Coronavirus à Lille : Privés de salle de sport, ils partent s’entraîner en Belgique ou dans le Pas-de-Calais
ECONOMIE•Si les salles de sport sont fermées dans la métropole lilloise depuis le 26 septembre, ce n’est pas le cas en Belgique ou dans le Pas-de-Calais voisinFrançois Launay
L'essentiel
- Depuis le 26 septembre, les salles de sport situées dans la métropole lilloise sont fermées pour lutter contre le Covid.
- Mais de nombreux adeptes contournent la mesure en allant s’entraîner à la frontière belge, dans d’autres endroits du Nord ou dans le Pas-de-Calais voisin où cette fermeture ne s’applique pas.
- Ce qui n’est pas sans poser problème en termes de surfréquentation dans certains endroits et de marasme économique pour les salles lilloises.
Vous pouvez chercher longtemps sur Internet ou passer des dizaines de coups de téléphone, dans la métropole lilloise personne ne vous ouvrira les portes d’une salle de sport. Et pour cause. Placée en zone alerte rouge renforcée, la métropole lilloise doit respecter des conditions strictes pour lutter contre le Covid. Parmi elles, la fermeture intégrale des salles de sports.
De quoi frustrer des milliers de pratiquants dans le secteur. Sauf que la parade a été vite trouvée. Située à quelques encablures de la métropole lilloise, la Belgique n’est absolument par concernée par ce genre de mesures. Et depuis le 26 septembre, date à laquelle les salles ont fermé à Lille, on constate clairement un afflux de sportifs français de l’autre côté de la frontière. A Mouscron, commune limitrophe de Tourcoing où tout est fermé, la salle Universal Fitness n’avait jamais connu une telle affluence.
« Le malheur des uns fait le bonheur des autres »
« On a énormément de demandes. Il y a au moins une dizaine de personnes en plus par jour par rapport à d’habitude. Il y a même des gens qui ont pris des abonnements d’un mois tant ils pensent que ça va durer en France. C’est une aubaine pour nous. Le malheur des uns fait le bonheur des autres » se réjouit Deborah Devooght, gérante des lieux.
En Belgique comme en France, le masque est obligatoire et il faut désinfecter les machines après chaque passage. Seule la distanciation sociale change : elle est d’1 m 50 chez nos voisins au lieu d’1 mètre dans l’Hexagone.
Les salles du Pas-de-Calais accueillent de nombreux Lillois
Mais il n’y a pas qu’à la frontière belge que les Lillois se replient. Si la métropole lilloise est en zone rouge renforcée, ce n’est pas le cas des autres arrondissements du Nord et encore moins du département voisin du Pas-de-Calais. Là-bas, les salles de sport sont toujours ouvertes. Mais l’afflux de Lillois commence à poser problème.
Exemple à Carvin, située à une vingtaine de kilomètres de la capitale des Flandres. Habituée des lieux, Justine, une Carvinoise de 22 ans, ne met plus les pieds dans sa salle depuis une semaine « Il y a trop de monde. D’habitude, je réserve mon créneau un quart d’heure plus tôt. Mais depuis dix jours, c’est impossible. La salle est blindée au point que ça devient très moyen pour respecter les gestes barrière », raconte l’étudiante.
Une surfréquentation qui commence à poser problème
Une surfréquentation qui ne fait que déplacer le problème selon Giovanni Cubeddu, qui gère la salle Soleil Fitness à Carvin. « C’est une belle connerie de l’Etat. On ferme les salles dans le Nord et les gens viennent s’entraîner dans le Pas-de-Calais. Dans certains endroits, on se retrouve avec des salles surpeuplées. Les gens sont les uns sur les autres. Enlever d’un côté pour rebasculer de l’autre, ça ne sert à rien. Ce n’était vraiment pas une bonne chose de fermer les salles », estime le professionnel.
Si autour de la métropole, certains se frottent les mains de cet afflux, à Lille les gérants de salle de sport commencent à mettre la clé sous la porte. Déjà fermées plus de deux mois pendant le confinement, cette nouvelle interdiction a des airs de coups de grâce pour certains.
Des salles lilloises commencent à déposer le bilan
Au 22 rue Solferino, dans le centre-ville de Lille, Marie-Ange Delomez tenait la salle Fitness 222 depuis 38 ans. Une petite structure qui attirait à l’année une grosse centaine d’habitués. Mais le Covid a tout cassé. « Cette maladie n’est pas réglée du tout. Début septembre, j’ai dit à ma clientèle que je ne reprenais pas d’abonnements annuels car je ne savais pas de quoi l’avenir allait être fait. Je ne peux pas vivre comme ça. Du coup, je dépose le bilan. C’est malheureux mais j’arrête. Je ne sais pas ce que je vais faire désormais. J’angoisse », s’inquiète la gérante.
Comme Marie-Ange, ils pourraient être nombreux dans la métropole à ne pas se relever de cette fermeture des salles de sport. Si celle-ci est maintenue dans les prochaines semaines, les victimes pourraient bien être plus nombreuses que les bénéficiaires.