Mort d'Elisa Pilarski : Le chien Curtis avait été acquis illégalement et « dressé au mordant »
ENQUÊTE•Un an après la mort d’une femme dans une forêt de l’Aisne, les investigations montrent que la victime a été tuée par le chien de son compagnonMikaël Libert
L'essentiel
- Une jeune femme enceinte est morte à la suite de morsures de chien il y a un an dans une forêt de l’Aisne.
- L’enquête a permis de déterminer que seul le chien de son compagnon était impliqué, écartant la piste d’une meute de chasse à courre.
- L’animal, un american pitbull terrier, avait été acquis illégalement et dressé au mordant, une pratique interdite en France.
Cela fait presque un an qu’Elisa Pilarski, une jeune femme enceinte, a été retrouvée morte, tuée par des chiens, dans une forêt de l’Aisne. Longtemps, les soupçons ont visé une meute de chiens appartenant à un équipage de chasse à courre qui se trouvait non loin du lieu du drame. Selon le parquet de Soissons, il est aujourd’hui certain que seul Curtis, le chien du compagnon de la victime, est impliqué dans sa mort. Un american pitbull terrier qui n’avait rien à faire en France.
Le samedi 16 novembre 2019, Elisa Pilarski, 29 ans, passait un appel inquiétant à son compagnon Christophe alors qu’elle promenait Curtis, le chien de ce dernier, en bordure de la forêt de Retz, dans les environs de Saint-Pierre-Aigle. Lorsque l’homme est arrivé sur place, il a découvert la jeune femme morte, le corps recouvert de morsures.
« Le chien Curtis a fait l’objet d’un dressage au mordant »
Une enquête avait été ouverte par le parquet de Soissons. Des prélèvements ADN avaient été effectués sur les 5 chiens appartenant au couple ainsi que sur 33 chiens d’une meute de chasse à courre. Parallèlement, des experts ont analysé les blessures présentes sur le corps d’Elisa Pilarski. Il ressort de ces investigations que seul l’ADN du chien Curtis a été retrouvé sur le corps de la victime et les morsures sont compatibles avec la mâchoire de ce même animal. « Les expertises se rejoignent et tendent à démontrer l’implication exclusive du chien Curtis dans les morsures ayant entraîné la mort de Mme Pilarski », affirme le procureur de Soissons, Eric Boussuge.
L’enquête a aussi permis de déterminer que le chien mis en cause, un american pitbull terrier, avait été acquis par le compagnon de la victime dans un élevage aux Pays-Bas et introduit illégalement en France. Selon le parquet de Soissons, « il apparaît également que le chien Curtis a fait l’objet d’un dressage au mordant, forme d’apprentissage interdite en France ». Les experts affirment par ailleurs que « ce mode de dressage est de nature à abolir toute capacité de contrôle ou de discernement et conduit à un comportement sans discrimination concernant l’objet ou la personne mordue. »
Pour autant, l’information judiciaire n’est pas close. Le parquet précise que les parties peuvent encore demander « des actes supplémentaires ». Le procureur espère aussi que la suite de l’enquête puisse se dérouler « dans un contexte apaisé ». L’affaire avait en effet vivement opposé le camp des chasseurs, notamment les défenseurs de la chasse à courre, à celui des antichasses.