Coronavirus à Lille : Vers un retour à l’enseignement à distance à l’université ?
EPIDEMIE•La question d’assurer les enseignements aux étudiants tout en réduisant de moitié l’accueil en présentiel pose questionMikaël Libert
Enseigner c’est anticiper. A partir de mardi, les établissements d’enseignement supérieur devront adapter leurs jauges d’accueil des étudiants aux nouvelles mesures pour lutter contre le rebond de l’épidémie de coronavirus. Ainsi, dans les territoires situés en zones d’alerte renforcée et maximale, dont la métropole lilloise, le nombre d’étudiants ne devra pas dépasser 50 % de la capacité des salles ou des amphithéâtres. De la théorie qui pourrait s’avérer compliquée à mettre en pratique selon plusieurs syndicats d’enseignants.
« Dès la fin du confinement, on s’attendait à une deuxième vague. C’est à ce moment qu’il aurait fallu anticiper et mettre des moyens pour ne pas se retrouver dépassés aujourd’hui », explique à 20 Minutes un enseignant-chercheur en sciences politiques à Lille et membre de Sud éducation. Dans son protocole sanitaire, publié en amont de la rentrée, l’université de Lille avait déjà prévu de limiter à 50 % la capacité des amphithéâtres. Il n’en était pas de même pour les enseignements en salles qui pouvaient se dérouler en effectifs pleins, voire en sureffectif. « Les salles sont pleines et l’on peut se poser la question de la contagiosité, même avec les masques et même en aérant », poursuit l’enseignant. Cette problématique avait d’ailleurs déjà été soulevée par le syndicat CGT concernant le campus de la Cité scientifique.
L’enseignement à distance, solution et problème
Certes, l’université de Lille a déployé des moyens techniques pour assurer des cours à distance, ou enregistrer les cours que les étudiants peuvent suivre en direct ou en différé via une plateforme en ligne. « Tous les enseignants n’ont pas été formés à l’utilisation de ce matériel et, de toute façon, cela n’a rien à voir avec de l’enseignement en présentiel », déplore Jamal El Khattabi, professeur de génie civil à la Cité scientifique et membre de la CGT. « Pour nous, ce n’est pas possible de rester concentré pendant des heures à regarder des cours en vidéo », poursuit l’enseignant en sciences poltiques.
Pourtant, aucun d’eux ne voit d’autre solution pour appliquer dans l’urgence les nouvelles mesures de réduction des effectifs. « Nous avions demandé des moyens pour augmenter le nombre d’enseignant et ainsi réduire la taille des groupes en salle. Nous n’avons pas été entendus. Ce manque d’anticipation révèle les faiblesses structurelles de l’enseignement supérieur comme ce fut le cas pour l’hôpital », remarque le syndicaliste de Sud.
Une organisation qui reste donc à définir
Du coup, tous imaginent bien un retour à l’enseignement à distance faute de mieux. Une solution qui, étrangement, n’était pas du goût de la justice, du moins jusqu’à vendredi. Le tribunal administratif de Lille avait, en effet, rejeté le référé liberté déposé par un étudiant de la faculté de droit qui réclamait davantage d’heures d’enseignement à distance pour, justement, limiter le nombre d’élèves dans les salles.
Néanmoins, on ignore encore comment l’université et les écoles vont s’organiser. Contactée par 20 Minutes, la direction de l’université de Lille n’a pas souhaité « communiquer aujourd’hui ». De son côté, la rectrice de l’académie de Lille se rendra, mardi, à Sciences Po Lille pour « y observer les mesures » mises en place, sans toutefois les détailler.