Coronavirus dans le Nord : A l'Université de Lille, on mange dans les amphis
GASTRONOMIE ETUDIANTE•L'Université de Lille met en place des lieux dédiés à la prise des repas pour les étudiants qui souhaitent manger sur placeCamille Ruiz
L'essentiel
- En attendant de pouvoir manger à nouveau sur place dans les restaurants universitaires, des amphithéâtres sont mis à la disposition des étudiants
- Le protocole sanitaire est strict, mais la mesure était véritablement nécessaire pour certains
- Les restaurants universitaires seront en mesure d’accueillir à nouveau les étudiants sur place « dans les jours à venir » selon la ministre de l’Enseignement supérieur
On mange où l’on étudie. Fermés lors du dernier confinement, les restaurants universitaires (RU) ont rouvert, mi-décembre, mais uniquement pour de la vente à emporter. A défaut de pouvoir déjeuner sur place, les étudiants retournaient manger dans leur 9 m2, seuls. La jeunesse étudiante, qui dénonçait la précarité et l’isolement, a été finalement entendue par le gouvernement. Les facs ont donc rouvert partiellement depuis fin janvier. A Lille, l’université a mis des salles à disposition de ses élèves pour les repas en attendant la réouverture complète des restaurants universitaires. 20 Minutes est allé tester ce dispositif.
Sur le chemin du restaurant universitaire, nous croisons une jeune étudiante pressée, serrant contre elle son sac en papier. Elle n’a que peu de temps, est au courant des salles disponibles mais préfère rentrer chez elle. « Je mange seule de toute façon », lâche-t-elle en haussant les épaules. Dans la file d’attente du RU, nous rencontrons Timothée, qui va essayer pour la première fois les salles mises à la disposition des étudiants.
« Dehors, il fait trop froid »
« A Sciences Po, ce n’est pas possible de manger sur place, et dehors, il fait trop froid », explique le jeune homme de 19 ans. Comme tous les autres élèves en première année, il a le droit de retourner à l’université une fois par semaine. Mais aujourd’hui, Timothée n’a pas le temps de rentrer, il a cours dans une heure. L’étudiant nous apprend que deux amphithéâtres sont ouverts pour y manger au chaud. Il l’a lui-même appris grâce au bouche-à-oreille, faute de précisions dans le mail de l’Université.
A l’entrée de l’une des salles, la sécurité nous donne les consignes : il faut au moins quatre sièges vides entre chaque étudiant. Ils sont déjà une trentaine à manger, éparpillés dans tout l’amphi. Depuis les annonces d’Emmanuel Macron, le 21 janvier, tous ont droit à deux repas par jour à un euro. Nous, nous avons opté pour un couscous aux légumes et trois « périphériques » au choix. Équilibré, et suffisant.
« Excusez-moi, quatre sièges entre vous ! » rappelle la personne chargée de la sécurité à quatre étudiants qui n’avaient laissé qu’un siège entre eux. On ne pourra pas dire que le protocole sanitaire n’est pas contrôlé. Malgré cela, les étudiants se retrouvent, échangent, discutent. Ils en avaient besoin.
Vers une réouverture des RU « dans les jours à venir »
Emeline est accompagnée d’Elisabeth, une jeune Russe en Erasmus qu’elle vient de rencontrer dans la file pour récupérer son repas. « Elle ne comprend pas très bien le français, donc j’ai essayé de l’aider, en anglais ». Pour Emeline, permettre aux étudiants de manger sur le campus était une nécessité. « C’est plus sympa, les moments conviviaux comme ça. C’était un manque, une perte sociale qui allait avoir des répercussions sur nos comportements », ajoute-t-elle. Et pour l’étudiante, les repas à un euro ne sont pas qu’une mesure économique : « C’est bien qu’ils aient fait ça. Ça fait du bien de voir que l’on n’est pas complètement oublié ».
Mieux que rien en somme, cela nous a au moins permis de ne pas déguster notre couscous seuls. Vendredi dernier, la ministre de l’Enseignement supérieure, Frédérique Vidal, a annoncé la réouverture complète des restaurants universitaires « dans les jours à venir ». Cela permettra aux étudiants de manger à nouveau sur place.