CULTELes curés hors-la-loi passent outre la jauge de 30 personnes à Lille

Confinement à Lille : Les curés hors-la-loi passent outre la jauge de 30 personnes

CULTELe grand patron des curés de Lille appelle ouvertement à accueillir tous les fidèles malgré la limitation fixée à 30 personnes par le gouvernement
Mikaël Libert

Mikaël Libert

L'essentiel

  • Les offices religieux sont limités à 30 personnes lors du déconfinement progressif.
  • L’archevêque de Lille a appelé néanmoins à recevoir tous les fidèles.
  • Le Conseil d’Etat a sommé le gouvernement à revoir ses mesures pour les lieux de culte.

Tu ne refuseras point de fidèle. Vendredi, l’archevêque de Lille, Laurent Ulrich, s’est élevé contre les mesures gouvernementales restreignant le nombre de personnes pouvant participer aux offices religieux. Pour ce premier week-end de l’Avent, il a appelé ouvertement ses curés à « accueillir tous les croyants ».

« Nous ne sommes pas des hors-la-loi, nous essayons simplement d’être intelligents », assurait ce dimanche matin l’abbé Bruno Mary quelques minutes avant de célébrer la messe à la cathédrale Notre-Dame de la Treille, à Lille. A la porte du lieu de culte il n’y avait en effet personne pour contrôler les entrées. « Monseigneur Ulrich nous a dit de faire ce que l’on pouvait dans le respect des mesures sanitaires », poursuit l’abbé.

« Arbitraire, discriminatoire et irréaliste »

Dans sa cathédrale, d’une jauge maximale de 1.200 personnes, Bruno Mary a décidé de faire des groupes de 30 personnes. « D’autres collègues ont mis en place un comptage ou ont multiplié le nombre de messes. On s’organise comme on peut en tenant compte des gens fragiles », explique l’homme d’Eglise.

« Durant le week-end, les églises où cela est possible seront ouvertes à tous les croyants. […] On ne saurait laisser un cœur qui cherche Dieu à la porte », a martelé l’archevêque de Lille. Laurent Ulrich juge « arbitraire, discriminatoire et irréaliste » la jauge de 30 personnes imposée aux lieux de culte. D’autant que ce n’est pas le cas de tous les établissements recevant du public (ERP), comme les centres commerciaux. « On comprend que le gouvernement privilégie l’économie, il faut bien que les gens vivent, mais les églises sont des lieux de réconfort dont les gens ont besoin en ce moment », tempère l’abbé Mary. Saisi par les évêques de France, le Conseil d’Etat leur a donné raison et a sommé, ce dimanche, le gouvernement de modifier ses mesures.

Pourtant, malgré le soutien du grand patron, il n’y avait pas foule à la messe de 11h à la cathédrale. A peine une trentaine de personnes, alors que, selon l’abbé, la messe du dimanche attire habituellement 300 fidèles. La faute au froid ? A la peur de l’amende ? Néanmoins, pendant ce temps, un autre culte tirait son épingle du jeu, celui de la consommation. Les rues commerçantes du centre-ville se remplissaient déjà en milieu de matinée. Des files d’attente commençaient même à se former devant certains magasins alors que le brouillard n’était pas encore levé.