Déconfinement à Lille : Pourquoi boire un coup en terrasse risque d’être compliqué
DECONFINEMENT•Plusieurs éléments vont venir perturber l’euphorie liée à la réouverture des terrasses dans la capitale des FlandresMikaël Libert
L'essentiel
- Dès mercredi, bars et restaurants vont de nouveau accueillir les clients, mais uniquement en terrasse.
- A Lille, la mairie a décidé de n’accorder de terrasse éphémère qu’aux restaurants comme cela avait été fait en juin dernier.
- Pour certains patrons de bars, la réouverture dans ces conditions ne sera pas forcément rentable.
Une place en terrasse à prix d’or. Dans le Nord, l’impatience liée à la réouverture des terrasses est peut-être moins forte qu’ailleurs, notamment parce que se faire servir à manger ou à boire dans un resto ou un bar est possible depuis deux semaines chez nos voisins belges. Pour autant, à Lille, l’attente est quand même forte. Sauf que les consommateurs risquent d’être rapidement confrontés à un déséquilibre entre l’offre et la demande. Explications.
Le premier facteur qui pourrait perturber la réouverture des terrasses, mercredi, c’est le temps. Le Nord est entré dans un tunnel de pluie qui, selon Météo-France, devrait durer encore quelques jours. Alors certes, certains établissements sont équipés de stores ou de parasols qui pourront vous permettre de rester au sec. Mais cela ne sera pas le cas des extensions de terrasses ou des terrasses éphémères pour lesquelles les professionnels ne pourront installer de protection ne respectant pas le « cahier des charges du règlement des emprises commerciales ».
Le cas particulier et complexe du Vieux-Lille
Ensuite, il y a les règles d’occupation de l’espace public qui brident de fait bon nombre de velléités d’extensions de terrasses. Il y a notamment ce logique 1,40 m à laisser libre sur les trottoirs pour permettre le passage des personnes à mobilité réduite. Dans un certain nombre de rues, particulièrement dans le Vieux-Lille, il sera donc impossible d’ajouter des tables. C’est le cas, par exemple, du Point central, rue de la Clé. « On reste avec la configuration habituelle d’une seule rangée de tables, mais à 50 % de la capacité », explique un employé.
Sur la place Louise-de-Bettignies, récemment rénovée et dont les espaces piétons ont été largement agrandis, plusieurs restaurateurs se sont pris une douche froide. « La mairie nous a dit qu’il n’était pas question d’installer des tables sur les trottoirs de la place», affirme un gérant de restaurant, ajoutant, résigné, « nous allons devoir attendre le 9 juin pour rouvrir du coup ». Trois établissements sont concernés, le Broc, La Clique et anciennement chez Guiseppe. « Ils le savaient, ce n’est pas une surprise et cela concerne trois places sur lesquelles on ne veut pas de terrasse pour éviter la fuite des autres commerces que les bars et les restaurants », insiste Jacques Richir, adjoint au maire de Lille.
Plus de 200 demandes de terrasses éphémères
Comme en juin dernier, la ville a décidé de n’accorder des extensions de terrasses qu’aux seuls restaurateurs. Une mesure assumée : « La réouverture des terrasses doit se faire à demi-jauge, en position assise exclusivement, sans excéder 6 personnes par table », explique Jacques Richir. « Ces conditions sont difficiles à respecter pour les bars et l’expérience de l’an dernier l’a d’ailleurs bien montré », assure-t-il. Les établissements disposant déjà de grandes terrasses pourront composer, les autres moins.
« Nous avons 9 tables d’habitude qu’il faudra réduire à 6. Ça ne sera sans doute pas rentable mais il faut tout de même ouvrir mercredi, pour les équipes et pour les clients », reconnaît un employé du Queen Victoria, place Sébastopol. Selon la mairie, ce sont 248 demandes de terrasses éphémères qui ont été déposées et 168 qui ont déjà été acceptées: « Une quarantaine seulement a été refusée, essentiellement pour des raisons topographiques », déclare l’adjoint au maire.
Il y a toujours la possibilité, pour les établissements dont la terrasse compte moins de 10 tables, de conserver une jauge à 100% sous réserve d’installer « une séparation visant à prévenir les projections entre les tables, au moyen par exemple d’une paroi, d’un panneau, d’un paravent, d’une jardinière, à hauteur de la personne assise », prévoit le protocole national de réouverture. Une option choisie, par exemple, par le bar La Biche et le renard, rue de Gand. Pas sûr néanmoins que cela suffise pour accueillir tout le monde. L’option belge garde ainsi tout son sens, notamment à Tournai où le bourgmestre, Paul-Olivier Delannois, accorde des extensions de terrasses sans distinction aux bars et aux restos.