La tactique anticrise des ch'tites entreprises

La tactique anticrise des ch'tites entreprises

Il n'y a pas que les plans de licenciement dans la vie. Malgré la crise, certaines boîtes nordistes semblent avoir trouvé la martingale. Cinq tactiques gagnantes pour inverser les courbes.
Olivier Aballain, Gilles Durand et Vincent Vantighem

Olivier Aballain, Gilles Durand et Vincent Vantighem

Il n'y a pas que les plans de licenciement dans la vie. Malgré la crise, certaines boîtes nordistes semblent avoir trouvé la martingale. Cinq tactiques gagnantes pour inverser les courbes.

■Technicité En 2009, ce sera l'une des stars du Parc scientifique européen de la Haute-Borne, à Villeneuve-d'Ascq. Après 900 % de croissance en 2008, Osyris table sur 300 % cette année. Professeur à l'université de Lille-I, son PDG Jaoual Zemmouri n'est pas fâché avec les chiffres. Fondée en 2002, sa société, spécialisée dans la conception de lasers chirurgicaux, a décollé il y a deux ans. Sa force : la recherche. Une activité qui occupe vingt salariés sur cinquante. Osyris, avec ses 4,5 millions d'euros de chiffre d'affaires, est même en train de racheter son distributeur américain, Med Surge (8,5 millions de dollars de CA). En pleine crise, il fallait oser. « Les financeurs ont plus de mal à trouver de l'argent, mais quand on a un bon projet ils suivent encore. » Philippe Colette, le directeur de la Haute-Borne, confirme : « Les secteurs de pointe sont les plus préservés en ce moment. »

■ Proximité Ce n'est un secret pour personne : la frite est une spécialité nordiste. Alors quand la société Mc Cain a cherché un site pour un nouvel entrepôt frigoriphique, Harnes s'est naturellement imposée. « Le Nord, le Pas-de-Calais et la Picardie, c'est les trois quarts de la production française de pomme de terre. Et c'est aussi la première région consommatrice », explique Christophe Rigo, vice-président des opérations Europe de Mc Cain, précisant que ce rapprochement géographique permet aussi à l'entreprise d'économiser les coûts de 272 000 km parcourus par an, soit l'équivalent de 8 000 camions de moins sur les routes. L'investissement, qui va créer 50 nouveaux emplois, représente 42 millions d'euros.

■Diversité « En novembre et décembre, c'était la catastrophe. Mais en janvier, les choses semblent redémarrer. » Conseiller emploi dans la zone franche urbaine de Lille-Sud, Eric Louarn veut positiver. Il a raison. Avec la crise, l'intérêt des entreprises pour ces zones défiscalisées et exonérées de charges pourrait bien se renforcer. Exemple avec Citadelle, une plate-forme de télémarketing posée sur la rue de Cannes, à Lille-Sud. Ouverte l'an dernier, la structure vient d'embaucher dix personnes, dont « sept du quartier », se targue la gérante. Et ce n'est pas fini. D'ici la fin de l'année, les effectifs vont doubler pour atteindre une quarantaine de salariés.

■La bonne idée Elle s'appelle AW 12.5. A partir de mai, ce nouveau modèle d'éolienne envahira les toits de la métropole pour produire du chauffage. Particularité : ses pales sont à l'horizontale, contrairement aux éoliennes classiques. Alain Burlot, patron d'Apple Wind, planche dessus depuis six ans. Il résout ainsi plusieurs problèmes : l'éolienne fonctionne de façon optimale quelle que soit l'orientation du vent ; plus petite, elle est plus facile à installer ; et les pales s'arrêtent de tourner si le vent souffle trop fort. Deux exemplaires sont déjà prévus pour équiper le futur Grand Stade de Lille. Alain Burlot, qui compte embaucher soixante salariés, table sur un chiffre d'affaires de 10 millions d'euros.

■Flexibilité Des emplois comme s'il en pleuvait. Après avoir embauché cent conseillers clientèle pour son centre d'appel à Longuenesse, Arvato services en prévoit encore autant pour 2009-2010. Car l'activité reste porteuse. « Les sociétés font des économies rapides en externalisant leurs services chez nous », explique-t-on chez Arvato. Au point qu'un autre projet pourrait être annoncé en mars, dans le Dunkerquois.