Lille : Obtenir le label Unesco pour la citadelle Vauban ne sert à rien selon la ville
PATRIMOINE•La ville de Lille a acté son divorce avec l’Unesco sur le dossier de la citadelle en dénonçant l’intransigeance de ses expertsMikaël Libert
L'essentiel
- La citadelle Vauban de Lille ne sera pas classée au patrimoine de l’Unesco.
- La ville dénonce l’intransigeance de l’institution et ses règles figées.
- La municipalité estime par ailleurs qu’elle ne perd rien à ne pas obtenir le label.
Mi-novembre, la mairie de Lille avait officiellement annoncé qu’elle renonçait à poursuivre les démarches visant à inscrire la citadelle Vauban au patrimoine mondial de l’Unesco. Un retrait qui avait fait naître un début de polémique, notamment au sein de l’opposition municipale, en raison des arguments avancés par la ville. Entre-temps, certains points de blocage avec l’Unesco ont sauté, ce qui n’empêche pas la municipalité de maintenir sa position, dénonçant le « flou » et « l’intransigeance » des règles du réseau Vauban.
Pour les experts de l’Unesco, le périmètre de la citadelle Vauban de Lille est bien plus vaste que celui que l’on connaît, limité à la célèbre étoile de remparts. Ce qui, selon la mairie, devrait alors être « figé » correspond à un périmètre très large du « bien à inscrire » et à une zone tampon encore plus large. Et le problème, toujours selon la ville, c’est que plus rien ne pourrait se faire dans ce périmètre sans l’aval de l’Unesco. Les projets du tramway et du canal Seine Nord avaient été alors brandis en exemples par la mairie comme pouvant être compromis. C’est finalement mois évident qu’il n’y paraît.
« Les élus n’ont plus les mains libres »
Exit déjà l’argument du canal, Voies navigables de France (VNF) ayant précisé que le tronçon concerné ne ferait que l’objet d’un curage. Reste le tramway dont le tracé doit longer la façade de l’Esplanade. La ville concède que le classement Unesco de la zone n’empêcherait pas forcément sa construction. « En fait, c’est assez flou. Les experts n’ont pas dit que ce serait impossible de faire un tramway. Sauf que la déclaration de valeur universelle rendra la chose compliquée. S’il fallait enterrer les caténaires par exemple, le coût serait beaucoup trop important », affirme Didier Joseph-François, conseiller municipal délégué au Patrimoine.
Pour Marie-Pierre Bresson, adjointe déléguée à la Culture, il n’est pas question d’insulter le passé et l’avenir. « Les experts de l’Unesco ont clairement dit que les élus n’ont plus les mains libres dans le périmètre concerné. Il faut alors se poser la question de ce que l’on veut faire et de ce que l’on peut faire dans la zone tampon », insiste-t-elle. Pour l’élue, « l’intransigeance » de l’Unesco est incompatible avec « les enjeux environnementaux des villes durables qui nécessitent notamment la densification urbaine ». Le label Unesco empêcherait-il des velléités de valorisation foncière ? « Le territoire de la fortification Nord est en questionnement par rapport à des projets d’aménagements », lâche Didier Joseph-François. « Mais ce n’est à l’heure actuelle pas une des raisons de notre retrait », assure l’adjointe à la Culture.
Peu importe de toute façon. Après avoir bossé trois ans sur le dossier, les élus se sont finalement rendu compte que le label Unesco ne servait pas à grand-chose. « Sans le label, on ne perd rien. On nous a opposé le rayonnement de la ville à l’international, sauf que Lille n’a plus rien à démontrer de ce côté-là. On ne perdra pas en attractivité », affirme Marie-Pierre Bresson.