Lille : Classée sans suite, une affaire de cruauté envers un chien sera finalement jugée
MALTRAITANCE ANIMALE•Une avocate spécialiste de la cause animale utilise la citation directe pour traduire, devant un tribunal, un couple soupçonné d’avoir martyrisé et tué son chienGilles Durand
L'essentiel
- Un couple de Lillois se retrouve, jeudi, devant le tribunal correctionnel de Lille, soupçonné d’actes de cruauté sur un animal.
- Pourtant, l'affaire avait été classée sans suite par le ministère public.
- Pour relancer la procédure judiciaire, l’avocate choisit alors une citation directe mettant en cause le couple propriétaire du chien, preuves à l'appui.
Mise à jour, jeudi 9 septembre à 12 h : Le procès a été reporté au mois de mars 2022.
L’affaire a failli passer à travers les mailles du filet judiciaire. Néanmoins, un couple de Lillois se retrouve, jeudi, devant le tribunal correctionnel de Lille, soupçonné d’actes de cruauté sur un animal, malgré le classement sans suite du ministère public. C’est l’opiniâtreté d’une avocate marseillaise qui a permis à cette audience de se tenir.
L’histoire commence en mai 2019. Dans une résidence de Lille, une voisine aperçoit une dame en train de creuser un trou. « Visiblement pour enterrer un animal, raconte Isabelle Gharbi-Terrin, avocate spécialisée dans la cause animale. Or, la veille, elle avait aperçu des enfants roulant volontairement à vélo sur un petit chien, sous les yeux d’adultes qui ne disaient rien. »
Nombreuses fractures sur tout le corps
La voisine prévient la Société protectrice des animaux (SPA) de Lille Métropole. Sa directrice se rend sur place et décide de déterrer l’animal, une chienne style Yorkshire, ensevelie dans un sac plastique. Le rapport d’un vétérinaire révélera des ecchymoses et de nombreuses fractures sur tout le corps, notamment au niveau de la boîte crânienne. « Ce pauvre petit chien, qui avait sept ou huit mois, a subi le martyre », assure l’avocate.
Plainte est donc déposée par la SPA pour cruauté envers un animal de compagnie. Or, quelques mois plus tard, en novembre 2020, le procureur classe l’affaire sans suite. Une décision qui irrite profondément Me Gharbi-Terrin « Je n’accepte pas que la loi ne soit pas appliquée. Or, martyriser et tuer un animal est passible de deux ans de prison », s’insurge-t-elle.
Pour relancer la procédure judiciaire, l’avocate choisit alors une citation directe mettant en cause le couple propriétaire du chien, preuves à l’appui. « J’espère que les deux seront lourdement condamnés, insiste Me Gharbi-Terrin. Il y en a marre des actes de cruauté sur des animaux innocents de tout, qui sont les exutoires des frustrations, les punching-balls d’une violence aveugle et tellement injuste. »
De son côté, l’avocat des mis en cause, Me Eric Cattelin, minimise le dossier. « Ce n’est pas pour rien qu’il avait été classé sans suite, explique-t-il. Les éléments matériels et intentionnels qui doivent caractériser une faute sont absents. Personne n’a vu ce chien se faire violenter ». Il va plaider la relaxe.