ronge. Comme 1.600 fonctionnaires territoriaux dans le Nord, son arrêt de travail longue durée est lié à un problème de santé mentale. Une problématique qui touche aujourd’hui près d’un arrêt maladie sur deux.

De quoi faire réagir le Centre de gestion de la fonction publique territoriale du Nord (CDG 59) qui s’occupe des ressources humaines au sein des 950 collectivités locales et territoriales de moins de 30.000 habitants, soit 27.000 fonctionnaires. Car la plupart du temps, ces salariés éprouvent beaucoup de difficulté à reprendre le travail.

Trouver des solutions

Ce « coût humain et financier » a donc obligé le CDG 59 à tirer la sonnette d’alarme, il y a deux ans. « Nous nous sommes saisis de cette question en missionnant une étude fouillée sur le sujet. L’objectif est de trouver des solutions », explique le centre de gestion.

Pendant ces deux années, une soixantaine de personnes, parmi lesquelles des médecins du travail et des chercheurs du Centre national des arts et métiers (Cnam), ont décortiqué les arrêts maladies liés au surmenage, aux burn-out ou aux troubles du sommeil.

« C’est la première fois qu’une enquête de cette envergure est menée en France. On a mis le doigt sur quelque chose, mais le travail d’analyse reste difficile », témoigne le CDG. Sur les 600 questionnaires envoyés aux malades longue durée, seules douze personnes ont accepté de participer.

Fatigue mentale

« Ce sont des personnes en extrême souffrance, précise Dominique Lhuillier, psychologue du travail au Cnam. Cette situation n’est pas spécifique à la fonction publique, mais quand cela arrive en entreprise, la personne est souvent licenciée car déclarée inapte au travail. Cette pratique n’est pas habituelle dans la fonction publique. »

« Les personnes les plus touchées travaillent souvent dans le domaine de la petite enfance. La confrontation conflictuelle face aux parents, l’attention qu’il faut porter aux enfants… Tout cela occasionne une fatigue mentale qu’on retrouve aussi chez des policiers municipaux, par exemple », note le CDG.

Sans oublier la violence des collègues ou du management. Ou tout simplement la conjoncture. « La collectivité pour laquelle je travaillais n’avait qu’une idée en tête : réduire les effectifs. La charge de travail augmente. Je continue tant que je ne craque pas. Un jour, le corps ne répond plus, la machine est vide », témoigne une fonctionnaire volontaire pour l’étude.

Solutions expérimentales

Deux municipalités de la métropole lilloise ont d’ores et déjà mis en place des solutions expérimentales pour sortir de cet engrenage. A La Madeleine, un accompagnement individuel a permis de faire revenir la moitié des personnes placées en longue maladie. « Une proportion assez rare », renchérit le CDG.

A Lambersart, la mairie travaille sur l’inclusion numérique pour les agents âgés. Ça a permis, par exemple, à un agent d’entretien de travailler dans l’accueil multiservice. Selon le CDG, « il faut identifier rapidement les premiers signes d’altération au travail : l’agacement qui devient de plus en plus agressif, une façon inhabituelle de travailler, un absentéisme qui augmente… »

Et Dominique Lhuillier de confirmer : « Il est important de trouver des moyens d’action car tous ces problèmes peuvent toucher n’importe quel salarié ».