PATRIMOINEPourquoi Lille renonce à inscrire sa citadelle au patrimoine mondial

Lille : Pourquoi la mairie renonce à l’inscription de sa citadelle au patrimoine mondiale de l’Unesco

PATRIMOINELe classement au patrimoine mondial de l’Unesco de sa citadelle imposait à la ville de Lille des contraintes pour l’aménagement d’un futur tramway et du Canal Seine-Nord
Gilles Durand

Gilles Durand

L'essentiel

  • La citadelle Vauban de Lille n’entrera pas au patrimoine mondial de l’Unesco.
  • La ville de Lille a décidé de retirer sa candidature à cause des contraintes liées à cette inscription concernant le tracé du futur tramway et le Canal Seine Nord.

La citadelle Vauban de Lille n’entrera pas au patrimoine mondial de l’Unesco. La mairie a officiellement annoncé, vendredi, son retrait du Réseau Vauban chargé du classement des fortifications de l’architecte de Louis XIV. Demande de classement qui rassemblait les monuments de Lille, du Quesnoy et de Breisach-am-Rhein.

Pour Vauban, au XVIIe siècle, la forteresse était la « reine des citadelles », bâtie pour protéger la cité. Aujourd’hui, cet édifice devient un obstacle aux futurs projets d’aménagement logistiques. Selon l’adjointe chargée du dossier, Marie-Pierre Bresson, « les exigences du réseau Vauban compromettent des éléments majeurs de la ville durable que nous souhaitons mettre en œuvre ». Explications.

Zone tampon

Les exigences d’un classement Unesco « contraignent la ville à inscrire le périmètre Monument Historique de 94 hectares incluant l’esplanade et les rives de la Deûle jusqu’au canal à grand gabarit, ainsi qu’une zone tampon plus vaste encore », explique l’élue dans un communiqué.

Or, la mairie a constaté que ce périmètre empêchait la réalisation du futur tracé du tramway, ainsi que la construction du Canal Seine-Nord Europe, deux projets adoptés en 2019. Sauf que la demande d’inscription de la ville date de 2017. L’équipe de Martine Aubry connaissait donc les contraintes liées à cette inscription quand ils ont validé le tracé du futur tramway, lors du vote à la métropole de Lille.

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« Depuis plusieurs mois, la ville a fait part aux experts du Réseau Vauban de ses remarques et de ses réserves sans être entendue, ce qui l’a contrainte, en responsabilité, à prendre cette décision de retrait », indique Marie-Pierre Bresson, dans un communiqué.

« Une renommée, mais aussi des engagements à respecter »

Le Réseau Vauban « prend acte de la décision », mais avance une autre version. « Le représentant de Lille a fait connaître son inquiétude relative à l’un des attendus (…) qui consiste à établir une zone tampon autour du site et la compatibilité avec l’évolution de la ville de Lille », explique-t-il, dans un communiqué.

Une visite sur site a été proposée par la nouvelle présidente du Réseau, maire de Besançon, Anne Vignot, « pour essayer de lever les incertitudes de Lille », selon le Réseau. « Cette visite a avorté et le Réseau a reçu un courrier de la Mairie de Lille annonçant son retrait du projet d’extension du réseau ».

« L’inscription au classement Unesco est une reconnaissance qui apporte une renommée, mais ce sont aussi des engagements à respecter ce patrimoine », précise le Réseau Vauban, qui a reçu le courrier de désistement fin octobre.

La présence de militaires

En 2008, douze fortifications de Vauban, dont celle d’Arras, avaient déjà obtenu le label « patrimoine mondial de l’humanité ». A l’époque, c’est la présence de forces militaires dans l’enceinte lilloise qui avait bloqué le dossier. La citadelle de Lille reste classée comme monument historique.

Quant au Réseau Vauban, il assure resté « très engagé pour (…) faire connaître ce patrimoine ». Mais après l’abandon de Lille, une réunion doit décider de poursuivre le travail d’extension avec les deux autres villes candidates : Le Quesnoy, dans le Nord et Breisach-am-Rhein, en Allemagne.

A Besançon, la citadelle classée « exprime très magnifiquement l’intégration aux formes paysagères », précise encore le Réseau Vauban, tout comme le triptyque de Blaye/Cussac-Fort-Médoc, « véritable verrou sur l’estuaire de la Gironde » ou encore Neuf-Brisach, « chef-d’œuvre et synthèse de l’œuvre de Vauban ».