Lille : Le casse-tête de la vaccination anti-Covid pour certaines personnes allergiques
EPIDEMIE•Le centre hospitalier de Lille s’avoue débordé par les demandes de tests allergologiquesGilles Durand
L'essentiel
- Il existe effectivement quelques contre-indications à la vaccination contre le Covid-19, permettant d’être dispensé du pass sanitaire.
- Parmi ces contre-indications figure effectivement l’antécédent allergique à un des composants du ou des vaccins.
- Il existe très peu de cas, selon le président de la fédération française d’allergologie.
Peut-on se faire vacciner si on souffre d’allergies ? La question se pose de façon plus pressante depuis l’annonce de la mise en place du pass sanitaire, le 12 juillet. Car il existe effectivement quelques contre-indications à la vaccination contre le Covid-19. Ainsi, un décret ministériel, paru au journal officiel, le 7 août, fixe les cas d’exception pour être dispensé du pass sanitaire.
Et parmi ces contre-indications figure effectivement l’antécédent allergique à un des composants du ou des vaccins. Le vaccin Moderna, par exemple, concentre du trométamol. En cas d’allergie ou de soupçon d’allergie à cette molécule, il est impératif d’injecter un autre vaccin.
Des allergies rares
Cette disposition figure dans un document édité, en avril, par le centre hospitalier (CHU) de Lille à destination des personnes concernées. On y note que des allergies aux polyethylènes glycol (PEG) ou au polysorbate (substances qui servent à fluidifier le vaccin) excluent toute possibilité de vaccination.
Concernant le PEG, « c’est un allergène très peu important : il est très utilisé et provoque peu de réactions, expliquait à 20 Minutes, Frédéric de Blay, président de la fédération française d’allergologie. Dans mon CHU, un des centres les plus importants en allergologie, sur 7.000 patients, on doit en voir un ou deux par an qui sont allergiques au PEG. C’est tellement rare qu’il n’y a pas d’étude épidémiologique. »
Débordé par les demandes
Reste le cas de certaines personnes allergiques qui ne savent pas exactement à quel produit. « En prenant un anti-inflammatoire, j’ai déclenché une allergie lorsque j’étais enfant. Depuis, je n’en prends plus mais je ne sais pas quelle substance est concernée », témoigne un internaute à 20 Minutes.
Une autre s’est vue refuser le vaccin en raison de précédentes réactions allergiques, également aux anti-inflammatoires. Dans ces cas, la procédure nécessite de faire des tests allergologiques dans un service hospitalier pour éviter tout risque de réactions.
Or, depuis plusieurs mois, le service allergologie du CHU de Lille se dit débordé. « Le nombre très élevé de demandes ne nous permet pas de répondre dans des délais satisfaisants », peut-on lire en préambule d’un courrier de réponse à un internaute nécessitant un avis.
Casse-tête pour les personnes allergiques
« Le nombre de personnes souffrant d’allergie a augmenté ces dernières années et le service est assez surchargé », reconnaît la direction du CHU de Lille. Contacté pour connaître sa situation, l’hôpital Provo de Roubaix, qui possède aussi un service allergologique, n’a pas donné suite.
Dans une période où sans pass sanitaire, les contraintes sont plus fortes, le casse-tête pour les personnes allergiques semble donc réel. La solution semble passer par le médecin traitant, seul habilité à délivrer une « attestation de contre-indication médicale » en cas d’allergie avérée.
« S’il persiste un doute ou une indication à un avis allergologique, le médecin traitant peut adresser directement la demande au service d’allergologie », précise le CHU de Lille. Sauf que pendant l’été, beaucoup sont en vacances. Reste à prendre son mal en patience.