METEOL’été a-t-il été aussi pourri que ça dans les Hauts-de-France?

Hauts-de-France : L’été a-t-il été aussi pourri que ça ?

METEOCôté météo, l'été qui se termine n’a pas été le plus vilain de ces dernières décennies, mais il a quand même battu ou flirté avec quelques records dans les Hauts-de-France
Gilles Durand

Gilles Durand

L'essentiel

  • L’été 2021, qui succède à quatre étés anormalement chauds, a donné l’impression d’être froid et pluvieux, dans les Hauts-de-France.
  • Depuis 1960, on s’aperçoit que deux étés sur trois ont pourtant été plus froids que celui de cette année.
  • Dans l’ensemble, on constate un tiers d’excédent de pluie sur l’ensemble de l’été par rapport à la moyenne habituelle, avec un record à Maubeuge et en Thiérache.

L’été 2021 se termine ce mardi. Et dans les Hauts-de-France, on a l’impression qu’il n’a jamais commencé. Pourtant, les statistiques météo montrent que l’effet de fraîcheur ressenti doit être nuancé et n’a rien d’historique. « Cet été succède simplement à quatre étés anormalement chauds et ensoleillés », explique Jean-Michel Meunier, du service climatologie de Météo France. Dur retour à la réalité du climat nordiste.

Un été froid ? Pas vraiment

Globalement, la région a vécu l’été le plus froid depuis 2014. Mais si on prend du recul depuis 1960, on s’aperçoit que deux étés sur trois ont été plus froids que celui de cette année. Il a donc fait plutôt chaud.

Cette impression d’été pourri passe aussi par la température maximale enregistrée à Lille. Elle n’a pas dépassé 30,4°, bien loin du 41,5° de 2019 et du 38,9° de 2020. Il faut remonter à 1993 pour avoir une température maximale aussi basse. « L’effet réchauffement climatique est bien visible, note Météo France. Car jusqu’à la fin des années 1960, on n’atteignait quasiment jamais les 30°. »

Dans le détail, mois par mois, c’est surtout août qui a dévissé (-1,2°) par rapport à la moyenne établie entre 1980 et 2010. En revanche, le mois de juin a été plus chaud (+2,6 %).

Les zones où il a fait le plus chaud sont Maubeuge et Steenvoorde, dans le Nord et la vallée de L’Authie, dans le Pas-de-Calais. Celles où il a fait le plus froid sont les Deux Caps et le territoire compris entre Compiègne, dans l’Oise et Château-Thierry, dans l’Aisne.

Un ensoleillement très faible

Par rapport aux quatre dernières années, sans surprise, le déficit de soleil apparaît clairement. On observe, en moyenne, une heure de soleil en moins par jour, aussi bien dans le Nord-Pas-de-Calais qu’en Picardie. Les zones les plus ensoleillées se situent sur la côte.

Avec 546 h de soleil sur trois mois, le Nord enregistre, là aussi, son plus bas niveau depuis 2014. Si on ne prend en compte que le mois d’août, il faut remonter à 2011 pour avoir aussi peu d’heures de soleil.

Le record de l’été le plus gris reste 2007 avec 450 h. Le plus ensoleillé demeure l’été 1976, dit « de la sécheresse » avec 846 h.

Que d’eau, que d’eau !

Dans l’ensemble, on constate un tiers d’excédent de pluie (264 mm) sur l’ensemble de l’été. « C’est révélateur d’un été très humide », confirme Météo France. Depuis vingt ans, seuls cinq étés ont été davantage arrosés avec un record en 2005 (331 mm).

Mais les situations ont été très disparates. Ainsi, Maubeuge flirte avec son record historique (379 mm, ce qui représente 70 % de précipitations par rapport à la moyenne). La Thiérache a également été très touchée (entre 350 et 380 mm). A l’inverse, à Calais (185 mm) ou Valenciennes et Cambrai (191 mm), entre Amiens et Beauvais (en dessous de 200 mm), l’été a plutôt été sec.

Les risques de sécheresse ?

« L’été pluvieux a permis que les tensions sur les nappes souterraines soient moins fortes, notamment pour les prélèvements pour l’irrigation, note la Direction régionale de l’environnement (Dreal). Cependant, une partie de ces pluies a été plus violente et concentrée, entraînant beaucoup de ruissellements sur les sols, ce qui n’apporte aucun caractère utile pour la végétation. »

Autre phénomène observé : le vent a beaucoup asséché la végétation. « Il n’y a pas eu de recharge des nappes souterraines car ce qui est prélevé et ce qui alimente la nappe est toujours négatif, précise la Dreal. Ces nappes sont dans un état normal mais n’offrent aucune garantie que de nouveaux épisodes de sécheresse n’apparaissent pas, surtout si la pluviométrie hivernale est faible et irrégulière. »