CORONAVIRUSLa rue de la soif lilloise survivra-t-elle aux mesures contre le Covid-19 ?

Coronavirus à Lille : La rue de la soif peut-elle ne pas devenir la rue de l’ennui ?

CORONAVIRUSLes bars du quartier Masséna s’organisent pour que la fête continue malgré des fermetures imposées de plus en plus tôt
Mikaël Libert

Mikaël Libert

Quand le malheur des uns… Face au rebond de l’épidémie de coronavirus, la métropole lilloise a été classée, mercredi, dans les zones en alerte renforcée. Un nouveau statut qui engendre la mise en place de mesures drastiques pour tenter d’enrayer la propagation du virus. Parmi ces mesures, il y en a une imposant la fermeture des restaurants et débits de boissons à 22 h maximum et qui entrera en vigueur dès lundi. Dans le quartier festif de Masséna, à Lille, les bars s’organisent pour que la fête continue tandis que les riverains profitent déjà du calme à venir.

La Métropole européenne de Lille (MEL) est considérée comme zone de circulation active du virus depuis deux semaines. Ce classement en zone rouge avait permis au préfet d’imposer un couvre-feu à 0 h 30 aux établissements de nuit. Un moindre mal pour les lieux de vie nocturnes, ces derniers ne perdant « que » 2 h 30 de chiffre d’affaires quotidien, du moins pour ceux ayant obtenu une dérogation jusqu’à 3h du matin. Les établissements sous le statut de boîte de nuit n’ayant de toute façon par rouvert au déconfinement. Mais la fermeture à 22 h, c’est le coup de massue : « Le gros de notre activité, nous le faisons à partir de 21 h habituellement, parce que c’est à cette heure que les étudiants commencent à sortir », déplore Sofiane, le responsable du 22 Club.

Ouverture anticipée et happy hours élargies

Plutôt que de râler dans le vide ou de baisser les bras, les patrons de bars se sont creusé la tête pour trouver des solutions. « En temps normal, nous ouvrons à 13 h. Là, on a décidé de commencer plus tôt, à 11 h, pour tenter de gagner le matin et l’après-midi ce que l’on perd le soir », explique Sofiane. Et il n’est pas le seul à y avoir pensé. Dès le passage de Lille en zone rouge, le Razorback, rue Masséna, avait décidé d’ouvrir à 14 h au lieu de 17 h. « Là il va falloir gratter encore un peu, on pense à ouvrir dès midi », annonce Inès, barmaid. Sauf que les oiseaux de jour ne sont pas ceux de la nuit : « Ça prend doucement mais ce n’est pas facile de changer les habitudes », reconnaît le responsable du 22 Club. « En journée, c’est une clientèle un peu plus âgée qui boit plus de café », ajoute Inès.

Outre l’ouverture avancée, les bars ont par ailleurs élargi l’amplitude de leurs happy hours. Dès 13 h pour le 22 Club, à 15 h pour le Razorback. « C’est vrai que les gens commencent à boire plus tôt alors on fait attention », assure la barmaid. Dans son établissement, le patron réfléchit aussi à faire de la petite restauration pour attirer les étudiants le midi.

En revanche, pour les riverains de la rue Masséna, le coronavirus à « apporté une bouffée d’oxygène » en termes de calme. « C’est beaucoup mieux depuis la fermeture à 0 h 30 et surtout parce que les boîtes sont toujours fermées », insiste Adrien, membre du collectif Masséna-Solférino. « Mais avec la fermeture à 22 h, on entre dans des extrêmes qui ne nous réjouissent pas. L’idée c’est de trouver un équilibre et pas que le quartier soit mort », ajoute-t-il.