Lille : Reports, retard, ralentissement... Un parcours semé d'embûches pour créer son restaurant en pleine pandémie
COMMERCE•A Lille, malgré l’épidémie de coronavirus, des établissements ont tout de même ouvert leurs portes. Trois entrepreneurs ont porté leurs concepts de restaurants malgré les galères liées à cette période particulièreGaëtane Deljurie
L'essentiel
- Les créateurs ont dû faire face à certains délais
- Nū, le resto hype, devait déjà ouvrir en 2018
- Tous attendent impatiemment le retour à la vie normale
Dire que le Nū Restaurant aurait dû ouvrir ses portes en septembre 2018, en pleine braderie de Lille. Le coup d’envoi sera finalement donné le 9 juin prochain. Soit quasiment trois ans plus tard que prévu ! « Nous avons cumulé les retards, entre le démarrage des travaux d’aménagement et le ralentissement du chantier dû au premier confinement. Nous étions presque prêts quand la 2e vague est arrivée », raconte Maxime Schelstraete, créateur du très attendu rooftop haut de gamme lillois.
Les recrutements des 40 collaborateurs ont alors été stoppés, même si huit managers ont pu être mis en chômage partiel. Problème : le fonds de solidarité n’est grosso modo accessible qu’aux établissements ayant enregistré un chiffre d’affaires. « Nous n’avons rien perçu pendant longtemps. Nous commençons seulement à toucher un tout petit peu de subventions car nous avions organisé des prestations privées entre les deux confinements », dévoile Maxime Schelstraete.
Des charges fixes incompressibles sans rentrée d’argent
Ce qui n’est clairement pas assez pour couvrir toutes les charges fixes de cette surface de 800 m2. « C’est très compliqué, il faut garder la tête froide. Heureusement, notre banque a décalé tous nos emprunts et les loyers ont été différés. Les associés et le fonds d’investissement continuent de nous soutenir car les frais de report restent assez conséquents ».
Avec des frais de structure bien plus légers, Arnaud Taisne avait, lui, jeté son dévolu sur le local du 1, rue des Bouchers à Lille en mars 2020. « Cela faisait un moment que je cherchais à m’installer, avec un concept uniquement en livraison et à emporter qui n’existe pas ailleurs : Truffe & Baguette ». Entre les différentes étapes et les reports dus au confinement, l’entrepreneur n’a finalement eu les clefs qu’en janvier dernier. « Le propriétaire a fait un geste et j’ai pu ouvrir le 1er mai : on pâtit clairement du manque de passage, à cause du télétravail et de la fermeture des boutiques. Nous attendons impatiemment les prochaines semaines pour se rendre compte de la différence ».
Pour les deux sœurs lilloises Sarah et Coline Desreumaux, c’est plutôt la crise du Covid-19 qui a permis de faire démarrer le projet. « Coline a été licenciée à cause de cette crise sanitaire et comme cela faisait quelques années qu’on y pensait, on a décidé de lancer Graine de Toast, un food-truck zéro déchet qui propose des tartines de produits en circuit-court », explique Sarah. « Notre questionnaire d’études de marché a très bien marché car on l’a mis en ligne lors du premier confinement, quand les gens avaient le temps de répondre », poursuit-elle. Même si les confinements ont pu faire traîner quelques démarches administratives, le food-truck doit être livré pour un démarrage d’activité, début juin.